10 idées reçues sur les antibiotiques

1. Les antibiotiques guérissent tout

FAUX

Du grec anti : « contre » et biôtikos : « qui concerne la vie », les antibiotiques sont des substances chimiques, naturelles ou synthétiques qui éliminent certaines bactéries ou limitent leur prolifération. À chaque bactérie, ou famille de bactéries, son antibiotique. Parmi les plus connus : la pénicilline, qui a révolutionné la médecine au milieu du 20ᵉ siècle.

Les antibiotiques agissent exclusivement sur les maladies dont l’origine est bactérienne, telles que la cystite (infection urinaire), les pneumonies, les méningites, les septicémies, les infections sexuellement transmissibles…

Les antibiotiques ne sont pas actifs contre les virus  transmis par ingestion ou inhalation, par piqûre ou morsure d’insecte, par contact sexuel, ou par voie congénitale (d’une personne enceinte au fœtus). Ils n’ont aucun effet sur les infections virales (rhume, grippe, angine, gastro-entérite, Covid-19…). 

Le prélèvement microbiologique permet de déterminer l’origine virale ou bactérienne de l’infection et ainsi décider du recours éventuel aux antibiotiques. Pour en savoir plus, adressez-vous à votre médecin traitant ou votre pharmacien.

2. Les antibiotiques n’ont pas d’effets secondaires

FAUX

Tous les médicaments sont susceptibles de provoquer des effets indésirables plus ou moins sévères. Les antibiotiques aussi, en fonction de leur famille de molécules (bêta-lactamines, macrolides, aminosides, cyclines et quinolones...). Parmi les symptômes les plus fréquents, on observe les réactions allergiques (démangeaisons, urticaire, éruption de boutons) et les troubles digestifs (nausées, vomissements, diarrhées, ballonnements…). Il faut savoir que tous les antibiotiques perturbent la flore intestinale, et donc la digestion et le fonctionnement de l’intestin. Certains antibiotiques peuvent également favoriser le développement de levures dans la bouche (muguet ou candidose) ou dans le vagin. 
Les antibiotiques de type cyclines et quinolones sont susceptibles de provoquer des réactions de photosensibilisation.

En cas de doutes sur l’un de ces symptômes, n’hésitez pas à solliciter votre médecin traitant qui déterminera si l’antibiotique en est la cause.

3. Les antibiotiques peuvent être partagés

FAUX

À chaque maladie son diagnostic et son traitement, déterminés en fonction de l’état physiologique et des antécédents médicaux du patient. C’est votre médecin traitant qui déterminera l’origine bactérienne pour prescrire le bon antibiotique. L’automédication présente des risques et des dangers, notamment d’effets secondaires plus ou moins graves.
Par ailleurs, l’usage injustifié ou excessif d’antibiotiques augmente la résistance au traitement. C’est un véritable phénomène de santé publique qui touche de très nombreuses personnes en France et dans le monde. La résistance aux antibiotiques atteint des niveaux dangereusement élevés et entraîne une prolongation des hospitalisations, une augmentation des dépenses médicales et une hausse de la mortalité. 

4. Je peux arrêter de prendre les antibiotiques dès que je me sens mieux

FAUX

Même si notre état semble s’améliorer, interrompre la prise d’antibiotiques avant la date fixée par son médecin traitant peut annuler les effets positifs et favoriser le retour des bactéries. 
Des études ont permis aux autorités sanitaires  de déterminer le nombre de jours nécessaires pour que le traitement antibiotique soit efficace. En moyenne, et selon le type de la maladie, il faut compter entre 3 et 14 jours de prise d’antibiotiques à la juste dose. Les pharmacies mutualistes du groupe AÉSIO Santé sont à votre disposition pour vous éclairer sur la posologie de votre traitement.

5. Plus je prends d’antibiotiques, plus vite je guérirai

FAUX

Ne pas respecter les doses prescrites en surconsommant des antibiotiques n’accélère pas la guérison. Au contraire, l’usage abusif d’antibiotiques va entraîner une résistance bactérienne rendant les traitements inefficaces. Cette résistance aux traitements antibiotiques a des conséquences graves : en France, d’ici à 2050, on estime que 238 000 personnes mourront des suites de l’antibiorésistance.

6. Si les symptômes perdurent, les antibiotiques seront nécessaires

FAUX

C’est le médecin qui identifie l’origine bactérienne ou virale d’une infection. Les antibiotiques n’auront aucun effet sur les infections virales de type grippe, bronchite, rhume ou angine virale… 
Votre médecin traitant vous prescrira le traitement le plus adapté. Pour une rhinopharyngite, le mal de gorge peut durer entre 1 et 3 jours et l’écoulement nasal ou le nez bouché pendant 2 à 10 jours  . La bronchite provoque de la toux persistante 2 à 3 semaines.

7. Les antibiotiques ne sont pas efficaces contre la grippe et le Covid-19

VRAI

Les antibiotiques ne doivent pas être utilisés pour soigner la grippe et le Covid-19 dont l’origine est virale. Ils seront uniquement envisagés par le médecin en cas de surinfection bactérienne.
Pour traiter la grippe ou le Covid-19, les autorités sanitaires recommandent essentiellement le repos associé à une bonne hydratation et, en cas de fièvre, à la prise de paracétamol.
Maladies virales, et donc très contagieuses, la grippe et le Covid-19 nécessitent de prendre des précautions pour protéger les autres : se laver régulièrement les mains, utiliser des mouchoirs à usage unique, porter un masque jetable, tousser ou éternuer dans son coude, aérer régulièrement son intérieur…    

8. Les antibiotiques ne sont efficaces que contre les bactéries

VRAI

Les antibiotiques agissent sur un grand nombre de bactéries en arrêtant leur croissance ou en diminuant leur nombre. Il ne faut pas confondre bactéries et virus qui ont des comportements et des modes d’action différents. Les bactéries sont des organismes qui se reproduisent seuls en utilisant les ressources de leur environnement, tandis que les virus ont besoin des cellules de l’organisme pour se multiplier. 
Les bactéries dites pathogènes, c’est-à-dire capable de provoquer une infection, sont à redouter.

C’est le biologiste écossais Alexander Fleming qui a découvert le premier antibiotique - la pénicilline G - en 1928. Il ne sera utilisé qu’à partir de 1941. Fleming, Howard Florey et Ernst Boris Chain se partageront le prix Nobel de médecine en 1945, attribué pour leurs travaux sur son application thérapeutique.

9. Les personnes atteintes de maladies chroniques se voient prescrire davantage d’antibiotiques que les autres

VRAI

Une étude canadienne a observé que l’on prescrivait plus d’antibiotiques aux personnes atteintes de maladies chroniques, alors qu’ils ne sont pas toujours adaptés à leur cas . Ces prises inutiles provoquent l’antibiorésistance, soit la capacité de la bactérie à résister à l'action d'un antibiotique. Éviter la prescription inappropriée des antibiotiques est essentiel pour freiner l’émergence de la résistance aux antimicrobiens, une menace sérieuse et croissante pour la santé publique mondiale.

10. Pour éviter le gaspillage, je peux conserver le reste de mon traitement antibiotique dans mon armoire à pharmacie

FAUX

Comme de nombreux médicaments non utilisés, les antibiotiques doivent être remis aux pharmaciens, même les boîtes déjà entamées ou périmées. Rien ne sert de les garder en pensant qu’ils pourront servir à l’avenir. Les antibiotiques ont été prescrits selon un état de santé, à un instant donné et pour une maladie spécifique. Il est improbable que les conditions soient à nouveau et exactement réunies lors d’une prochaine infection bactérienne.
Les pharmacies récupèrent les antibiotiques pour les confier à des organismes spécialisés. Ils seront détruits, par incinération le plus souvent , en toute sécurité. Il ne faut jamais les jeter à la poubelle au risque de polluer gravement les eaux ou les sols.