Chacun son Tanguy —

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Celui qui rêvait de (ne pas) vivre sa vie, ou le "complexe du Tanguy"

À 28 ans, Tanguy annonce qu’il reste encore un an à la maison, « À moins que vous ne me supportiez plus ? » Rires jaunes des parents. Prix des loyers, chômage, études longues : ils s’incrustent à la maison. Mais quand est-ce qu’ils partent ??

Mon enfant, mon tout petit, reste pour toute la vie

Vous savez, ces phrases que, parent, on dit dans l’effusion du moment ? Ces phrases dont on ne se souvient même pas, 15 minutes après. Mais qui peuvent potentiellement nous rendre la vie plus… compliquée ?!?

« Tu es tellement mignon, si tu veux tu pourras rester à la maison toute ta vie. » ”

Edith Guetz

Aïe. Ça, c’est un bon exemple.

C’est ce que dit Edith, folle d’amour, à son nouveau-né. Une déclaration, spontanée, tendre, intense. Mais qui va ruiner sa vie de couple ! Edith, c’est la maman de Tanguy, dans le film culte du même nom d’Étienne Chatiliez, sorti en 2001.

Un film qui aura accompagné des générations de parents, tiraillés entre l’envie de protéger leur enfant et de le garder à la maison le plus longtemps possible – parce qu’on aime le savoir à la maison, lui faire des bons petits plats, regarde, il est tout maigre ! Et puis, les loyers sont tellement chers, alors qu’ici, il y a plein de place – et l’envie toute aussi irrépressible, de le mettre à la porte à grands coups de pieds dans le derrière, parce que là ça va bien, quand même, qu’il se débrouille, à la fin !

Mais comment, mon Tanguy, tu es encore ici ?!? 

Ce film représente toute la dualité que nous, parents, nous ressentons. Protéger son enfant et le garder pour soi, le pluuuus longtemps possible, comme s’il ne devait jamais grandir. Mais aussi le rendre autonome pour qu’il vive sa vie d’adulte.

… Et nous la nôtre !! Après avoir passé l’épreuve des couches, des devoirs, avoir hurlé « Range ta chambre ! » plus de 8.000 fois (de 7 à 28 ans, une fois par jour : allez-y, comptez !), l’angoisse du petit copain plein de boutons, du premier scooter, les sorties tard, les rentrées beaucoup plus tard, les repas où « Mais euh, attends, je suis carrément végétarienne » qui succèdent aux repas composés uniquement de burgers-frites parce que « Nan, mais c’est trooop bon, quoi ».
On l’a mérité, de profiter du calme, voire de notre retraite, non ? 

Zut ! Zut et zut ! Où est-ce qu’on s’est planté ?

Flash-back : « Tu es tellement mignon, si tu veux tu pourras rester à la maison toute ta vie. » Aïe.

Mon grand, tu m’ennuies, faut que tu fasses ta propre vie

« Après tout, je ne suis pas à 1 an près ! » annonce Tanguy, le plus simplement du monde, à ses parents, quand il décide de reculer sa thèse, donc son départ de la maison.

Sauf qu’il a déjà 28 ans. On les aime, qu’on soit d’accord ! Mais quand à 28 ans, on trouve encore leurs chaussettes sales à côté du panier de linge, comme dirait Paul, le papa « Tu vas arrêter de nous faire chier avec tes conneries ! » La grand-mère l’avait prédit : "le Pékinois", le petit surnom moqueur qu’elle donne à Tanguy, resterait longtemps chez ses parents.

La pauvre Edith en a des reflux gastriques, de savoir que son gamin, qu’elle rêve de voir quitter le nid, refuse absolument de prendre un appart seul, triste, comparé à ce qu’il considère comme « son bonheur de tous les jours » auprès de ses deux parents.

Je me suis donc inspiré de leurs rêves bizarres et de toutes leurs petits complots pour vous proposer une liste de trucs à tester pour que Tanguy débarrasse enfin le plancher. Idéalement, sans qu’il vous intente un procès (article 203 du Code Civil…).

Affiche du film Tanguy - à 28 ans, il habite toujours chez ses parents

Comment se débarrasser de son Tanguy, sans risquer la prison ?

Non mais, ça va pas la tête ? 

On les aime nos Tanguy. Au moins autant que ce qu’ils nous rendent fou. Nous parents, on est là pour les border, pour les cajoler, pour leur donner plus de temps pour prendre leur envol.

Alors, les jours où on a envie d’intimité et de calme avec Monsieur, on attend encore quelques années. Et on revoie le film Tanguy pour se donner des idées…

Une étude INSEE précise que 46% des jeunes de 18 à 29 ans habitent chez leurs parents tout ou une partie de l’année. Mais à la différence de ce film, ce n’est pas toujours un choix…
Crise oblige, le vôtre fait partie de ces Tanguy qui restent à la maison parce qu’ils ne trouvent pas de job qui lui plaise ? Ou de ceux qui ne cherchent même pas de logement (de toutes façons, c’est trop cher), et qui, en plus, vous demandent de l’argent de poche ?

 

En même temps, si votre Tanguy n’a pas envie de partir, c’est qu’il est bien, et qu’il est chez les meilleurs parents du monde, non ? ?

 

Rédigé par : Mme. GUETZ , parent de Tanguy !