Santé au travail

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Lutte contre la désinsertion professionnelle : quels outils ?

La désertion professionnelle est un phénomène croissant dans le monde du travail et au cœur des préoccupations de nombreux acteurs de la prévention depuis quelques années. En effet, des problèmes de santé individuelle (accident, maladie chronique, handicap…), de santé au travail (usure, maladies professionnelles) et/ou de compétences (inadaptées, sans mise à jour) amènent parfois à de longs arrêts de travail qui rendent beaucoup plus complexe la reprise de l’activité, d’autant plus si l’accompagnement n’est pas adéquat.
deux hommes d'affaires se serrent la main

Quelles en sont les conséquences ? 

Les travailleurs se désengagent alors progressivement de leur activité, perdent leur motivation, s'investissent de moins en moins dans leurs responsabilités professionnelles, et pour certains ne peuvent plus reprendre leur activité dans leur entreprise ou à leur poste.
Les symptômes physiques ne sont désormais plus les seuls incriminés, puisque de nombreux arrêts-maladies longs sont aujourd’hui dus à des situations de stress ou de burn-out. Le harcèlement et la dépression génèrent également de longs arrêts et une incapacité de reprise sans une préparation adéquate. Heureusement, il existe plusieurs outils et stratégies pour prévenir la désinsertion professionnelle et favoriser le maintien dans l’emploi.  

Au quotidien : l’analyse des risques psychosociaux

Le stress, le surmenage ou le manque de soutien social sont un terreau propice pour favoriser la désinsertion professionnelle. 

L’identification et l’évaluation des risques psychosociaux jouent un rôle central dans la lutte contre cette dernière. En réalisant des enquêtes et des évaluations régulières, des données précieuses peuvent être étudiées pour déterminer les risques les plus présents et ainsi mettre en place des actions préventives ciblées pour réduire les risques psychosociaux et promouvoir un environnement de travail sain. 

Une démarche collective de QVCT (qualité de vie et des conditions de travail) peut permettre aux entreprises de s’appuyer sur des principes méthodologiques clairs et surtout qui se base sur les enseignements du terrain. Il est également important de relever et détecter les personnes sujettes au risque de désinsertion professionnelle (arrêt de travail prolongé, situation de précarité ou de fragilité) afin de les aider à accéder aux différents dispositifs d’aide au retour à l’emploi déjà existants, sous réserve d’un avis médical favorable lors de la visite de pré reprise.

Sensibilisation et formation

Tous les travailleurs sont potentiellement exposés à la désinsertion professionnelle, les métiers manuels, industriels, et les activités répétitives font partie des facteurs de risque, mais personne n’est à l’abri d’un accident ! 

Des séances de sensibilisation sur les conséquences de la désinsertion et les facteurs de risque associés sont essentielles pour repérer les premiers signes, pour les autres mais aussi pour soi. Des réunions collectives ou du codéveloppement sur le bien-être au travail, la gestion du stress, la résolution des conflits et les compétences en communication peuvent aider les travailleurs à faire face à des situations professionnelles complexes mais aussi à renforcer les liens au sein des équipes.   

Une autre raison de la désinsertion professionnelle est le manque de perspectives d'évolution et de développement au sein des organisations. 

Ainsi, pour permettre une actualisation et un développement régulier des compétences, investir dans la formation continue peut être une solution pérenne pour les organisations, en identifiant les besoins spécifiques de leurs employés et en adaptant les programmes qui leur sont proposés. Par exemple, le bilan de compétences est un outil central pour faire le point sur les compétences et les envies propres d’un bénéficiaire en vue d’une réorientation professionnelle.

Communication et transparence

L’information mais aussi la concertation des employés concernant les décisions et les changements en œuvre au sein d’une entreprise sont les éléments clés d’une communication efficace et transparente afin de combattre la désinsertion professionnelle et renforcer le sentiment d’appartenance, d’autant plus pour les collaborateurs éloignés ou arrêtés.  

Il est crucial d'établir un climat de confiance où les employés se sentent à l'aise pour exprimer leurs préoccupations et leurs difficultés. Pour favoriser une communication plus ouverte à ce sujet, des temps d’échanges collectifs comme individuels sont à mettre en place au sein des équipes, tels que des sessions de feedback, ou des journées d’équipes, plus informelles.

L’écoute étant ici primordiale pour une bonne prévention, les managers sont des acteurs clés pour : 

  • identifier les sources de désengagement de leurs collaborateurs, 
  • fournir des retours réguliers, 
  • clarifier les attentes et mettre en place des mesures correctives adaptées sur le terrain. 

La reconnaissance est également un levier d’action pour motiver les salariés et pourra se faire sous la forme de récompenses financières, de promotions, de reconnaissance publique ou même de simples mots de remerciement. Si l’écoute et le soutien des collègues de travail sont importants pour le maintien ou la reprise d’une activité, d’autres acteurs internes (CSE, référent prévention) ou externes à l’entreprise (CPAM, médecine du travail) peuvent également être conseillés afin d’aider les personnes en difficulté.

Conserver un équilibre entre la vie personnelle et la vie professionnelle

Si des dispositifs comme le télétravail sont de plus en plus promus depuis la crise sanitaire, ces derniers ont plusieurs avantages à condition d’être correctement mis en place. En effet, la promotion de ce mode de travail mais aussi la mise en place de politiques de congés adaptés, favorisent indéniablement une certaine flexibilité entre travail et vie personnelle, ce qui laisse de l’autonomie pour que les collaborateurs s’organisent selon leurs contraintes (repos, soin, aide des proches). 

Conjointement aux outils évoqués précédemment, cela aide les employés à se sentir soutenus et à maintenir une motivation élevée dans leur travail. Cependant, il sera essentiel de fournir du matériel de travail adapté (deuxième écran, chaise de bureau) et vérifier que les conditions sur place permettent à l’employé de travailler dans un lieu calme et isolé, propice à la concentration. 

Le téléphone mais aussi les outils de visioconférence ainsi qu’un réseau social d’entreprise permettent de maintenir le lien du collaborateur avec son entreprise et de rester informé tout en ne se trouvant pas sur place. 

Pour éviter toute dérive, notamment l’effet du blurring (effacement des frontières entre vie personnelle et professionnelle) que peuvent déclencher ces nouveaux modes de vie connectés, il sera primordial d’insister sur l’importance du droit à la déconnexion des collaborateurs, d’encourager des pauses régulières mais aussi d’aider les personnes concernées à cadrer leurs horaires de travail.  

Pour résumer

La désinsertion professionnelle peut avoir des répercussions importantes sur la santé des collaborateurs mais aussi celle des organisations, tant en termes de productivité que de sécurité au travail

Cependant, en menant des analyses de risques régulières et en promouvant une culture du bien-être en entreprise, en sensibilisant et formant les travailleurs sur le sujet, en favorisant une communication ouverte et transparente mais aussi en veillant à un bon équilibre des temps de vie, ce phénomène peut être contrebalancé au profit de la promotion d’un environnement de travail adapté et motivant pour les travailleurs, notamment dans le cas d’une reprise d’activité.   

Cette approche est proactive pour tous, puisqu’en mettant en avant une culture de travail sensible au bien-être des collaborateurs, on favorisera ainsi une augmentation de la satisfaction au travail, de la rétention des talents et de la productivité à plus long terme.
 

Rédigé par : Anaïs QUERREC Psychologue du travail & Consultante au sein du cabinet SEMAFOR