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Au secours mon médecin est un robot

C’est dans les années 1950 qu’apparaît la première fois la notion d’« intelligence artificielle ». Aujourd’hui, des algorithmes qui charrient des milliards de données s’invitent dans nos consultations médicales, testent l’efficacité des traitements et anticipent même des maladies. L’IA est-elle en passe de révolutionner la médecine, au point de se substituer aux professionnels de santé ? Allons-nous vraiment parler demain à des robots-médecins ? Le fantasme est loin d’être récent, mais pour autant, il n’est pas encore à l’ordre du jour. En revanche, l’IA a bien de sérieux atouts pour améliorer la pratique médicale et le parcours de soins. Et elle en apporte déjà la preuve.

Pourquoi l’IA au service de la médecine ? 

En médecine, l’IA permet notamment :  

  • d’identifier des risques de maladies et leur évolution (médecine prédictive) ;

  • d’orienter ou d’affiner les diagnostics (aide à la décision) ;

  • de proposer des recommandations de traitement personnalisé (médecine de précision) ;

  • d’assister les professionnels lors d’actes chirurgicaux complexes (chirurgie assistée par ordinateur) ;

  • d’aider les professionnels de santé et certains patients dans leur vie de tous les jours (robots et assistants) ;

  • de prévenir des épidémies (prévention).

Grâce à leurs qualités humaines et leurs expériences inégalables, les professionnels de santé peuvent s’appuyer sur les technologies développées par l’intelligence artificielle. Mais trois conditions doivent être respectées pour que l’IA soit une réelle chance pour le patient, et non un danger :  

  • La qualité des données : pour garantir l’efficacité et la performance de l’IA en médecine, les données qu’elle exploite doivent être claires, bien annotées, mais aussi représentatives du problème posé et des individus concernés. Sans cela, l’analyse sera moins fiable.  

  • La transparence des calculs : les professionnels de santé doivent être en mesure de comprendre quels données et raisonnements ont mené à tel diagnostic ou telle prédiction de l’IA.

  • Un cadre réglementaire et éthique clair : l’objectif est notamment de garantir la protection des données personnelles et leur utilisation à bon escient, mais aussi d’assurer l’autonomie du médecin « face à la machine ». 

L’AI Act, une avancée pour l’encadrement de l’IA dans la santé

Entré en vigueur le 1er août 2024, la législation européenne sur l’IA, ou « AI Act », classe « à haut risque » plusieurs applications de l’intelligence artificielle dans le secteur de la santé.  

En conséquence, les systèmes d’IA utilisés sont soumis à des exigences strictes en matière de sécurité, de transparence et de contrôle humain.

Ce cadre réglementaire protège également les droits des patients, notamment pour la protection de leurs données médicales.  

Médecine prédictive et IA : promesses et limites

L’une des applications de l’IA dans le secteur de la santé concerne la médecine prédictive : la capacité d’identifier des risques de maladies avant qu’elles se déclenchent, et de prédire leur évolution. En France, par exemple, des chercheurs ont mis au point un programme d’IA qui permet d’anticiper un arrêt cardiaque dans les heures ou jours qui viennent.  

Autre sujet à l’étude, l’utilisation de « jumeaux numériques » pour tester de nouveaux médicaments et thérapies. Concrètement, il s’agit de modéliser une molécule ou un organe, pour simuler l’effet d’un traitement.  

Des précautions à prendre  

Les recherches actuelles portent également sur l’apport de l’IA dans l’analyse de ce qu’on appelle les scores de risques polygéniques (PRS). Ces scores agrègent des milliers de variations génétiques pour calculer la probabilité d’un individu de développer une maladie (diabète de type 2, Alzheimer…).

Dans ce cadre, les systèmes d’intelligence artificielle pourraient aider à obtenir des scores plus précis. Ils pourraient aussi les ajuster automatiquement en cas de découverte de nouvelles variations ou autres facteurs.  

Mais les scores obtenus restent à interpréter avec précaution. D’une part, parce que les prédictions peuvent être moins précises ou biaisées pour des catégories de populations sous-représentées dans les bases de données. D’autre part, parce que des facteurs clés, comme le tabac, l’alimentation ou la pollution, sont mal intégrés par les algorithmes.  

Les biais de l’IA

L’intelligence artificielle n’est pas exempte de biais. Et pour cause, elle s’entraîne à partir de données humaines. Dans le domaine de la médecine, si les données exploitées ne représentent pas la diversité des patients (sexe, âge, origine…), l’IA peut alors amplifier les inégalités de santé et fausser les prédictions.  

Par exemple, l’algorithme peut détecter un cancer de la peau sur des peaux claires, mais passer à côté des peaux foncées. Ou encore, sous-estimer la douleur des femmes, parce qu’il a été entraîné essentiellement avec des cas de patients masculins.

D’où l’importance de bien choisir et contrôler les données, mais aussi d’assurer une surveillance continue des modèles utilisés. 

Gros plan sur un robot chirurgical prometteur à la Clinique mutualiste

La Clinique mutualiste chirurgicale, implantée dans la Loire, s’est équipée d’un robot chirurgical, grâce, notamment, au soutien financier d’AÉSIO mutuelle. Une technologie à la pointe, avantageuse pour les patients comme les chirurgiens. 

Comment fonctionne le robot Da Vinci SI HD ?

Il s’agit en réalité d’une plateforme chirurgicale robotisée composée de 2 éléments :

-    Un chariot muni :

  • de 4 bras robotisés articulés, interactifs, permettant des mouvements qu’un chirurgien ne peut effectuer
  • d’une caméra 3D haute définition

-    Une console de contrôle, à partir de laquelle pilotent les praticiens. En effet, le robot n’opère pas seul. Ils le pilotent à distance, en utilisant des télémanipulateurs et des caméras.

Dans quel cas le robot Da Vinci est-il utilisé ?

Il est utilisé dans de nombreuses prises en charge chirurgicales comme :
-    Les cancers de la prostate, du rein, de la vessie
-    Des pathologies fonctionnelles : jonction du rein, troubles de la statique pelvienne
-    Le cancer de l’utérus, l’endométriose, les fibromes
-    La chirurgie viscérale (colorectale, hernies), thoracique (résections pulmonaires, masses médiastinales) et bariatrique (problématiques d’obésité)

Quels sont les avantages du robot chirurgical ? 

Pour le chirurgien :

  • Possibilité d’effectuer des mouvements de rotation impossibles à effectuer en coelioscopie classique.
  • Le geste est plus précis et sûr : incisions, sutures…

Pour le patient :

  • Une hospitalisation plus courte
  • Une cicatrisation réduite, voire invisible
  • Une récupération plus rapide, avec des douleurs post-opératoires moins fortes
  • Des risques d’infections moins élevés

Explications en images par AÉSIO mutuelle.

Rédigé par : Dixxit