Égalité filles-garçons : et si tout commençait à la récré ?

Entre deux classes, la cour de récréation n’est pas qu’un lieu de détente et de jeu. On y apprend bien sûr à jouer aux billes. On s’y pourchasse lors d’une partie de chat perché. On s’y fait des passes de ballon. Mais c’est aussi le terrain d’un tout autre apprentissage : celui des premières inégalités entre filles et garçons. À commencer par la façon dont chacun s’approprie l’espace, comme en témoigne la Consultation nationale des 6-18 ans de 2024 de l’Unicef France.
« L’espace de la cour de récréation n’est pas perçu comme également réparti entre filles et garçons, les filles se sentant souvent reléguées en périphérie, voire exclues, en raison de l’accaparement des espaces centraux par les garçons et les activités considérées comme masculines (notamment, le football) », souligne le rapport de cette consultation.
En d’autres termes, la cour de récréation reproduit des stéréotypes. Les filles, souvent incitées à cultiver une personnalité calme et discrète, ont tendance à rester à l’écart, sur les côtés, en petits groupes. Les garçons, encouragés à se dépenser physiquement, à jouer collectivement et à prendre des risques, n’hésitent pas à investir le centre de la cour. Et laissent, de fait, peu d’occasions aux filles d’occuper plus d’espace.
Créer des lieux d’expression et de construction
La cour de récréation est donc divisée en « coins calmes » et « coins dynamiques », comme les désigne Nicole Abar, ancienne footballeuse de haut niveau et militante pour l’égalité. Celle-ci a d’ailleurs fondé le programme « Les ABCD de l’égalité », en lien avec les ministères des droits des femmes et de l’Éducation nationale.
Avec ce programme, elle œuvre pour une égalité réelle entre les filles et les garçons, notamment à travers les pratiques sportives et l’aménagement des espaces scolaires. Sans surprise, donc, elle plaide pour faire bouger les lignes dans les cours de récréation.
« Il faut repenser ces espaces pour que chacune et chacun puisse y trouver un lieu d’expression fondamental pour la construction de la personnalité, pour générer plus d’estime de soi et de confiance en soi », défend-elle. Mais comment ?
Nicole en est convaincue, redonner de la place aux filles dans les cours de récréation passe par des « compromis ». L’idée n’est donc pas de « favoriser les “coins calmes“ au détriment des “coins dynamiques” ». Au contraire, il est essentiel pour elle de « conserver les espaces dynamiques existants pour courir, sauter, se challenger physiquement ».

Accompagner le changement
Ensuite, tout l’enjeu est d’ « amener progressivement les filles à entrer dans ces espaces, qui leur paraissent violents, car elles n’ont pas expérimenté ou ont oublié ce plaisir de les traverser en courant ».
En parallèle, un travail doit être mené avec les filles comme les garçons pour déconstruire les stéréotypes de genre. C’est la condition indispensable, soutient Nicole Abar, pour que les garçons « puissent accueillir cette évolution avec bienveillance ».
Les solutions ne sont donc pas à chercher uniquement dans l’espace physique. Pour rétablir l’égalité entre filles et garçons dans les cours de récréation, il est tout aussi important de former et de sensibiliser le corps enseignant. L’objectif est de donner des clés pour déconstruire les stéréotypes dès la maternelle et pour intégrer des pratiques pédagogiques plus égalitaires.
Il peut s’agir, par exemple, de proposer des activités sportives mixtes, qui s’appuient sur la coopération plutôt que la compétition. Ou encore de consulter les enfants pour réaménager les espaces en tenant compte de leurs envies, besoins et attentes.
Des initiatives inspirantes
Partout en France, des initiatives se développent dans les établissements scolaires pour créer des cours de récré plus inclusives et égalitaires. C’est le cas, notamment, de l’École Jean Jaurès à Villeurbanne, où le terrain de football qui trônait au centre de la cour a été supprimé. L’espace a été végétalisé, et il accueille désormais des cercles de discussion et des jeux de société géants peints au sol.
À Toulouse, l’École Lucie Aubrac a lancé un projet d’aménagement temporaire de sa cour, qui a donné la parole aux enfants. Les filles ont pu ainsi exprimer leur envie d’avoir des coins tranquilles, mais aussi de pouvoir jouer à des jeux dynamiques, sans qu’ils ne soient dominés par les garçons. Des « zones mixtes » ont alors été créées, avec des règles coconstruites.
Enfin, à Paris, le programme « Cours Oasis » a permis à plusieurs écoles de végétaliser leurs cours et d’y intégrer des jeux diversifiés. L’objectif de ces aménagements est de casser l’idée d’un espace unique dédié au sport. Mais surtout, de faire la place à la mixité, l’inclusion et au bien-être.
À chaque fois, ces expériences ont montré des résultats très encourageants, avec à la clé, moins de conflits, plus de mixité dans les jeux et une occupation plus équitable de l’espace. La preuve, donc, qu’en changeant la cour de récré, on change bien plus qu’un lieu : on ouvre les possibles pour l’égalité entre les garçons et les filles.
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L’égalité, une opportunité pour la santé
Mais ce qui se joue dans les cours d’écoles cache aussi un enjeu plus large. « Au-delà de l’épanouissement de personnalités féminines et masculines puissantes, notre société est de plus en plus confrontée aux conséquences de la sédentarité », rappelle Nicole Abar.
Promouvoir l’égalité filles-garçons en permettant à chacun et chacun d’investir physiquement l’espace, c’est aussi « une formidable opportunité d’évolution sociétale, et un investissement pour la santé », explique l’ancienne footballeuse. Et ce, à tout âge, même après avoir quitté les bancs de l’école.
Ce que confirme Nicole Abar : « Développer le goût de la motricité, de l’activité physique dès le plus jeune âge est un investissement dans notre capital santé, qu’il faut entretenir et préserver tout au long de sa vie, et en plus c’est une source de plaisir ! »
Repenser les cours de récréation, c’est donc aussi, par extension, préparer les adultes de demain à prendre soin d’eux, dans leur corps comme dans leur tête.
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