Cigarette électronique chez les jeunes : quels sont les risques ?
La cigarette électronique, aussi appelée e-cigarette ou vapoteuse, a fait son apparition en 2006 en Chine. Elle fonctionne grâce à une résistance qui chauffe l’e-liquide, avec ou sans nicotine, et le transforme en aérosol destiné à être inhalé. Cette technique reproduit le geste effectué avec une cigarette classique, mais sans fumée ni combustion.
Les « puffs » ont le vent en poupe chez les jeunes
Par sa technologie innovante et ses saveurs de fruits, de bonbon ou de crème glacée, son design attrayant, la cigarette électronique jetable ou « puff » s’est transformée en accessoire de mode pour les adolescents.
Leur utilisation en hausse s’explique essentiellement par leur apparence évoquant une clé USB, des emballages funs, un faible coût et un marketing agressif et accrocheur grâce aux influenceurs.
Présente sur le marché français depuis 2021, la puff est de plus en plus utilisée chez les collégiens et lycéens. Selon l’alliance contre le tabac (ACT), 1 adolescent sur 10 l’a déjà utilisée, soit la même proportion de jeunes ayant déjà fumé une cigarette classique ou électronique, avec une augmentation chez les adolescents ayant des parents fumeurs. Parmi les adolescents utilisant la puff, 28 % d’entre eux se sont initiés à la nicotine avec ce produit et 17 % se sont ensuite tournés vers une autre forme de produit contenant de la nicotine ou du tabac.
Les dangers de la cigarette électronique et ses dérivés
La nicotine contenue dans certaines cigarettes électroniques peut créer une dépendance chez les adolescents, plus rapidement que chez les adultes , altérant ainsi le développement de leur cerveau et affectant la mémoire et la concentration.
À court et à long termes, des effets semblables au tabagisme classique peuvent être constatés : irritation des voies respiratoires due au monoxyde de carbone et les particules fines produites par la fumée, maladies pulmonaires aigües, essoufflement à l’effort, asthme, cancer, maladies cardiovasculaires, etc. On remarque aussi des brûlures et blessures liées à l’utilisation de la vapoteuse. Un impact néfaste sur le sommeil et sur l’appétit sont également possibles, ainsi que sur l’anxiété.
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Écouter et accompagner les plus jeunes
Arrêter de fumer ou de vapoter requiert un accompagnement sur le long terme, avec l’aide d’un professionnel de santé. Si vous pensez que votre enfant présente des signes de dépendance, vous pouvez prendre contact avec les services dédiés au sein de son établissement scolaire, son médecin traitant ou les organismes de lutte contre le tabagisme.
Pour prévenir le risque de dépendance, la communication reste la clé : ouvrir le dialogue avec les jeunes permet de comprendre les raisons et les motivations qui peuvent les pousser dans ces comportements à risque, et trouver un accompagnement adapté.
Les études liées à la dangerosité de la cigarette électronique restant limitées à ce jour, elle doit être utilisée avec prudence chez les jeunes.
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Pour en savoir plus sur les risques liés à l’utilisation de la cigarette électronique jetable chez les jeunes, nous avons interrogé deux experts : Yves Martinet, Président du Comité National Contre le Tabagisme (CNCT) et Catherine Delorme, vice-présidente de la Fédération Addiction.
En France, nous avons une bonne réglementation sur les produits du tabac au sens large, plus précisément ceux en rapport avec la nicotine. Le problème est que cette réglementation n’est pas appliquée. Les puffs sont des produits très accessibles, vendus par des buralistes, par des enseignes de distribution, ce qui ne devrait pas être le cas. On ne peut pas vendre en France du tabac et des cigarettes électroniques à des mineurs. ”
Quel est le constat que vous faites sur l’utilisation des cigarettes électroniques jetables chez les jeunes ?
Yves Martinet : Les cigarettes électroniques jetables sont de plus en plus utilisées par les jeunes, en France et en Europe. Ce sont des produits qui existent sur le marché depuis 1 à 2 ans maximum et dont le marketing est extrêmement efficace et ciblé vers les jeunes.
Catherine Delorme : Le risque avec la puff, c'est qu'on ne sait pas exactement ce qu’on ne consomme ni la quantité de nicotine inhalée. Nous constatons également une absence de réglementation sur ce produit. Par exemple, on vous informe que vous avez entre 600 et 2000 bouffées pour l’utilisation d’une puff, mais vous ne savez pas exactement ce que vous consommez. Les plus vulnérables sont les adolescents, qui se retrouvent seuls face aux risques de ces produits.
Y a-t-il un risque pour la santé et/ou de développer un comportement addictif ?
Y M : En plus des arômes présents dans la puff, il y a surtout de la nicotine, qui est une drogue dure. Cette nicotine est présente à des doses parfois très élevées et sous forme de sels, ce qui la rend plus addictive. Les risques pour la santé sont nombreux : on note des conséquences fonctionnelles et morphologiques négatives sur le cerveau, des difficultés d’apprentissage, une augmentation de la fréquence cardiaque et de la pression artérielle. Pour l’environnement, c'est aussi une catastrophe car une fois utilisées, elles sont jetées. Le plastique et le lithium dont elles sont composées est une véritable pollution.
Quelles actions menez-vous pour limiter efficacement l’utilisation de vapoteuses ou puffs ?
Y M : Nous travaillons essentiellement avec le gouvernement pour la construction du programme national de lutte contre le tabagisme (PNCT). Dans ce nouveau programme, nous comptons prendre un maximum de mesures contre ces cigarettes électroniques jetables. Nous avons également interpellé le gouvernement au sujet des puffs en demandant leur interdiction et celle de l'ensemble des arômes présents dans les cigarettes électroniques.
Toutes nos actions sont sur le site du CNCT. Nous décryptons au quotidien l’actualité sur le tabac et son industrie en France sur la page Génération sans tabac.
C D : Nous avons mis en place les consultations jeunes consommateurs, un dispositif qui permet d’échanger avec les adolescents et l’entourage des parents, éducateurs et professeurs, afin de déployer des actions de prévention. Nous accompagnons les plus jeunes à travers des séances d'évaluation personnelle, des moments d’écoute. Par la suite, nous définissons une stratégie adaptée. Le plus important est de continuer à renforcer les politiques de prévention et d'intervention, sans oublier que ce n’est pas parce que les jeunes consomment moins de tabac qu'ils vont mieux !