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Piercing : quels sont les risques ?

Le piercing connait un véritable engouement depuis plusieurs années, ils ornent de plus en plus oreilles, nez, langue, nombril et autres. Ce geste, bien qu’esthétique, implique une effraction de la peau et peut entraîner des complications s’il n’est pas réalisé dans de bonnes conditions. Les conseils d’AÉSIO mutuelle.
femme qui se fait percer l'oreille

Précautions et règles d’hygiène à respecter

L’importance de choisir un perceur qualifié  

Vous avez envie d’un piercing mais ne savez pas où aller ? En France, il n’existe pas de diplôme officiel pour exercer comme perceur. Toutefois, une formation en hygiène et salubrité est obligatoire depuis 2008. Cette formation, encadrée par les agences régionales de santé (ARS), garantit que le professionnel connaît et applique les règles essentielles pour éviter les infections. Avant de vous faire percer, vous devez donc vous assurer que le professionnel a bien suivi cette formation. Le lieu doit être propre, avec une salle dédiée au perçage. Le matériel doit être stérile à usage unique, et le perceur doit préalablement procéder à une désinfection rigoureuse des mains et des surfaces.  

L’utilisation d’un pistolet, encore courant dans certaines bijouteries, est fortement déconseillée, surtout pour le cartilage. Cette méthode provoque un traumatisme important de la peau et augmente le risque de complications. Il est donc préférable de se tourner vers un studio de piercing spécialisé, recommandé par des proches ou de vous renseigner sur le site de l’ARS de votre région.

Comprendre les temps de cicatrisation selon les zones

Le temps de cicatrisation varie en fonction de la zone du corps. Le lobe de l’oreille, bien irrigué en sang, cicatrise généralement en 6 à 8 semaines. À l’inverse, le cartilage, moins vascularisé, met beaucoup plus de temps à se réparer, entre 4 et 9 mois selon les personnes. La langue et la bouche cicatrisent rapidement, en 2 à 4 semaines, mais leur environnement humide les expose davantage aux bactéries. Le nombril, souvent couvert et soumis à des frottements, met entre 6 mois et un an à cicatriser.  

Ces délais doivent absolument être respectés. Un changement prématuré du bijou, une exposition à la piscine, à la mer ou à des vêtements serrés pendant la période de cicatrisation augmentent les risques d’irritation, de rejet ou d’infection. C’est pourquoi des soins doivent être adaptés à chaque zone, en fonction de sa fragilité et du contexte.

 

Risques spécifiques et précautions pour certaines zones

Pourquoi certaines zones sont plus sensibles

Le cartilage de l’oreille ou du nez, contrairement au lobe, guérit lentement et s’infecte plus facilement. Dans ces zones, un nettoyage deux fois par jour avec une solution saline stérile et l’application d’un antiseptique doux sont essentiels. Il faut éviter les pressions, les frottements et ne jamais tourner le bijou, car cela retarde la cicatrisation.

La bouche, très vascularisée, cicatrise plus rapidement, mais les bactéries naturellement présentes dans la salive peuvent entraîner des complications si les soins ne sont pas rigoureux. Il est recommandé de réaliser des bains de bouche antiseptiques sans alcool après chaque repas et d’éviter le tabac, l’alcool ainsi que les aliments trop épicés ou acides pendant les premières semaines pour réduire le risque d’infection.

Les piercings génitaux, bien que moins courants, nécessitent une hygiène irréprochable il est en effet conseillé de se laver délicatement à l’eau tiède et savon doux, d’éviter les rapports sexuels et les vêtements serrés au début pour éviter les infections urinaires, les douleurs ou les microtraumatismes. Le nombril, souvent compressé par les vêtements ou exposé à la transpiration, est l’un des piercings les plus longs à cicatriser, surtout en période estivale, il faut donc le nettoyer avec une solution saline, éviter les vêtements serrés, les frottements et surveiller les rougeurs.

Comment éviter les complications à long terme

Pour prévenir les complications, il est important de respecter les consignes de soin fournies par le perceur ou le professionnel de santé. Il ne faut jamais retirer un bijou en cas de douleur ou de gonflement sans avis médical, car cela pourrait refermer la plaie sur une infection en cours. L'utilisation prolongée de sprays antiseptiques peut irriter la peau et ralentir la cicatrisation ; un nettoyage doux à l’eau et au savon neutre est souvent suffisant. Enfin, toute activité physique intense, bain ou sauna doit être évitée pendant les premières semaines. Si une chéloïde commence à apparaître, consulter un dermatologue rapidement permet d’éviter qu’elle ne s’installe durablement.  Il s’agit de cicatrices hypertrophiques, épaisses et fibreuses, qui se développent autour de la plaie et dépassent souvent la zone initiale. En cas de doute, il est toujours recommandé de consulter un professionnel de santé (médecin traitant, dermatologue, pharmacien...) plutôt que de chercher des solutions sur internet ou auprès d’amis. 

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Consultations à distance

Vous remarquez des complications qui vous inquiètent ? Vous pouvez également demander un avis à un médecin à distance.

Un acte corporel qui n’est pas sans danger

Le risque d’infection, le plus fréquent

Dès qu'une effraction cutanée se produit, le risque d'infection est présent. Après un piercing, la peau met du temps à cicatriser, surtout si la zone est peu vascularisée ou soumise aux frottements. Pendant ce laps de temps, des bactéries peuvent s’y introduire, provoquant rougeurs, douleurs, gonflements ou pus. Si l'infection est localisée, elle peut être traitée simplement. Mais dans certains cas, une infection non soignée peut dégénérer et nécessiter des soins plus lourds, voire un retrait du bijou. Cela concerne notamment les zones sensibles comme le cartilage de l'oreille, le nez ou encore la bouche, où la prolifération bactérienne est rapide. Le non-respect des règles d'hygiène, l'utilisation d'un bijou inadapté ou un toucher trop fréquent accentuent encore ce risque. Par ailleurs, certaines infections virales (hépatites B ou C, VIH) peuvent se transmettre si les conditions de stérilisation ne sont pas strictement respectées, bien que cela reste extrêmement rare.

Les complications liées à la cicatrisation

Outre les infections, d'autres complications peuvent survenir, comme la formation de chéloïdes. Les personnes à peau foncée ou ayant des antécédents familiaux sont plus susceptibles d’en développer. Pour réduire ce risque, il est conseillé de ne pas manipuler la zone percée, d’attendre que la cicatrisation soit complète avant de changer de bijou, et de privilégier des matériaux hypoallergéniques comme le titane ou l’or 18 carats. Si une chéloïde commence à apparaître, consultez un dermatologue rapidement afin d’éviter qu’elle ne s’installe durablement.

Une autre complication fréquente est le rejet du bijou : le corps considère l’élément étranger comme une menace et tente de l’expulser. Cela se traduit par un déplacement progressif du bijou, une inflammation chronique et, à terme, une perte du piercing. Ce phénomène est plus fréquent sur des zones superficielles comme les sourcils ou le nombril. 

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En savoir plus sur le rôle du médecin traitant et le parcours de soins coordonnés

Si vous observez des réactions anormales, consultez sans attendre votre médecin traitant.

Rédigé par : Manon Moytier