Santé au travail

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Les TMS, quels coûts pour l’employeur ?

Les TMS sont un enjeu majeur de santé mais sont également une source de coûts importants. Établir un lien entre la prévention des TMS et les enjeux économiques de l’entreprise permet d’apporter à l’ensemble des acteurs des leviers d’actions supplémentaires pour améliorer la santé des salariés et la santé de l’entreprise.
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Selon une étude réalisée par l’Assurance Maladie, les troubles musculo-squelettiques (TMS) représentent le premier poste de dépenses liées aux maladies professionnelles en France.

Les répercussions sont importantes pour les salariés : douleurs, gêne physique, diminution de la mobilité et de la force musculaire ou encore fatigue accrue. Les TMS pouvant entraîner des absences prolongées au sein de l’entreprise, leurs conséquences pèsent aussi sur les employeurs.

L’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail (Anact) répartit les coûts des TMS en trois familles : les coûts directs, les coûts indirects, aussi appelés « coûts de régulation » et les coûts stratégiques.

Des coûts directs liés aux TMS et à leur gestion

Pour les entreprises, ces coûts sont les plus faciles à calculer. Ils sont principalement déterminés par les coûts salariaux, qui incluent :

  • Les délais de carence ;
  • Les indemnités versées aux salariés en arrêt maladie payées par l'employeur ;
  • Les cotisations d'accidents du travail (AT) et de maladies professionnelles (MP) versées à l'Assurance Maladie ;
  • Le temps passé à gérer les dossiers ;
  • Les frais de recherche et d'aménagement des postes de travail pour les personnes affectées.

Les coûts directs dépendent de la durée des arrêts maladie et de la politique de maintien du salaire de l'entreprise. 

La CPAM fournit les exemples suivants de coûts moyens pour une entreprise liés à des TMS spécifiques : 

  • Canal carpien (le plus répandu) : 12 780 euros et un arrêt de 151 jours ;
  • Épaule : 17 000 euros et un arrêt de 220 jours ;
  • Tendinite de la coiffe des rotateurs : 52 759 euros et un arrêt de 298 jours ;
  • Épicondylite : 18 220 euros et un arrêt de 195 jours.

Des coûts indirects, imputables aux dysfonctionnements liés aux TMS

Les TMS ont également un effet considérable sur la performance de l'entreprise. En effet les absences peuvent entraîner certains dysfonctionnements comme : une diminution de la productivité et de la qualité, une désorganisation des équipes, une atmosphère de travail dégradée, une image négative de l'entreprise, des difficultés de recrutement, des inaptitudes au travail, ainsi que la nécessité d'adapter les postes de travail. 

D'après l'Anact, les coûts indirects liés aux TMS sont deux à sept fois supérieurs aux coûts directs. Les principaux coûts liés à l'absentéisme sont :

  • Les coûts de remplacement : heures supplémentaires, remplacement des absents, formation du remplaçant, coût d'intégration du remplaçant en phase d'acquisition d'expérience, sureffectif naturel pour faire face à l'absentéisme;
  • Les coûts de gestion : gestion administrative de l'absence, gestion du remplacement;
  • Les coûts de protection sociale : couverture complémentaire prévoyance;
  • Les coûts liés aux dysfonctionnements organisationnels : interruption de l'activité, baisse qualitative et quantitative de production;
  • Les coûts en termes d'image : insatisfaction des clients suite à une perte de qualité, retard dans les livraisons, etc;
  • Les coûts sociaux : détérioration du climat social, augmentation de la charge de travail pour les salariés présents, risque accru d'accidents.

Des coûts stratégiques, hautement impactants mais difficilement mesurables

Les TMS ont un impact sur la capacité d'une entreprise à maintenir une position concurrentielle en mobilisant ses ressources. Les coûts stratégiques liés aux TMS ne sont pas seulement une évaluation comptable, ils reflètent les limites principales que ces troubles imposent à l'entreprise. 

Les limites de capacité peuvent prendre diverses formes telles que des restrictions de production entraînant des délais de fabrication plus longs, des problèmes sociaux tels qu'une baisse d'implication, des risques de conflits ou d'épuisement des salariés, des impacts économiques tels que des hausses de prix et une baisse de compétitivité, ainsi que des conséquences éthiques telles que la perte d'attractivité et la détérioration de l'image de l'entreprise.

Elles doivent être qualifiées par la direction, le management et les représentants du personnel de chaque entreprise.

Tous ces coûts directs, indirects et stratégiques ont donc un impact significatif qui pèse sur la performance globale des entreprises. Face à ces enjeux, il devient primordial de mettre en place des politiques de prévention et de gestion des TMS et de les appliquer concrètement auprès des collaborateurs, que cela soit par exemple à travers des actions de sensibilisation ou de formation.