#Changer de regard

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Pourquoi la chirurgie explose-t-elle chez les jeunes ?

Des fesses rebondies de Kim Kardashian, en passant par les lèvres pulpeuses de Nabilla, les jeunes générations s’inspirent des starlettes et autres personnalités des réseaux sociaux pour transformer, à coup de bistouri et d’injections, leur corps et leur visage. Une tendance forte qui pose questions.
Jeune femme, t shirt blanc qui montre ses rides aux yeux. Mains gantées d'infirmière

Le boom de la médecine esthétique chez les jeunes, depuis 3 ans

La clientèle des praticiens français en médecine et en chirurgie esthétique a considérablement rajeuni. Le pouvoir des influenceuses et des programmes de téléréalité attise l’engouement des 19-34 ans qui, aujourd’hui, font davantage appel à la chirurgie esthétique que les 35-50 ans¹. Par ailleurs, les nouvelles techniques de la médecine esthétique, moins invasives que la chirurgie, comme les injections (acide hyaluronique, toxine botulique…) et la pose de fils tenseurs facilitent le passage à l’acte.

Selon le Dr. Catherine Bergeret-Galley, secrétaire générale du Syndicat National de Chirurgie Plastique Reconstructrice et Esthétique (SNCPRE), les demandes les plus fréquentes chez les jeunes filles sont l’augmentation du volume des lèvres, des fesses (prothèse ou ajout de graisse), les rhinoplasties (chirurgie du nez) ou encore l’allongement de la forme des yeux (foxy eyes).
À la clé pour les patientes : paraître plus séduisantes. Les jeunes hommes sont aussi concernés, avec parfois des envies de masculinisation du visage, considéré comme trop poupon.

¹ Enquête IMCAS (International Master Course on Aging Skin – 2019

63% des 15-24 ans veulent changer quelque chose dans leur apparence

source : https://www.crpce.com/actualites/les-chiffres-de-la-chirurgie-esthetique-en-france

Quelles précautions prendre ?

Beaucoup d’actes de médecine et de chirurgie viennent alléger, voire faire disparaître, d’importants complexes ressentis par le jeune comme préjudiciables à son équilibre (hypertrophie ou hypotrophie mammaire, oreilles décollées…).
Dans un dialogue avec le patient et sa famille, le chirurgien proposera la réponse adaptée. Pour les mineurs, la loi française est claire : le consentement des parents est obligatoire et le chirurgien a toute la latitude de refuser l’opération, si la requête lui parait injustifiée.

Les professionnels recommandent aussi aux jeunes filles d’attendre 3 ans après l’apparition des règles avant d’envisager une intervention. Si être opéré ou recevoir des injections à un âge précoce n’a a priori pas d’incidences physiologiques pour l’avenir, le recours à des non-professionnels peut être dramatique.

Gare aux injecteurs illégaux

« Beaucoup cèdent aux chants des sirènes des injecteurs illégaux qui utilisent des produits douteux, dans des conditions d’hygiène déplorables » dénonce le Dr. Catherine Bergeret-Galley. Au fond d’une cave, ou dans des AirBnB loués pour l’occasion... certains jeunes patients accordent à tort leur confiance, attirés par un prix bas. « On a même trouvé des bidons entiers supposés contenir de l’acide hyaluronique, alors que ce produit n’est jamais distribué sous cette forme. Son conditionnement est contrôlé et règlementé » précise le docteur Bergeret-Galley.

Les complications ne sont pas rares après ces injections non-autorisées : infections locales, septicémies, oblitérations vasculaires avec possibilité de nécroses pouvant donner lieu à des amputations partielles, etc.

Les bonnes questions à se poser avant de passer à l’acte

Même si les techniques, notamment en médecine esthétique, sont réversibles, modifier son apparence est loin d’être anodin. La démarche nécessite de communiquer avec son entourage et les professionnels de santé formés à évaluer les motivations.

Au début du processus, deux questions fondamentales méritent d’être posées : ai-je besoin de cette intervention ? Quels sont les bénéfices et les risques éventuels qu’elle implique ?
La loi prévoit obligatoirement deux rendez-vous espacés d’au moins 15 jours avant la chirurgie. Un temps utile à la réflexion et à la prise de conscience du risque.

Les 3 premières raisons qui poussent les femmes de 18 à 65 ans à recourir à la chirurgie esthétique

source : Sondage IFOP 2018 pour le magazine en ligne « Bonheur et santé »
 

L’appel de l’étranger

Autre point essentiel : vérifier la qualification du praticien auprès du Conseil national de l'Ordre des médecins. « Les jeunes sont plus fragiles que leurs aînés face à leurs disgrâces physiques et sont parfois attirés par des propositions commerciales alléchantes. En France, aucun médecin n’a le droit de faire de la publicité. Certains pays étrangers ne s’en privent pas chez nous à travers des tours opérateurs spécialisés dans les actes chirurgicaux esthétiques et dont le seul objectif est de faire du chiffre. Dans ces conditions, il ne faut pas oublier qu’aucun cadre légal ne permet de recours en cas de problème » précise le Dr. Christophe Desouches, membre du SNCPRE.

 

Jeunes comme plus âgés, quelles que soient vos motivations, il est toujours nécessaire de bien peser les bénéfices et les conséquences liés à un acte de médecine ou de chirurgie esthétique afin de ne jamais le regretter.