L’endométriose un mal qui cristallise les inégalités en santé entre les femmes et les hommes et notamment au travail

7 ans, c’est en moyenne, le temps que doit attendre une femme atteinte d’endométriose avant d’être diagnostiquée. 7 ans d’errance thérapeutique durant lesquels les douleurs liées à la maladie auront impacté sa vie personnelle et professionnelle.

Tribune
Paris, le 24 mai 2023

Si l’endométriose et ses impacts sont de plus en plus reconnus, au point d’avoir conduit au lancement d’une stratégie nationale de lutte contre cette pathologie en 2020, dans les faits, son évocation et celle des maladies gynécologiques, notamment dans la sphère professionnelle, reste taboue. Pourtant, il est important de faire avancer les mentalités sur le rapport des femmes à la santé mais aussi le rapport du monde de la santé aux femmes. Cela passe notamment par une meilleure sensibilisation de tous les publics sur les difficultés et réalités concrètes liées à la maladie : les femmes comme les hommes, l’entourage immédiat, les praticiens mais aussi les employeurs des femmes qui en souffrent.

Cette mise sous silence emporte des conséquences importantes, notamment au travail. Possible frein et facteur d’exclusion supplémentaire dans la carrière des femmes, cela montre la nécessité de faire évoluer notre société sur les enjeux de santé au féminin au travail.

Les inégalités femmes-hommes s’illustrent dans de nombreux domaines, mais le milieu professionnel les exacerbe. En France, les hommes sont rémunérés en moyenne 28,5 % de plus que les femmes. C’est dans ce milieu professionnel déjà inégalitaire que l’endométriose vient mettre à mal le quotidien des femmes concernées.

Pourtant, l’endométriose n’est pas qu’un problème de femmes, c’est un problème de société qui doit tous nous mobiliser. 1 femme sur 10 est touchée en France, soit entre 2 et 2,5 millions de femmes. Frère, partenaire, collègue, manager … ce sont aussi aux hommes de s’engager pour faire bouger les lignes.

La problématique de l’endométriose nécessite ainsi une action conjointe de toutes les différentes parties prenantes. Les mutuelles peuvent être ce trait d’union entre les femmes, le monde de la santé et le monde de l’entreprise. Aujourd’hui, elles se sont emparées du sujet. Nous nous engageons auprès de nos entreprises adhérentes pour sensibiliser sur le quotidien des femmes qui souffrent d’endométriose et proposer des solutions d’aménagement sur le lieu de travail, nous accompagnons nos adhérentes en amont du diagnostic, avec la possibilité de disposer de deuxièmes avis médicaux, puis dans la prise en charge et l’accès à des professionnels de santé en complément du suivi régulier. Dans le cadre de leurs engagements sociétaux, les mutuelles s’engagent aux côtés des associations de patientes et des spécialistes pour contribuer à mettre en lumière cette maladie car, pour cette pathologie qui ne se traite pas encore, c’est bien la sensibilisation et la prise en compte de la souffrance des femmes qui font la différence.

Nous pouvons faire plus. Il est ainsi impératif de se réunir, aux côtés des pouvoirs publics, et de trouver des solutions concrètes et pérennes pour soulager le quotidien des femmes atteintes d’endométriose, dès maintenant, afin d’apporter une meilleure visibilité sur ce que vivent et subissent ces femmes, leur offrir le meilleur accompagnement possible et améliorer leur qualité de vie.

Patrick Brothier, Président d’AÉSIO mutuelle et Vice-Président d’Aéma Groupe