Notre histoire familiale nous fait du bien
Selon le ministère de la Santé et de la Prévention, 15 millions de personnes sont aujourd’hui âgées de plus de 60 ans en France. Avec le vieillissement de la population, ce chiffre va augmenter. Et si nos aînés, en nous transmettant leur expérience, nous permettaient de mieux appréhender notre futur et de nous construire ?
La transmission familiale : un lien à chouchouter
Nous employons le plus souvent le terme d’intergénérationnalité pour décrire les relations entre les générations dans le périmètre de la société. Nous cherchons des solutions pour rompre l’isolement des personnes âgées, nous proposons des applis innovantes, des plateformes d’échange de services, des modes d’habitation qui font se rencontrer les jeunes et les anciens…
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Pendant le confinement, AÉSIO et MACIF ont déployé un dispositif solidaire, afin de soutenir ceux qui sont en première ligne pour agir contre l’isolement des personnes âgées.
En revanche, nous abordons moins souvent la question de l’intergénérationnalité dans le périmètre familial.
Qu’est-ce qui relie les membres d’une famille à travers les générations ? Que reste-t-il de nos histoires, de notre Histoire, familiale(s) chez les plus jeunes ? Quels souvenirs sont conservés ? Lesquels sont oubliés ?
Une fois nos grands-parents partis, nous réalisons que nous ne connaissons finalement pas leur histoire. Encore moins celle des plus anciens. Pourtant ces histoires sont aussi un peu les nôtres… Nous portons dans nos gènes et même dans notre inconscient des tas d’anecdotes que bien souvent nous ne connaissons pas ! Or elles peuvent nous marquer sans que nous le sachions.
Par ailleurs, la question des liens familiaux est particulièrement d’actualité. Avec la crise sanitaire, nous avons été éloignés de nos parents et de nos grands-parents. Bien souvent, nous ne les avons pas vus pendant des mois. Nous avons vraiment besoin de renouer le lien, pour eux, pour nous, pour redonner de la vie et du sens à la notion de famille.
Au-delà de la généalogie et des recherches pour remonter notre ascendance, connaître nos origines, quelle est l’histoire de notre famille, comprendre nos aïeux, leur intimité, leur vécu, leur ressenti, leurs drames et leurs joies… peut permettre de mieux les comprendre et aussi de mieux nous connaître, nous.
Souvenirs et bien-être mental : quel impact ?
Savoir d’où nous venons pour mieux nous comprendre, pour nous aider à savoir où nous allons.
A noter, selon les pédopsychologues, les secrets familiaux ont un impact négatif sur le développement des enfants. Ils ont tendance à inhiber leur développement. Taire un événement qui s’est déroulé dans la famille ne supprimera pas l’événement et l’effet qu’il a produit. Même si aucun mot n’est exprimé, des gestes, des gênes pourront être perçus.
Ne pas connaître son passé peut justement provoquer une réaction anxiogène. La transparence, même si elle peut être difficile à exprimer (et/ou à entendre) dans le cas de drames, d’épisodes douloureux, permettra pourtant de crever des abcès et ainsi de pouvoir avancer, une fois l’information digérée.
Connaître l’histoire de nos ancêtres permet de comprendre d’où nous venons, d’expliquer certains traits de personnalité ou du moins certaines réactions de nos grands-parents, parents et de nous-mêmes.
Elle permet également d’identifier ce que notre famille a d’unique, de spécifique. Cela nous lie, comme un clan. Le clan familial. Cela permet aussi de relativiser. Nous ne sommes pas parfaits, nos aïeux non plus !
Comment partager notre histoire familiale ?
Dans ce contexte, des solutions émergent pour valoriser nos souvenirs et favoriser la transmission de l’histoire familiale. Parmi ces offres, Les Souvenirs Partagés, qui proposent l’enregistrement sonore ou vidéo des parcours de vie de nos grands-parents, afin qu’il se transmettent au fil des générations.
Nous avons rencontré ses fondateurs, Loïc et Stella de Chabot.
Qu’est-ce qui vous a poussé à créer Les Souvenirs Partagés ?
Nous avons créé Les Souvenirs Partagés en 2017, à la suite d’une discussion que nous avions tous les deux. Nous avions pour projet de créer une activité qui nous rassemble, un projet de couple.
Le sujet des grands-parents est venu très vite sur la table. Nous avons de très bons souvenirs tous les deux mais très peu de souvenirs concrets. Nous avions l’impression de ne pas en savoir beaucoup sur leurs parcours de vie et cela nous manquait car ils ne sont plus sur cette terre.
Notre idée était née : enregistrer le parcours de vie des grands-parents pour le transmettre de génération en génération. ”
Concrètement, quelles solutions proposez-vous ?
Notre question a été de savoir comment garder une preuve plus matérielle que les photos, qui se perdent facilement. En tant qu’ancien journaliste (Loïc de Chabot), l’idée d’enregistrer avec un micro est venue très vite. Les familles étant friandes de l’image, nous proposons également des vidéos.
Aujourd’hui, nous proposons une boîte à souvenirs, genre Amélie Poulain. C’est comme une boîte à trésors, dans laquelle on découvre plein de choses : une pochette de photos prises le jour de l’enregistrement, des photos souvenirs des grands-parents, un espace en ligne, des cartes avec des proverbes, des citations, des friandises...
Nous proposons également un format de photos en réalité augmentée. L’idée : derrière chaque photo, il y a une histoire, qu’on a envie de découvrir. Le principe : quand nous scannons la photo, l’enregistrement audio ou vidéo s’enclenche sur notre téléphone.
Qu’est-ce que les gens viennent chercher dans votre solution ?
Les demandes viennent le plus souvent de la génération intermédiaire, celle des enfants (des grands-parents). Ils sont sensibles à l’idée de transmettre les souvenirs des grands-parents tant qu’ils sont en bonne santé. Ils sont motivés par l’idée de conserver quelque chose de leurs parents, qui va rester dans la famille.
Faire vivre la voix des grands-parents, leur sourire, leur phrasé, leurs mimiques… est magique !
Comment réagissent les grands-parents ?
Ils sont en grande majorité favorables à la démarche. S’ils sont parfois un peu inquiets avant de prendre la parole devant le micro ou la caméra, ils se détendent rapidement et sont souvent bavards pour nous raconter leur parcours de vie.
Les enregistrements sont des moments forts, avec des rencontres formidables, très émouvantes. Parfois, les familles reviennent nous voir et souhaitent d’autres enregistrements !
Qu’est-ce que les souvenirs de nos aînés peuvent nous apporter ?
Le partage des souvenirs au sein de la famille apporte une réelle amélioration du bien-être pour chaque génération.
- Pour les grands-parents, l’optimisation se fait par la libération de la parole, le plaisir de partager et de laisser un souvenir.
- Pour leurs enfants, cela passe par une meilleure connaissance de leurs parents et la fierté de jouer un rôle dans la transmission familiale.
- Pour les petits-enfants, ils prennent conscience du vécu de leurs aînés, de leur expérience et leur ressenti. Globalement, cela favorise les relations familiales, suscite des questionnements, des échanges.
Déjà présent partout en France, avec des correspondants dans plusieurs villes, Les Souvenirs Partagés partiront dès septembre à la conquête du Québec !
Hormis les prestations individuelles, Les Souvenirs Partagés interviennent également dans les maisons de retraite, pour animer des ateliers, ou encore auprès des entreprises pour favoriser la cohésion sociale entre les générations.