Quelles solutions pour les déserts médicaux ?
Pendant les années 1990, les capacités d’accueil fixées par les universités et le numerus clausus ont créé une sélection extrêmement rigide pour le nombre d’étudiants admis en deuxième année de santé. Aujourd’hui, beaucoup de praticiens arrivent à l’âge de la retraite et les nouvelles générations de soignants ne sont pas assez nombreuses pour compenser ces départs.
Par conséquent, l’accès aux soins pour tous et sur l’ensemble du territoire devient de plus en plus compromis, engendrant des déserts médicaux. Il s’agit de zones géographiques dans lesquelles il est très difficile, voire impossible, de se faire soigner par un professionnel de santé en raison de l'absence de médecins à proximité.
Déserts médicaux : des chiffres inquiétants
Selon le rapport d’information du Sénat enregistré le 29 mars 2022 :
30% de la population française vit dans un « désert médical ».
45% des médecins généralistes sont en situation de burn-out.
- 1,6 million de Français renoncent chaque année à des soins médicaux.
- 11% des Français de 17 ans et plus n’ont pas de médecin traitant.
- Le nombre de médecins généralistes a diminué en moyenne de 1% par an entre 2017 et 2021.
- Il faut compter jusqu’à 189 jours d’attente pour avoir en rendez-vous chez un ophtalmologiste.
Or, le vieillissement de la population et l’augmentation démographique accentuent encore les besoins en santé et les retards de prise en charge s’accumulent. Les écarts de densité médicale sont particulièrement marqués entre les départements et l’accessibilité aux soins des Français continue de se détériorer : les trois quarts des départements subissent une érosion de leur densité médicale.
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Pour remédier à cette situation, une réforme globale des soins de proximité a été prévue. Annoncée en septembre 2018 par le président de la République, Ma santé 2022 propose des solutions à l’important problème que représentent les déserts médicaux.
Inciter les médecins à s’installer dans les déserts médicaux
Vous est-il déjà arrivé de vous rendre aux urgences à défaut de pouvoir consulter un médecin dans la journée ? C’est une situation qui se répète de plus en plus, rendant impératif le fait d’augmenter leur nombre. Pour cela la stratégie Ma santé 2022 propose une palette d’outils variés :
- Le développement de stages de médecine générale pour promouvoir cette spécialité.
- Le versement de bourses pour les étudiants de 2e et 3e cycle des études de médecine et d’odontologie en contrepartie de l’installation dans des déserts médicaux pendant un nombre d’années égal à celui durant lequel ils auront perçu l’allocation (CESP).
- Des aides financières et professionnelles pour l’installation et l’exercice.
- Un soutien pour les centres et les maisons de santé qui se mobilisent pour offrir un meilleur confort d’exercice.
Encourager de nouvelles formes d’exercice médical
Il devient impératif d’assurer un renfort médical par des médecins hospitaliers ou libéraux d’autres territoires. L’exercice isolé (un professionnel de santé seul dans son cabinet) doit devenir une exception. Les soins de proximité doivent s’organiser au sein de structures d’exercice coordonné (maisons, centres de santé), dans le cadre de communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS).
Pour cela Ma Santé 2022 propose de :
- Dispenser des soins courants dans les hôpitaux de proximité en lien avec les médecins de ville.
- Inciter au cumul emploi retraite pour le maintien de l’activité de médecins seniors.
- Créer des postes partagés de médecins entre la ville et l’hôpital (400 postes de médecins généralistes).
De nouvelles formes d’exercice médical se développent aussi. Les médecins peuvent dorénavant soigner à distance. Le déploiement de la télémédecine et du télésoin fait donc partie des solutions évoquées pour résoudre le problème des déserts médicaux.
S’appuyer sur d’autres professionnels de santé
Le développement de nouvelles fonctions
Pour redonner du temps au médecin pour soigner, Ma santé 2022 va appuyer le développement de nouvelles fonctions, d’assistant médical qui pourront assumer des tâches administratives et soignantes, comme la pré-consultation et le suivi des patients.
Les infirmiers pourront aussi se former à la pratique avancée (IPA) et ainsi élargir leurs compétences dans le champ clinique. Une fois diplômés, ils pourront renouveler, adapter voire prescrire des traitements ou des examens, assurer une surveillance clinique et mener des actions de prévention ou de dépistage. La pratique avancée va donc améliorer l’accès aux soins et la qualité des parcours des patients tout en réduisant la charge de travail des médecins sur des pathologies ciblées.
L’encouragement de la délégation
La stratégie 2022 vise à favoriser au maximum la délégation de certaines tâches médicales entre professionnels pour réduire les délais de prise en charge. Cela passe par la mise en place de réels parcours de soins.
Désormais, en tant que patient, vous n’aurez pas à assumer seul la coordination des différents professionnels de santé. Ceux-ci s’accorderont plus efficacement et automatiquement, grâce au numérique. Ma Santé 2022 propose de créer, dans chaque territoire, un véritable parcours qui associe tous les professionnels de santé, hospitaliers, ambulatoires et médico-sociaux.
Réviser la formation des soignants
Deux objectifs précis Pour transformer durablement notre système de santé, Ma santé 2022 considère qu’il faut repenser la manière dont on forme les soignants. Cette révision poursuit 2 objectifs principaux :
- Une orientation progressive encourageant la diversification des profils étudiants et les passerelles entre cursus.
- Une définition plus pertinente des choix ultérieurs de spécialités des étudiants.
Une révision qui se construit dans le temps
Cette évolution du système d’études a commencé dès 2019, avec la suppression du concours Institut en Formation des Soins Infirmiers (IFSI) au profit d’une admission sur Parcoursup, et s’est poursuivie en 2020 avec la disparition du numerus clausus. Désormais, le recrutement des étudiants se fait de façon progressive au cours du 1er cycle et à partir de cursus diversifiés.
La grande nouveauté à venir est la disparition des épreuves classantes nationales, les ECN, en fin d’externat. Ces examens, qui définissaient la spécialité et le lieu d’affectation des futurs médecins pour leur internat, seront supprimés à compter de 2024 au profit d’un "matching" qui regroupera connaissances, compétences universitaires et compétences transversales, et préprofessionnalisation.
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Ma Santé 2022 s’appuie aussi sur une révision profonde du financement tout en réaffirmant la qualité comme objectif premier de la prise en charge.
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