Ecrans : quels effets ont-ils sur notre santé ?
Les écrans sont généralement utilisés pour procurer bien-être, liberté et plaisir. Ils nous permettent de gagner du temps, et nous facilitent de nombreuses démarches au quotidien. Pour autant, l’hyperconnexion n’est pas sans conséquence au niveau de la santé.
Aujourd’hui, les Français passent trois fois plus de temps devant un écran ** qu’il y a 30 ans, à savoir presque 8 heures/jour sans compter les heures de loisirs consacrées à la télé, au cinéma, aux jeux vidéo ou à internet. Pour les adolescents, c’est plus de 3 heures sur leur tablette, leur smartphone, ou la TV… Mais, comme le rappelle le psychiatre Serge Tisseron : « ce ne sont pas les écrans qui sont toxiques, c’est leur mauvais usage ».
Des impacts physiques, psychologiques et sociaux
Un mauvais usage, ou un usage excessif des écrans, amène les personnes à se replier sur elles-mêmes et à se couper du réel. Cette désocialisation génère des problèmes psychologiques pouvant conduire à une dépression et à la dégradation de la qualité du sommeil. Mais ce n’est pas le seul risque.
Selon Santé publique France, le principal problème d’un usage abusif des écrans concerne la sédentarité qui découle de cette inactivité (les trois quarts des adolescents passent plus de temps assis, au-delà de sept heures par jour). Chez l’adulte, elle est l’un des facteurs majeurs de risque de mortalité liés aux maladies non transmissibles :
- Hypertension ;
- Obésité ;
- Troubles musculosquelettiques (TMS) ;
- Problèmes de vue ;
- Diabète ;
- Maladies cardiovasculaires ;
- Cancer.
Des conséquences encore plus graves sur nos enfants
Les écrans sont autant de promesses de jeux et de divertissement à portée de main, à tout moment, en tout lieu… Pourtant, plusieurs études *** démontrent clairement une corrélation entre le temps d’exposition aux écrans et les effets néfastes sur le corps et le cerveau de nos jeunes enfants et adolescents. Ils sont à un âge où leur cerveau est en plein développement et ils peuvent manquer d’autocontrôle, de jugement et de maturité quant à une utilisation raisonnable des écrans.
La surexposition a alors de lourdes conséquences au niveau de l’apprentissage des compétences fondamentales : une moindre autonomie, une moindre persévérance et une intégration sociale plus difficile.
Les effets néfastes sur la santé et le bien-être de nos enfants
- Perturbation du sommeil ;
- Surpoids et obésité ;
- Retard de langage ;
- Myopie précoce ;
- Trouble de l’attention ;
- Difficulté de concentration ;
- Dépression et anxiété ;
- Altérations neurologiques.
Vers un vieillissement prématuré du cerveau
Une étude américaine menée à l’aide d’imagerie par résonance magnétique (IRM) auprès de 4 500 enfants de 9 et 10 ans, révèle des « tracés différents » dans les cerveaux des enfants utilisant des smartphones, tablettes et autres consoles vidéo plus de 7 heures par jour. Les images mettent en évidence un amincissement prématuré du cortex, l'écorce cérébrale qui traite les informations envoyées au cerveau par les cinq sens.
Adoptez une « diététique » des écrans en famille
Pour profiter des écrans sans tomber dans l’addiction, il s’agit d’appliquer quelques règles de bon sens qui concernent toute la famille. En tant que parents et utilisateurs d’écrans, il est de votre responsabilité de donner l’exemple en limitant votre temps d’utilisation. Établissez des pratiques raisonnables qui conditionneront le comportement de vos enfants dès leur plus jeune âge :
- Désactiver les notifications pour ne pas être dépendant de votre appareil ;
- Éteindre ou mettre en mode avion votre smartphone pour la nuit ;
- Ne pas vous servir de votre mobile comme montre ou réveil ;
- Retarder le moment de regarder vos notifications le matin ;
- Ne pas accepter les portables à table ;
- Pratiquer une activité physique chaque jour (jeux, sports collectifs…) ;
- S’adonner à des hobbies (bricolage, jardinage…) ;
- Se divertir en famille à l’extérieur (aller au parc, faire des balades…) ;
- Les balises 3-6-9-12+.
Un usage responsable des écrans pour chaque âge
Mises au point par le psychiatre Serge Tisseron, les balises répondent à la nécessité d’un développement numérique responsable. Elles reposent sur un usage des écrans adapté à différentes tranches d’âge :
Pas d’écran pour les tout petits !
À vous de choisir le moment et la durée d’utilisation de la console ou de la tablette, en privilégiant la journée et jamais le soir. La durée maximale ne doit pas excéder 40 minutes par jour.
Démontrez le potentiel de créativité que permettent les outils numériques pour que votre enfant fasse travailler son imaginaire. En dehors de quelques podcasts adaptés à son âge, stimulez sa créativité via, par exemple, l’appareil photo ou la caméra du téléphone. Mais pas plus d’une heure par jour !
Interdire quelque chose à un adolescent est compliqué… Il est préférable d’établir un climat de confiance pour éviter qu’il ne passe trop de temps à jouer en ligne, mais aussi pour l’accompagner sur les réseaux sociaux où les dérives sont nombreuses. Ne l’autorisez pas à garder son écran dans la chambre après le coucher.
Votre enfant a encore besoin de votre attention, même s’il fait tout pour vous faire croire le contraire ! Limitez son temps passé sur les jeux vidéo, pas de téléphone mobile la nuit dans la chambre et ses profils sur les réseaux sociaux doivent être paramétrés en mode privé.
Les 4 pas ou 4 temps sans écrans
Les 4 pas proposés par Sabine Duflo, psychologue clinicienne, s’inspirent des recommandations de l’AAP (American Academy of Pediatry). Ces 4 recommandations permettront à votre enfant de s’approprier les écrans sans en devenir captif.
4 temps sans écrans = 4 pas pour mieux avancer
AÉSIO mutuelle
Complémentaire santé et médecines douces
Des aides existent pour résoudre l'addiction aux écrans : la psychologie, la phytothérapie...
Le droit à la déconnexion
Il a pour but de conserver un équilibre entre votre vie professionnelle et votre vie privée.
Cette démarche de prévention incite à se déconnecter des outils numériques professionnels en dehors des heures de travail afin de réduire les effets néfastes d’une hyperconnexion.
Fort de ces conseils, vous devriez pouvoir gérer au mieux l’utilisation de vos appareils connectés. Pour autant, sachez que l'addiction aux écrans peut être traitée par une psychothérapie comportementale, comme pour les autres addictions reconnues au plan médical.
* Conseil Supérieur de l’Audiovisuel CSA
**CELSALAB
*** Scientific Reports, JAMA Pediatrics, Adolescent Brain Cognitive Development
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Dépendance aux écrans : combattre cette addiction
Aujourd‘hui les écrans ont littéralement envahi notre quotidien et si certains vivent très bien avec, d’autres sont incapables de vivre sans, même pour quelques heures. Comment combattre la dépendance aux écrans ? Nous avons rencontré Aurélien Guihéneuf, spécialiste de la question, pour le savoir.
Rencontre avec Karine de Leusse, Psychothérapeute, spécialiste des dépendances aux écrans
Ne pas hésiter à se faire aider ! Dans mon cabinet, je reçois majoritairement des parents et leurs adolescents âgés de 11 à 17 ans. Ils représentent 70% de mes patients. Ce sont des parents démunis qui ne savent plus comment agir face aux problèmes qui se manifestent à la maison : chute des résultats scolaires, violence verbale, physique et même, parfois, menaces de suicide.
Il est primordial de comprendre la détresse des parents, mais aussi celle de leurs enfants qui sont dans une situation de souffrance.
On va accompagner le jeune en lui apprenant à mieux gérer les écrans, à retrouver du plaisir et non de la dépendance. Ensuite, au-delà de la forme, il faut traiter le fond du problème et savoir pourquoi il en est arrivé là. Parfois, l’addiction aux écrans traduit un problème sous-jacent. Il faut creuser le contexte scolaire, amical et social ou plus souvent familial. Un sentiment de mal-être ou bien un événement tel qu’un divorce, un décès peut être déclencheur. L’enfant se complait dans l’univers des écrans qui est préférable à la réalité. Il faut alors le rassurer et gagner sa confiance en lui expliquant que l’écran n’est pas l’ennemi à abattre mais qu’il va être la clé de la solution. L’écran ne doit plus être son antidépresseur.
C’est tout le travail du psychothérapeute. Je reçois aussi des adultes qui représentent environ 25% de ma clientèle, les 5% restant sont des jeunes enfants. Je rencontre beaucoup de femmes seules qui s’ennuient et souffrent de solitude, ou des couples qui vont mal. Là encore, il faut comprendre les histoires qui se cachent derrière cette addiction aux écrans pour arriver à dénouer le problème.
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