#AÉSIO se mobilise

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Coronavirus : le confinement, un défi inédit pour les sportifs de haut niveau

Habitués à l’exercice physique quotidien, les sportifs de haut niveau doivent, comme tout le monde, s’adapter aux nouvelles contraintes. Laura CONDON de l’équipe de football de l’AS Saint-Etienne et Julie SOYER de l’équipe de football du Paris FC, sont salariées du Groupe AÉSIO. Elles nous racontent leur confinement. 

  1-  Vous êtes des sportives de haut niveau, comment vivez-vous ce confinement ? Comment conserver une motivation individuellement ? 

  Laura : Je le vis plutôt bien, même si cela commence à devenir long. J’essaie de m’adapter et je garde un rythme régulier grâce à mes différentes activités. Ce qui est le plus dur pour moi, c’est d’avoir des sorties très réduites à l’extérieur étant donné que je suis en appartement mais ce qui me manque le plus c’est surtout le terrain et la compétition. 

C’est vrai que nous sommes habituées à jouer au foot tous les jours donc cela laisse un grand vide mais la santé reste le plus important pendant cette période délicate. 

Pour ma part, j’essaie de garder la motivation en me disant qu’il faut garder un niveau de forme élevé pour être prête lorsque l’on reprendra. Je veux pouvoir être toujours à 100 %. 

  Julie : Je m’adapte à ces conditions un peu spéciales qui limitent un peu l’entretien physique mais je pense qu’au-delà du sport, l’essentiel est surtout d’être en bonne santé donc j’essaie de respecter au mieux les mesures imposées par le gouvernement. 

Je ne suis pas à plaindre puisque je vis ce confinement à la campagne, donc je peux profiter du jardin. C’est très agréable de pouvoir s’aérer le corps et l’esprit. 

Dans le cadre de mon statut de sportive, c’est forcément un peu délicat de maintenir tout le temps un niveau de motivation optimal alors j’essaie simplement de donner le maximum chaque jour. La motivation peut fluctuer un peu, c’est normal, mais j’aime et j’ai besoin de me dépenser donc je dirais que faire du sport me fait le plus grand bien. 

  

2- Avez-vous un programme spécifique à suivre ? Si oui, lequel ? Combien de temps devez-vous consacrer au sport par jour ? 

  Laura : Oui nous avons un programme spécifique, notre préparateur physique nous transmet un programme chaque semaine pour se maintenir en forme avec des exercices de cardio, de musculation, de renforcement et autres. Je dirais qu’on y consacre environ 2h par jour. Nous remplissons aussi des questionnaires quotidiens pour que le staff puisse avoir un suivi de notre état de forme. 

  Julie : Chaque joueuse de mon équipe, au Paris FC, doit suivre quotidiennement de son côté un programme individuel. Les aspects physiques et musculaires travaillés sont différents du jour au lendemain. 

On peut aussi bien faire du vélo, de la course, du renforcement musculaire ou des séances d’entraînement plus ludiques. 
Disons que ça prend en général entre 2 et 3h par jour. 

 

3- Qu’en est-il de votre alimentation, avez-vous également un ‘régime’ à suivre ?  

  Laura : Oui nous essayons d’être vigilantes et notre diététicien nous a transmis un régime à suivre et une liste d’aliments conseillés et déconseillés. Si on a des questions, il est disponible pour y répondre. 

  Julie : Nous n’avons pas de régime particulier à suivre, nous sommes plutôt autonomes pour la plupart. Chacune gère cet aspect mais l’objectif est bien sûr de maintenir une bonne hygiène alimentaire pour ne pas être en surpoids à la fin du confinement. 
Il faut avoir une bonne forme physique pour entamer la reprise collective. 

  

4- Etes-vous en relation régulièrement avec votre club ? votre coach ? Pourquoi est-il nécessaire de garder le contact/ le lien ? 

  Laura : Oui comme je l’ai dit précédemment nous sommes régulièrement en contact avec notre préparateur physique, notre diététicien mais aussi l’ensemble du staff. Nous avons notamment eu récemment une visio avec le coach et la coach adjointe. Nous communiquons aussi chaque semaine sur le groupe WhatsApp. Je pense qu’il est positif et nécessaire de garder un lien car nous avons l’habitude de nous voir tous les jours, il est donc important de continuer à communiquer. 

  Julie : Les contacts avec le staff du club sont fréquents, principalement avec le préparateur physique puisque c’est lui qui est en charge d’établir et de mettre en place notre programme individuel. Nous échangeons beaucoup sur le contenu des séances, les ressentis d’après entraînement, etc. 

Je suis également en contact avec le reste du staff : coach, coach adjoint, kiné, etc mais aussi avec les joueuses…C’est important de maintenir, même à distance, une vie de groupe. Nous avons l’habitude de nous voir tous les jours, ça fait donc un peu bizarre. D’ailleurs chaque semaine, nous pratiquons une séance d’entraînement collective en visio, c’est super sympa de voir tout le monde, même derrière son écran !

5- En plus du confinement, vous êtes confrontées à l’arrêt des compétitions. Quelles vont-être les conséquences selon vous ? 

  Laura : Oui pour la D2 Féminine la décision a été prise de ne pas reprendre le championnat, malheureusement nous ne pourrons pas finir la saison. C’est vrai que nous sommes toutes des compétitrices et le championnat était palpitant nous aurions toutes voulues le finir. Mais la situation est tellement complexe et les conditions sanitaires ne le permettent pas forcément. En ce moment, il y a plus important que le football et on peut tout à fait comprendre cette décision de tout stopper. 

Les conséquences pour nous sont négatives puisqu’au niveau physique, tactique et technique nous avons forcément perdus. Cela a aussi eu des répercussions sur le classement. Dans notre cas on jouait la montée, mais avec cet arrêt de compétition et un match en moins joué, nous risquons de ne pas monter en D1 féminine. L’ASSE a entamé un recours, nous attendons le résultat de cet appel. 

  Julie : Je préfère ne pas trop me poser de questions sur les éventuelles conséquences, je suis simplement impatiente de savoir quelle sera la décision prise. Mais c’est certain que lorsque nous reprendrons le football, ce sera forcément différent, d’un point de vue sanitaire déjà puisque j’imagine que nous devrons respecter pas mal de mesures dans un premier temps. 

  

6- Combien de temps de préparation vous faudra-t-il avant de reprendre la compétition dans les meilleures conditions ? 

  Laura : Comme je l’ai dit précédemment, le championnat ne reprendra pas mais nous allons peut-être si les conditions le permettent et avec des mesures très strictes reprendre le chemin de l’entrainement. 

  Julie : Je ne sais pas exactement ce qui sera décidé mais ça prendra un certain temps. Il est très rare pour ne pas dire « jamais vu » qu’une joueuse de football reste, pendant une période de temps aussi longue, éloignée des terrains sans une certaine charge d’entraînement. 

Même si nous nous entraînons quotidiennement de façon individuelle pour maintenir au mieux notre forme physique, ce n’est pas pareil. Nous avons forcément des pertes au niveau de nos capacités physiques, musculaires, sans compter l’aspect technique avec le ballon, et tous les autres aspects du football. 

A mon sens, il faudra donc un temps de préparation conséquent, un peu comme en début de saison pour préparer correctement les organismes à encaisser de grosses charges de travail qui permettront de retrouver le rythme soutenu de la compétition. Je dirais autour de 5-6 semaines mais pour des conditions « normales » de pratique. 

Les conditions sanitaires chambouleront forcément l’organisation classique et l’agencement des séances d’entraînement. 

Le football est un sport d’opposition avec des contacts… Là encore, il y a une grosse réflexion à avoir pour préserver l’intégrité physique des joueuses. 

  

7- Laura : tu es salariée en alternance, comment s’équilibrent l’école, le travail, le sport ?   

Je poursuis mes cours par visio à distance, je suis en télétravail et je réalise le programme quotidien sportif. Comme c’est le cas dans une période classique, j’essaie de pouvoir articuler les trois en organisant un peu mes journées pour pouvoir m’investir au maximum sur les 3 volets. 

Par exemple, le matin je vais courir avant de commencer le travail ou les cours puis en fin de journée je fais tout ce qui est renforcement ou autre. Finalement mes journées restent assez remplies. La seule différence c’est que rien n’est fait en présentiel mais tout est à distance donc c’est un mode de fonctionnement différent qui a ses avantages et ses inconvénients. 

Il y a une baisse de la fatigue, car je n’ai plus tous les déplacements que je devais faire notamment pour aller à Lyon pour suivre mes cours. Cependant, c’est très spécial de ne plus voir les personnes que l’on a l’habitude de voir au quotidien dans son travail, au foot ou en cours. 

  

8- Julie : tu es salariée, comment organises-tu ta journée de travail et ton sport quotidien ? 

Je suis salariée à temps partiel. 

Grâce au télétravail, je continue donc à remplir mes missions. Ce rythme me permet de pouvoir effectuer mes séances de sport quotidiennes l’après-midi.