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Tatouages : quels dangers pour la santé ?

Selon une enquête IFOP menée en 2018, 1 Français sur 5 est tatoué. Une pratique en constante évolution qui n’est toutefois pas sans dangers : certaines encres peuvent être nocives pour votre santé et des complications sont possibles.
Découvrons ensemble les risques et les bonnes conduites à observer !

La pratique du tatouage : quelle origine ?

Cette pratique, datant de 3 500 ans avant J.-C., avait plusieurs objectifs : curatif pour soigner les articulations, comme symbole d’identité et de protection chez certains peuples, ou encore en tant que signe d’appartenance à une tribu.
C’est bien plus tard, dans les années 1970, qu’apparaît un véritable engouement pour le tatouage avec les générations punks et bikers, dans le but principal de revendiquer son originalité.

Concrètement, le tatouage est un processus qui consiste à décorer le corps avec des motifs, en introduisant à l'aiguille des matières colorantes - des pigments de synthèse - sous la peau.
Cette méthode laisse une marque permanente sur la peau. Il existe également des tatouages semi-permanents (l’épiderme est perforé moins profondément, ou l’encre diluée à l’eau, pour que le tatouage s’efface naturellement) ou éphémères (il n’y a alors pas de pénétration dans la peau).

Quels sont les risques liés aux tatouages ?

Si les tatouages permanents sont de plus en plus répandus en France et dans le monde, il n’en demeure pas moins que cette pratique comporte des risques.

Allergies, infections, démangeaisons… Quelles complications peuvent survenir après un tatouage ?

À cause des nombreux ingrédients chimiques présents dans les encres mais aussi par l’acte de perforer la peau pour y insérer ces pigments, il existe des risques de complications dont :

  • Les allergies aux encres de tatouage : démangeaisons, gonflements de la peau, lésions (réaction urticarienne, éruption rouge...), abcès, pustules ou des érysipèles (infections causées par des bactéries).
    Dans certains cas d’allergies, le tatouage doit être retiré au laser ou par chirurgie.
     
  • Les complications dues à une infection locale ou virale : germes, bactéries (staphylocoque doré ou streptocoque), virus (hépatite B, hépatite C, VIH)…
    Pour le tatoué et le tatoueur, la vaccination contre l’hépatite B est recommandée avant la pratique. La transmission de l’infection survient le plus souvent lorsque le matériel est mal nettoyé ou mal stérilisé. L’encre ou les produits d’hygiène utilisés peuvent également être contaminés, d’où l’importance de bien choisir son tatoueur.
     
  • Les risques liés aux problèmes de peau déjà présents : pour les maladies telles que le psoriasis, le lichen plan, le lupus cutané, la sarcoïdose ou encore le vitiligo, il est recommandé de ne pas avoir recours au tatouage.
    Dans tous les cas, votre tatoueur ne tatouera pas la zone concernée. Néanmoins, si vous vous faites tatouer sur une zone non affectée, il y a des risques que la maladie se déclenche sur celle-ci, une fois le tatouage effectué. Auquel cas, consultez votre tatoueur !
    Concernant l’acné, il est préférable qu’un traitement efficace soit pris et que la peau soit bien nettoyée avant le tatouage. Il est également déconseillé de se faire tatouer sur un grain de beauté, au risque que celui-ci change de forme et qu’il faille le retirer complètement. Le tatouage empêcherait un dermatologue de suivre l’évolution du grain de beauté.

Encres de tatouage : ce qu’il faut savoir pour limiter les complications

Au-delà des allergies possibles aux encres, c’est la composition des encres qui peut être problématique et qui fait régulièrement l’objet d’enquêtes.

En effet, selon des tests sur les composants des encres de tatouage réalisés en laboratoire en 2021, l’UFC-Que Choisir a saisi l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) et la Direction générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des fraudes (DGCCRF) et appelle au retrait de nombreux produits.
Sur 20 encres de tatouage parmi les plus utilisées en France, seules 5 répondent aux différentes normes en la matière.

En plus de la présence de substances indésirables en trop grande quantité, les encres posent un autre problème : le dioxyde de titane, utilisé pour blanchir les couleurs et donc présent dans tous les tatouages colorés, se retrouve transporté à échelle de micro et nano particules dans la peau et dans les ganglions lymphatiques (petits organes qui assurent la filtration de la lymphe, ayant un rôle important dans le système immunitaire).

De quoi s’inquiéter pour sa santé ? Pas forcément !
Il n’a pour l’instant pas été observé de hausses de maladies liées aux ganglions chez les personnes tatouées. D’autant que nous sommes tous plus ou moins exposés à des nanoparticules à travers notre alimentation, notre environnement ou même des cosmétiques… Si le principe de précaution s’applique, la panique n’est pas de mise. Aussi, si vous souhaitez vous faire tatouer, procédez avec vigilance et renseignez-vous attentivement sur les composants des encres utilisées.

Quelles règlementations encadrent le tatouage ?

Le Ministère de la Santé et de la Prévention est l'autorité nationale en charge de la réglementation sanitaire applicable aux activités de tatouage.
Au sein du Ministère, c'est plus particulièrement la Direction générale de la santé qui fixe le cadre législatif et réglementaire.

L’ANSM quant à elle, surveille les risques d’effets indésirables pouvant résulter de l’utilisation de produits de tatouages. Par ailleurs, afin d’encadrer l’utilisation des encres, la réglementation européenne n°2020/2081 a été mise en place en 2022 et établit la liste de substances et colorants restreints ou totalement interdits.

Comment savoir si votre tatouage cicatrise normalement ?

Dans le cas d’une cicatrisation normale d’un tatouage, vous devriez avoir des rougeurs et des gonflements dans les jours qui suivent. Toutefois, si ces symptômes sont toujours présents la semaine suivant le tatouage, soyez vigilant et interrogez votre tatoueur.

Par ailleurs, pour repérer une possible infection, le Syndicat national des artistes tatoueurs indique qu’il faut la présence d’au moins 3 symptômes parmi lesquels : rougeur, gonflement, douleur, augmentation de la chaleur ou fièvre, écoulement purulent ou nauséabond. Soyez vigilant.

Une étude récente met en lien les aiguilles de tatouage et la présence de particules de métal dans la peau. Composées majoritairement d’acier, mais aussi de chrome (15 à 20%) et de nickel (6 à 8%), les aiguilles auraient un effet abrasif une fois en contact avec les encres de couleur verte, bleue et rouge. D’autres études sont nécessaires pour confirmer ces recherches.


Si vous avez l’un ou plusieurs de ces symptômes, n’attendez pas pour le signaler !

  • Si vous avez une infection ou une réaction allergique, vous devez informer votre tatoueur, si toutefois celui-ci est un professionnel. Auquel cas, le problème doit être considéré comme un "mésusage".
  • En cas d'effet indésirable ne présentant pas de critère de gravité, consultez votre médecin traitant ou un médecin dermatologue.
  • En cas d'effet indésirable grave entrainant une hospitalisation, invalidité ou mise en jeu du pronostic vital, vous devez immédiatement effectuer un signalement.

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Quelles précautions prendre pour choisir un bon tatoueur ?

Avant de commencer le travail, renseignez-vous sur les éléments suivants :

Est-ce que le tatoueur est agréé par les autorités de santé ? Le salon est-il propre ? Avez-vous été informé des risques auxquels vous vous exposez, ainsi que des précautions à observer une fois le tatouage terminé ? Le tatoueur a-t-il bien inspecté la zone à tatouer et vérifié l’absence de lésion et de grain de beauté ?

Lorsque vous réalisez votre tatouage, le tatoueur respecte les règles d’hygiène et :

  • Utilise un matériel à usage unique ou stérilisé et désinfecté ;
  • Se lave les mains ou met du gel hydroalcoolique avant de vous toucher la peau ;
  • Porte des gants avant de commencer le tatouage ;
  • Désinfecte correctement votre peau.

  

Un tatouage pour les mineurs, c’est possible ?

Selon l’arrêté du 3 décembre 2008, il est interdit de tatouer une personne mineure sans le consentement écrit d'un des deux parents ou de son tuteur. Cela implique la présence physique d'un parent pour recueillir sa signature. Le professionnel conserve ce document pendant 3 ans suivant la réalisation du tatouage.

- Tatouage et piercing - Ministère de la Santé et de la Prévention (solidarites-sante.gouv.fr)
- Les risques du tatouage permanent - Ameli.fr | Assuré
- Vigilance des produits de tatouage - Ministère de la Santé et de la Prévention
- Les cosmétiques et produits de tatouage - ANSM (sante.fr)
- Encre de Tatouage, ce qu’il faut savoir | Le Guide 2022 - tatwo.fr
- Encres de tatouage : face au danger, l’UFC-Que Choisir saisit la DGCCRF - UFC-Que Choisir
- Règlementation | Syndicat National des Artistes Tatoueurs (assoconnect.com)