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Intolérance ou allergies alimentaires : quelles différences ?

Picotements dans la bouche, gonflement des muqueuses, urticaire ou troubles intestinaux après la consommation de certains aliments ? Vous soupçonnez une allergie ou une intolérance alimentaire, voire une maladie cœliaque ? Mais comment différencier ces trois réactions ? Et comment vivre avec ? Témoignage de Laure, 27 ans, est atteinte de la maladie de cœliaque, membre de l’Association française des intolérants au gluten (AFDIAG).
aliments allergènes

Une « réaction alimentaire » regroupe les effets indésirables découlant de l’ingestion d’un aliment. Elle provient peut-être d’une allergie ou d’une intolérance alimentaire, celle au gluten pouvant être spécifique. Il importe de faire la distinction car trois mécanismes sont impliqués et les risques pour la santé diffèrent.

L’allergie alimentaire, une réaction anormale du système immunitaire

Cette réaction fait suite à la consommation d’un aliment spécifique alors appelé allergène. Normalement inoffensives, les protéines animales ou végétales contenues dans cet aliment sont considérées comme une menace par l’organisme. Le système immunitaire va alors libérer de manière excessive une substance chimique naturellement présente dans notre organisme, l’histamine, causant divers symptômes inflammatoires. 

Allergie alimentaire, quels symptômes ?

Ces symptômes sont plus ou moins sévères, variables d’une personne à l’autre mais aussi d’un épisode à l’autre chez un même individu : picotements, gonflements, nausées, urticaires, rhinites, eczéma, chute de la pression artérielle, difficultés à respirer, etc. Les réactions peuvent parfois être graves et nécessitent de contacter les urgences

  • gonflement rapide de la peau et des muqueuses au niveau du cou et de la tête (œdème de Quincke),
  • crise d’asthme importante,
  • choc anaphylactique, réaction allergique extrême qui est potentiellement mortelle.


Lors de la première consommation d’un allergène, le système immunitaire fabrique des anticorps sans qu'aucun symptôme n’apparaisse. C’est lors d’ingestions ultérieures que le système immunitaire reconnaîtra cet aliment comme un allergène, déclenchant une réaction allergique. Même une légère trace d’allergène peut provoquer une réaction. 
Une allergie peut être présente chez l’enfant puis disparaître à l’âge adulte et inversement. Le facteur génétique favorise le terrain allergique : si vos parents, grands-parents ont des allergies, vous avez plus de risques d’en développer. 
Les enfants ont une plus grande sensibilité aux allergènes d'origine animale (lait, œufs) mais aussi à l’arachide, aux fruits exotiques, aux fruits à coque et au poisson. Et les adultes sont plus sensibles aux allergènes végétaux (gluten, pomme, poire, prune, pêche, abricot, fraise, kiwi, soja, céleri, aneth, moutarde, sésame, lupin) ainsi qu’aux poissons et fruits de mer. 
 

L’intolérance alimentaire, un dysfonctionnement du système digestif

Elle apparaît lorsque le système digestif n’est pas capable de digérer un aliment ou l’un de ses composants. Cette incapacité résulte d'une déficience du système enzymatique. Les enzymes digestives jouant un rôle majeur dans la bonne dégradation d'un composant ou d'un aliment. Par exemple, l’intolérance au lactose (sucre du lait) provient d'une insuffisance en lactase, enzyme intestinale dégradant ce sucre. Elle provoque souvent un simple inconfort qui peut toutefois être désagréable. Cette intolérance alimentaire est l’une des plus fréquentes. D’autres ont été identifiées : intolérance au sucre de certains fruits (fructose), au sorbitol (édulcorant artificiel) ou aux additifs alimentaires. Il existe aussi l’intolérance à un composé actif comme la caféine ou à l’histamine présente dans les aliments d’origine animale et végétale. Chez certaines personnes, la consommation de l’aliment intoléré en petite quantité ne provoque pas d’inconfort.

L’intolérance au gluten ou maladie cœliaque, une pathologie auto-immune

La maladie cœliaque se manifeste lorsque le système immunitaire réagit à la présence d’un composé ou d’un aliment contenant du gluten. Cette maladie chronique intestinale se manifeste par une réaction auto-immune : en présence de la gliadine, protéine du gluten, le système immunitaire produit des anticorps. Ce type d’intolérance affecte des personnes génétiquement prédisposées. Elle provoque parfois une inflammation et des lésions de la paroi interne de l'intestin. La moindre trace de gluten déclenche cette réaction auto-immune, sans pour autant provoquer de symptômes gênants chez certaines personnes.

Intolérance alimentaire, maladie cœliaque, quels symptômes ?

Les intolérances alimentaires peuvent apparaître ou s’atténuer avec l’âge (cas de l’intolérance au lactose par exemple). Par contre, la maladie cœliaque ne disparaît pas, même si les symptômes peuvent varier dans le temps. 
Les symptômes diffèrent selon les personnes et se caractérisent généralement par des douleurs abdominales, des flatulences, des nausées ou de la diarrhée. 

Pour Laure, la maladie cœliaque 

Laure atteinte de la maladie ceoliaque

s’est manifestée soudainement par une gastro-entérite sévère qui a duré plusieurs mois : diarrhée et nausées accompagnés d’une grosse fatigue. J’avais alors 24 ans et je venais de m’installer en Allemagne. Mon gastro-entérologue pense que le changement d’environnement a favorisé son apparition car, arrivée en Allemagne, mon alimentation a changé avec une consommation plus fréquente de fritures, de kebabs, etc. ”

Laure atteinte de la maladie de cœliaque

Une progression récente des allergies et intolérances alimentaires dans la population

Depuis plus de 30 ans, la fréquence de ces réactions alimentaires augmente continuellement. En cause : l’adoption d’un mode de vie plus urbain, la modification des régimes alimentaires, les nouveaux procédés de transformation des produits agricoles, l’exposition à certains toxiques, etc. 
Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), les allergies alimentaires affectent aujourd’hui 5 à 8 % des enfants et 2 à 3 % des adultes en Europe. Quant aux intolérances alimentaires, elles toucheraient jusqu’à 20 % de la population. La maladie cœliaque concernerait 0,7 à 2 % de la population et est trois fois plus fréquente chez la femme.

Comment savoir si vous êtes allergique ou intolérant à un aliment ?

Si vous présentez des signes d’allergie ou d’intolérance alimentaire, il est nécessaire de consulter votre médecin traitant. 
Une prise de sang ou un test cutané, en cas de soupçon d’allergie, permettent souvent d’identifier l’allergène. Toutefois, la recherche de l’aliment en cause peut parfois prendre du temps. Comme pour Laure, votre médecin peut vous demander d’arrêter momentanément de consommer le ou les aliment(s) qui vous semble être la cause de vos symptômes afin de l’identifier. En cas de réactions allergiques, vous serez orienté vers un allergologue. Si vous présentez des symptômes abdominaux, vous pourrez être orienté vers un gastro-entérologue

Laure atteinte de la maladie ceoliaque

Il m'a d'abord fait faire des tests d’intolérance au glucose, au fructose, au lactose, précise Laure. J’avais effectivement un seuil d'intolérance au lactose un peu élevé donc je n’en n’ai plus consommé pendant un mois mais ça n’a pas arrangé mon problème. Le gastro-entérologue a donc décidé de me faire une biopsie de l’intestin et tous les prélèvements possibles car il soupçonnait la présence d’une bactérie. Finalement, une prise de sang a permis de déceler la maladie cœliaque. ”

Laure atteinte de la maladie de cœliaque

Traitement et suivi de ces réactions alimentaires

En cas d’allergie alimentaire, un suivi régulier avec votre allergologue est nécessaire. Des traitements médicamenteux (antihistaminiques, corticoïdes) peuvent vous êtes prescrits. Dans certains cas, votre allergologue peut vous proposer un traitement de désensibilisation ; cette immunothérapie repose sur l’administration progressive de doses de l’allergène à intervalles régulier. Toutefois, le système immunitaire peut se dérégler quelques années après une désensibilisation ; l’allergie revient et il est donc parfois nécessaire de la renouveler. 
Pour les situations qui peuvent conduire à de sévères réactions, votre allergologue vous expliquera comment utiliser un auto-injecteur d'adrénaline afin d’éviter un choc anaphylactique.

En cas d’intolérance alimentaire, Laure confirme qu’actuellement, 

« il n’existe pas de traitement médicamenteux même si certaines recherches sont en cours, pour la maladie cœliaque notamment. L’important en cas de crise est de s’hydrater et de se reposer. » 

Dans les deux cas, vous allez devoir suivre un traitement par éviction, c’est-à-dire un régime sans l’aliment ou la substance à l’origine de vos symptômes. Laure se rappelle les mots de son gastro-entérologue lorsque le diagnostic de la maladie cœliaque a été confirmé : 

« Votre vie va changer ! »

Et d’ajouter :

 « Sur le coup, j’étais dans le déni, je me sentais assez démunie et perdue parce que je n’avais jamais entendu parler de cette maladie. J’ai eu une phase d’incompréhension, de tristesse parce que ça signifie que l’on se prive de beaucoup de choses du jour au lendemain pour sa santé donc c’est assez déroutant »

Et ce vécu peut être le même quel que soit l’aliment en cause !
Un diététicien-nutritionniste peut vous accompagner à trouver des alternatives tout en gardant un bon équilibre alimentaire. 
 

Laure atteinte de la maladie ceoliaque

Avant, je faisais déjà beaucoup attention à mon alimentation car je suis sportive, poursuit Laure. Au début, au supermarché, je passais beaucoup de temps à déchiffrer les étiquettes de tous les aliments. Au restaurant, je ne pensais pas à la “contamination croisée“ : par exemple, si les frites sont cuites dans la même graisse que les nuggets dont la panure contient du gluten, je fais une crise… J’ai aussi découvert des aliments contenant du gluten, sans le savoir comme la sauce soja ou encore les soupes en conserve, les charcuteries, les plats préparés, certains bonbons, les mélanges d'épices mais aussi la bière ! Quant au lactose, il est présent presque exclusivement dans les produits laitiers. En cas d’allergie aux arachides par exemple, il faut vérifier sa potentielle présence dans certains bonbons, céréales, viennoiseries comme les macarons ou encore le chili con carne, etc. ”

Laure atteinte de la maladie de cœliaque

Des réflexes nutritionnels à adopter

Laure atteinte de la maladie ceoliaque

Aujourd'hui, c’est une question d’organisation et d’anticipation. Au fil du temps, j’ai adopté pas mal de reflexes. Une sortie au restaurant ? J’appelle avant pour connaître leurs options de menus sans gluten. Certains restaurants proposent d’ailleurs des menus sans gluten [ou précisant les potentiels allergènes]. Mes courses ? Je connais les mots clés sur les étiquettes qui me permettent de déceler facilement les aliments contenant du gluten. Les allergènes sont généralement indiqués en gras, soulignés ou en majuscule. Au bout d’un moment, les automatismes sont là et les courses peuvent se faire rapidement. J’ai aussi découvert beaucoup d’autres aliments comme le sarrasin. Déguster un cinnamon roll sans gluten, c’est le bonheur ! C’est une opportunité pour de nouvelles découvertes culinaires, tout en prenant toujours autant de plaisir à manger !
Un dîner chez des amis ? Je ne veux pas les ennuyer alors j’amène ce que je peux manger, en suffisance pour partager avec tout le monde. On peut effectivement avoir le sentiment de se sentir différent et que les autres doivent fournir un effort pour nous. Mais le soutien et la compréhension de l’entourage est très important. ”

Laure atteinte de la maladie de cœliaque

Comment gérer le stress ou l’appréhension de l’exposition à un aliment ?

Laure atteinte de la maladie ceoliaque

Je ne me force pas si j’ai des doutes. Lors de déjeuner professionnel où on se retrouve dans un restaurant qui ne propose pas grand-chose sans gluten, je vais choisir une simple salade sans sauce, ne pas prendre de desserts pour ne pas prendre de risques. Je préfère me restreindre pour préserver ma santé.
Certes, c’est une maladie mais on peut tout à fait vivre avec, en mangeant autrement et profiter de la vie différemment. Il ne faut pas du tout perdre espoir, surtout au début, à l’annonce du diagnostic ! Les intolérances et les allergies sont de plus en plus connues et reconnues ; il est donc aujourd’hui plus facile de trouver les moyens de réorienter son alimentation. ”

Laure atteinte de la maladie de cœliaque

Laure, 27 ans, est atteinte de la maladie de cœliaque, diagnostiquée il y a 3 ans. Elle adhère à l’Association française des intolérants au gluten (AFDIAG) qui offre un soutien précieux, des conseils pratiques et des informations utiles, tout en favorisant les rencontres entre personnes confrontées aux mêmes contraintes quotidiennes. Laure est très active sur les réseaux sociaux (Instagram, Tik Tok) où elle partage de nombreux conseils aux personnes concernées par la maladie cœliaque.

Rédigé par : Dixxit