Comment lutter contre la fracture numérique des seniors ?
Le numérique, plus que présent dans nos vies
Utilisé pour garder le contact, se cultiver, se divertir, faire des démarches et des achats en ligne, le numérique est partout dans nos vies. Sur Internet, vous remplissez vos fiches d’impôt, effectuez vos demandes d’immatriculation de véhicule, une inscription en EHPAD... Le numérique est aussi devenu incontournable pour se soigner : prise de rendez-vous en ligne, téléconsultation, partage de données médicales… Par ailleurs, il existe de plus en plus d’objets connectés : vos télévisions permettent l’utilisation de plateformes de streaming, vos smartphones et tablettes sont remplis d’applications et de réseaux sociaux. Vous avez aussi peut-être des objets connectés : montre, enceinte, balance, réfrigérateur...
Avec toutes ces évolutions numériques, de nombreuses questions se posent : les seniors sont-ils suffisamment équipés en outils ? Ont-ils les connaissances numériques pour faire leurs démarches en ligne ? Ont-ils seulement l’envie d’être sur un ordinateur ou un smartphone ? Comment aider les plus isolés du numérique ?
Quelles sont les raisons de cette fracture numérique ?
L’équipement (ou l’absence d’équipement)
En France, les zones rurales sans raccordement à Internet, dites « zones blanches », concernent encore plus de 500 communes. Des milliers d’autres communes, appelées « zones grises », n’ont toujours pas de connexion de qualité. Malheureusement, c’est une grande majorité de seniors déjà géographiquement isolés qui vivent dans ces communes rurales mal raccordées.
Le prix de l’équipement
Au-delà de cette exclusion technique, pour avoir un équipement adapté, il faut un certain budget qui n’est pas adapté à tous : un ordinateur, un smartphone ou une tablette, une box Internet ou un forfait mobile suffisamment puissant pour utiliser les données mobiles, etc.
L’usage estimé complexe
Selon une enquête du Conseil supérieur de l’audiovisuel pour Les petits frères des Pauvres, 59 % des seniors interrogés considèrent qu’Internet est un outil trop compliqué. N’étant pas nés dans cette génération du tout numérique, les seniors rencontrent plus de difficultés à apprivoiser les outils. Il faut ainsi prendre en compte l’écart générationnel pour comprendre cette fracture numérique.
La peur d’un piratage
S’ils ne maitrisent pas Internet, ils ont entendu ou ont fait les frais de piratages et d’arnaques en tout genre sur Internet. Certains peuvent identifier les mails trop beaux pour être vrais, d’autres ne font pas la différence entre un spam et un mail officiel. Le piratage des données est donc une peur exprimée par les seniors.
Le manque d’intérêt
68 % des non-internautes interrogés pour Les petits frères des Pauvres expriment un manque d’intérêt pour Internet comme explication de non-utilisation. Si ce manque d’intérêt est tout à fait compréhensible, il commence à poser problème lorsque les démarches officielles ne sont disponibles qu’en ligne.
Ainsi, lorsque les seniors se retrouvent dans une zone rurale avec une connexion Internet limitée, une appréhension de l’outil, un manque de budget et/ou d’intérêt, tous ces éléments constituent un facteur aggravant d’isolement relationnel, notamment pour les personnes les plus modestes.
L’isolement social : conséquence principale de la fracture numérique
Pour certains seniors, le lien avec le commerçant de quartier ou la secrétaire de mairie est l’un des seuls contacts qui les rattache à un lien social, et en être privé devient un facteur d’isolement.
En France, 530 000 seniors seraient ainsi en situation de « mort sociale », c’est-à-dire qu’ils reçoivent peu voire aucune visite, un phénomène qui est d’autant plus important lorsque les démarches administratives se font uniquement en ligne : le contact est alors totalement coupé.
Le saviez-vous ?
Le dispositif « Veiller sur mes parents » de La Poste propose la visite d’un facteur chez un senior pour assurer une présence régulière. Après sa visite, le facteur envoie un SMS aux proches en signalant si un besoin a été exprimé (courses, rendez-vous médical…).
Comment favoriser l’inclusion numérique des seniors ?
Pour tenter de lutter contre cette fracture numérique et l’isolement qui en découle pour les seniors, quels sont les dispositifs en place et les moyens que vous pouvez mettre en œuvre ?
1. Sensibiliser les seniors au numérique
Par l’entourage
Vous avez préféré abandonner l’idée de maîtriser le numérique, des solutions existent ! Demandez un coup de main à vos proches (enfants, petits-enfants, voisins, amis, aidant…) : ils se feront un plaisir de vous expliquer comment installer une application, mettre à jour votre ordinateur, remplir des documents ou changer votre messagerie vocale.
Ces « digital natives », c’est-à-dire ceux qui sont nés avec le numérique, pourront vous aiguiller pour que vous appreniez à réaliser vous-même ces petites tâches, qui semblent parfois bien trop complexes, mais qui sont réalisables avec un peu de patience. C’est une question d’habitude.
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Quelles aides pour bien vieillir chez soi ?
Avancer en âge nécessite d’anticiper les situations pouvant vous mettre, vous et vos proches, dans des situations financières difficiles. Des prestations d’assistance peuvent aussi vous faciliter la vie au quotidien. AÉSIO mutuelle vous aide à tout prévoir pour ne plus avoir à y penser.
Par les collectivités
Vous n’avez pas d’enfant et recevez peu de visites ? Pas de problème, il existe d’autres possibilités ! La sensibilisation au numérique passe aussi par un accompagnement au numérique en-dehors du cercle des proches. Des ateliers de prévention organisés par les mairies, les mutuelles, les associations, les centres locaux d’information et de coordination… peuvent être d’une grande aide. Vous y apprendrez les bases du numérique et comment réaliser vos démarches en ligne, utiliser votre téléphone et tablette, éviter les fraudes et arnaques, etc.
Vous souhaitez en savoir plus ? AÉSIO mutuelle propose, en partenariat avec AGIR Abcd, des ateliers dédiés au numérique !
Favoriser l’inclusion de nos seniors avec AGIR abcd
L'association AGIR abcd œuvre pour lutter contre les exclusions sociales. Ensemble, nous organisons des actions pratiques pour faciliter l'inclusion numérique des seniors.
Par ailleurs, afin de lutter contre les inégalités d’accès à l’information et à la fracture numérique, le gouvernement a mis en place ces dernières années des lieux de rencontres appelés France Services. Localisés partout en France pour un accompagnement de proximité, ces centres proposent des permanences, des ateliers et des formations menés par des conseillers numériques.
Vous pouvez ainsi vous y rendre pour apprendre à faire un CV, prendre un rendez-vous médical, apprendre à communiquer avec vos proches en ligne, etc.
2. Rendre la technologie plus accessible
Qu’est-ce qui est techniquement faisable ?
Pour essayer de toucher les seniors qui considèrent Internet trop compliqué, et qui sont découragés, il faut aussi rendre Internet (et la technologie de manière générale) plus accessible.
Certains sites l’ont bien compris : une présentation graphique minimaliste, des boutons clairs, des menus simplifiés, une assistance en cas de besoin… Sur les tablettes et smartphones par exemple, vous pouvez modifier la taille des caractères, zoomer sur vos photos, régler la luminosité de votre écran, etc.
Si l’ergonomie s’est déjà simplifiée, il reste du chemin reste à parcourir. Les personnes âgées peuvent cumuler plusieurs handicaps (visuel, auditif, moteur, cognitif) et l’accessibilité n’est pas toujours assurée. Il faudrait ainsi que les outils et les sites fassent de cette accessibilité une priorité…
La question financière
Nous l’avons vu, le prix de l’équipement (outils numériques et abonnement à Internet) est un frein pour les publics les plus modestes. Il existe pourtant des solutions. Pour l’achat du matériel (smartphone, tablette, ordinateur…), le reconditionné et la seconde main proposent des prix intéressants pour des outils qui sont souvent de bonne qualité.
Les petits frères des Pauvres suggère également des recommandations pour permettre de lutter contre la fracture numérique des seniors. Parmi elles, l’idée que les entreprises fassent des dons du matériel informatique qu’elles n’utilisent plus. Les opérateurs pourraient également proposer un tarif social sur l’abonnement Internet.
3. S’intéresser aux innovations numériques
Au-delà des difficultés que le numérique peut engendrer chez les seniors, il peut toutefois représenter un outil simplificateur du quotidien de ces mêmes seniors.
Quelques exemples qui peuvent vous aider, vous ou vos proches :
- Le détecteur de chute : sous forme de bracelet, la technologie analyse les mouvements suspects, comme une chute, et prévient une plateforme adaptée qui pourra contacter les secours si nécessaire.
- Le médaillon téléassistant : porté en collier ou bracelet, celui-ci permet en un clic d’envoyer une alerte aux chargés de téléassistance qui pourront contacter vos proches ou les secours.
- Le pilulier intelligent : lorsqu’il est l’heure de prendre votre traitement, une alerte sonore et visuelle est lancée pour vous prévenir et éviter les oublis.
Il existe aussi des applications bien utiles : vous pouvez recevoir vos ordonnances sans vous déplacer, surveiller votre taux de glycémie, écrire sur des post-its numériques pour lutter contre les trous de mémoires, mais aussi utiliser les réseaux sociaux pour rester connecté à vos proches malgré la distance. Lancez-vous !