Jeunes et alcool : au-delà du Dry January
Nous avons interrogé Catherine Delorme, vice-présidente de la Fédération Addiction.
Le Dry January : de quoi s’agit-il ?
Le mouvement du Dry January, ça vous parle ? Tout droit venu de la Grande-Bretagne, où il a été lancé en 2013 par l’association Alcohol Change UK, il gagne du terrain depuis quelques années en France.
Catherine Delorme se félicite de l’ampleur que prend le mouvement au niveau national.
« Avec une dizaine d’associations, la Fédération Addiction est à l’initiative du Dry January en France. Pour la 3e édition de ce mouvement qui s’adresse au grand public, nous observons une nette augmentation de la participation. Alors que le mois n’est pas fini, nous estimons la participation à 24% de Français cette année, contre 11% en 2021* ».
* chiffres France Inter
Les chiffres du Dry January en France
+ de 15.000 inscriptions SUR LE SITE DRY JANUARY EN 2022, CONTRE 8.200 EN 2021
14.500 téléchargements DE L’APPLI TRY DRY
2.300 abonnés À L'APPLI EN 2022, CONTRE 700 EN 2021
* source Fédération Addiction
Pourquoi ce mois sans alcool ?
Pour compenser les excès des fêtes qui précèdent. Il doit aider notre corps à éliminer toutes les toxines accumulées.
Une détox en somme… ou plutôt une prise de conscience !
Le Dry January, c’est un défi. Il permet aux jeunes et aux moins jeunes de s’évaluer, de faire une expérience. C’est l’occasion de tester ses ressentis, qu’ils soient agréables ou désagréables. On peut en tirer un bilan personnel. ”
Dry January : quels sont les bénéfices d’un mois sans alcool pour la santé ?
« Un mois sans alcool, ça ne va pas changer grand-chose ! » nous affirme une jeune-fille de 17 ans, pas très convaincue par l’opération.
Et pourtant... certes, sur une année, un mois peut paraître peu. Pourtant, les bénéfices de la mise en pause temporaire de la consommation d’alcool sont bien réels.
Catherine Delorme nous éclaire : « Selon une évaluation menée en décembre par Santé publique France, les participants au Dry January ont modifié durablement leur consommation d’alcool. Concrètement, ils ont réduit mais surtout réorganisé leur manière de consommer : moins d’alcool dans leur consommation hebdomadaire… Par ailleurs, les effets positifs du mois de janvier sont très rapides et appréciables : la qualité du sommeil est bien meilleure, la sensation de fatigue est moindre, les participants se sentent plus dynamiques. Un aspect non négligeable également : on observe une peau et un teint embellis. Enfin, l’alcool étant calorique, une baisse de poids est fréquemment rencontrée ! Certains mettent en avant également le gain sur le plan financier. »
De quoi aider à se motiver, non ?
Quelques repères sur les calories dans l’alcool
Comme vous le saviez probablement, l’alcool est effectivement très calorique :
- une pinte de bière (150 calories)
- un verre de cocktail : Cosmopolitan (195 calories) ; Tequila Sunrise (183 calories) ; Mojito (160 calories) ; Gin Tonic (143 calories) ; Spritz (120 calories)
- un verre de vin blanc (90 calories)
- un verre de vin rouge (90 calories)
Pour autant, pas question de choisir entre boire ou manger… Au contraire, ne buvez pas à jeun.
Cela ne fait qu’amplifier les effets de l’alcool sur votre corps et grimper en flèche votre taux d’alcool dans le sang. Vous risquez un malaise et des effets dommageables sur votre corps.
L’arrêt de l’alcool pendant 1 mois a des effets dans les 6 mois qui suivent !
Besoin d’arguments supplémentaires ?
Les bienfaits de cette "trêve alcoolisée" ont été scientifiquement prouvés par le Dr Richard de Visser, psychologue à l’université de Sussex.
Il a observé que l’arrêt de l’alcool pendant un mois a des effets dans les 6 mois qui suivent ! Ses conclusions s’appuient sur le suivi d’un groupe de 800 personnes ayant participé au Dry January :
- 93% se sentent mieux dans leur peau
- 80% ont retrouvé le contrôle de leur consommation d’alcool. Le rythme est passé de 3,4 unités à 2,1 unités par semaine
- 71% ont amélioré leur sommeil
- 67% ont gagné en énergie
- 57% en concentration
- 54% ont une meilleure qualité de peau
* source : British Medical Journal
Un public très exposé à l’alcool
Les jeunes sont particulièrement exposés à l’alcool. La précocité des usages est effectivement l’un des facteurs de risques de développer une dépendance ou des maladies par la suite.
Les jeunes sont les plus soumis à la pression sociale, à la publicité, à l’incitation à consommer. Le Dry January leur permet de s’inscrire dans un mouvement plus global. ”
Comme le souligne Catherine Delorme, « les jeunes sont aussi les plus soumis à la pression sociale, à la publicité, à l’incitation à consommer. Dry January leur permet de s’inscrire dans un mouvement plus global ».
Car, cela peut paraître incroyable, mais le plus dur quand on fait une pause, c’est la réaction de l’entourage, tant l’alcool fait partie de notre culture, est banalisé. À quoi font écho les propos d’une autre jeune consommatrice, de 16 ans : « Moi j’ai pas envie d’être la relou qui fait la morale aux autres, ou la fille exemplaire qui fait tout bien ».
Enfin, même si c’est pas "fun", il est important de le rappeler, une consommation excessive d’alcool lors d’une soirée peut avoir des conséquences lourdes. Coma éthylique, violences en tant que victime ou auteur, rapports sexuels non consentis ou accidents de la route constituent les risques les plus immédiats et les plus courants.
Les boissons les plus populaires chez les jeunes
Ce sont d'abord* les alcools forts et spiritueux à 67,3%, presque à égalité avec la bière à 63,5%. Les vins et champagne sont à 35,9% et les prémix : 26,4%.
Une consommation tôt et forte !
Les chiffres concernant les Français âgés de 17 ans révèlent une tendance à la consommation répandue et importante :
- 85,7% ont déjà expérimenté l’alcool
- 8,4% ont une consommation régulière (au moins 10 fois dans le mois)
- 44% ont déclaré une alcoolisation ponctuelle importante dans le mois
Au-delà du Dry January, comment faire durer les bénéfices ?
La meilleure manière de vivre un Dry January efficace, en janvier et au-delà, c’est avant tout de bien s’y préparer. Pour cette année c’est un peu tard, mais vous pouvez le retenir pour une prochaine fois et même appliquer quelques astuces a posteriori.
« Il est très important de préparer le Dry January », indique Catherine Delorme.
Comment ? En regardant les alternatives qui s’offrent à moi : aujourd’hui, les producteurs de bières proposent une offre très intéressante de produits bons et sans alcool. Vous allez à une soirée ? Prévoyez vos bières sans alcool. Elles vous permettront d’éviter les questionnements lourds à longueur de soirée. Il existe également de plus en plus d’apéritifs sans alcool, avec notamment des saveurs proches de la Suze. Sur les applis comme Try Dry, vous pouvez trouver des recettes de mocktails (ou cocktails sans alcool) très inspirantes ».
Vous pouvez également tenter les ginger beer, Kombucha ou jus aux saveurs originales !
Et pour prolonger les effets de la pause de janvier, gardez les réflexes que vous aurez expérimentés :
- Si vous avez un rendez-vous en semaine, fixez-vous comme objectif de boire autre chose que de l’alcool, vous en boirez plutôt le week-end.
- Eviter d’avoir des bouteilles d’alcool chez vous.
- Aidez-vous avec une appli comme Try Dry. Active toute l’année, elle vous permet de suivre votre consommation, d’être coaché, d’échanger.
- Pratiquez une activité sportive régulière, plusieurs fois par semaine (marcher, courir, nager, danser, faire du skate, du vélo…).
- Ne voyez pas des amis tous les soirs si vous n’arrivez pas à les voir sans boire !
Profitez-en pour faire autre chose : sport, séries, jeux, activités artistiques, révisions… ou repos. - Si vous avez mené le Dry January avec un groupe d’amis, lancez de nouveaux défis dans la lignée !
1 semaine par mois sans alcool, 2 semaines par trimestre… À vous de décider des règles et d’entraîner les autres. - Vous avez une soirée ? Pensez à désigner un "responsable" (pas le même à chaque fois !) qui sera capable, si besoin, de prendre le volant…
- Gardez un objectif de consommation en tête, à ne pas dépasser. Pour rappel, le repère mis en avant par les pouvoirs publics est de 10 verres maximum dans la semaine, à raison de 2 verres maximum par jour et pas tous les jours.
Mais ces indications ne valent pas pour tous ! Selon votre âge, votre corpulence, votre sexe… Les effets de l’alcool ne sont pas les mêmes.
► À noter : les femmes sont plus exposées que les hommes à l’alcool, leur métabolisme étant différent !
Femmes et alcool : le point de vue du Dr. Catherine SIMON
Que retenir du Dry January ?
Au-delà des bénéfices à court et moyen terme, ce mois sans alcool doit aussi nous aider à faire le point sur notre consommation.
Pas dans l’objectif de devenir abstinent, mais plutôt pour prendre conscience qu’en réalité nous pourrions boire moins, moins souvent, des softs. Et de fait, profiter davantage de chaque verre et chaque moment festif !
À savoir
Il existe des dispositifs confidentiels dédiés aux jeunes : les Consultations Jeunes consommateurs (CJC). Ces lieux d’écoute et d’évaluations sont ouverts aux jeunes et à leur entourage. Ils sont 400 en France.
Pour trouver le plus proche de chez vous, cliquez ici