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Où en sommes-nous de la prévention et du traitement du Sida ?

Depuis son apparition dans les années 80, le Syndrome d'immuno-déficience acquise (Sida), stade ultime du VIH, alarme et effraie. Considéré longtemps à tort comme "la maladie des homosexuels", le Sida peut impacter tout le monde et pourtant, continue d’être tabou.
Comment prévenir le VIH ? Comment le détecter et vivre avec au quotidien ? Éclairage avec AÉSIO mutuelle.

Comprendre la maladie : les grands points à savoir sur le Sida

Une attaque contre les systèmes de défense

L’infection par le VIH provoque une diminution progressive des défenses immunitaires. À une longue période d’absence de symptômes (ou de présence de symptômes peu sévères), succède une phase d’immunodéficience qui, en l’absence de traitement, va en s’aggravant.

Plusieurs stades de développement jusqu’au Sida

  1. La primo-infection par le VIH : 2 à 3 semaines après la contamination par le VIH, environ une personne sur trois développe des symptômes qui peuvent passer pour grippaux (fièvre, frissons, maux de tête, ganglions enflés, fatigue, courbatures, etc.). Dans la majorité des cas, les personnes atteintes pensent qu’il s’agit d’un simple état grippal et consultent rarement, les symptômes disparaissant après quelques jours. C’est ce qu’on appelle la phase de primo-infection. Les défenses immunitaires se mettent en place mais sont désarçonnées face à l’infection et la contamination très rapide du sang et des sécrétions sexuelles de la personne. La personne infectée est donc particulièrement contaminante.
  2. L’infection asymptomatique par le VIH : après la phase de primo-infection, le VIH ne se manifeste plus pendant une longue période (en moyenne une dizaine d’années). La personne est également contaminante pendant ce temps, mais moins que pendant la phase précédente. Il arrive que parfois elle puisse se plaindre de ganglions enflés.
  3. L’infection symptomatique par le VIH : après plusieurs années sans le moindre symptôme, la personne développe des signes d’immunodéficience (mycoses récidivantes dans la bouche ou le vagin, épisodes de fièvre, diarrhées persistantes, zona, taches rouges sur la peau, perte de poids, etc.). Ces signes apparaissent et disparaissent spontanément, puis récidivent de plus en plus souvent.
  4. Le Sida : avec le temps et l’absence de traitements, les défenses immunitaires de plus en plus faibles révèlent l’apparition de maladies liées à l’aggravation de l’immunodéficience. Certaines sont appelées « maladies opportunistes » et marquent l’entrée dans le stade Sida.
    Parmi ces maladies on peut compter : des pneumonies, la toxoplasmose, des infections à cytomégalovirus (CMV) qui peuvent toucher les yeux, le cerveau, etc. Ou encore de graves infections dues à des champignons microscopiques ; un herpès sévère et qui ne guérit pas spontanément ; une tuberculose ou des infections par des bactéries proches de celle de la tuberculose (mycobactéries) ; les lymphomes (cancers des lymphocytes) : des tumeurs des vaisseaux sanguins (sarcome de Kaposi) ou des cancers du col de l’utérus ou du rectum ; des troubles fonctionnels du cerveau : encéphalopathie ou leucoencéphalopathie multifocale progressive (LEMP)...

Aujourd’hui, les personnes infectées par le VIH dont le système immunitaire est affaibli reçoivent des traitements spécifiques destinés à prévenir certaines de ces maladies opportunistes.

En France, le nombre de personnes ayant découvert leur séropositivité dans l’année a tendance à baisser, 5013 nouveaux cas en 2021, contre 6 563 en 2017. Des données encore trop fragiles, on en comptait 4 753 en 2020.

Comment prévenir le SIDA ?

Les modes de transmission

Se préserver du Sida, c’est avant tout le prévenir et pour cela il est essentiel de connaître les manières dont le VIH se transmet.
Le virus a besoin d’un contact direct de la cellule hôte avec un autre organisme, mais là encore la contamination s’opère dans des conditions très précises. Ainsi les contacts avec la salive et la peau, lors d’un baiser ou d’une étreinte par exemple, n’occasionnent aucun impact.

Les modes de transmission du VIH sont :

  • Des rapports sexuels non protégés par un préservatif s’il y a pénétration vaginale, anale ou buccale
  • Un contact important avec du sang contaminé
  • La transmission de la mère à l’enfant, en cas d’absence de traitement de la mère ou pendant l’allaitement.

Un baiser, ou une étreinte ne sont pas des modes de transmission directs et ne sont donc pas à risque !

VIH, comment lutter contre le virus ?

    Il existe de nombreux moyens de prévention

    —  Vous n’êtes pas séropositif au VIH

    • Le préservatif : le meilleur moyen de prévention reste le fait de se protéger lors d’un rapport sexuel avec un préservatif masculin ou féminin.
    • La PrEP : cette stratégie de prévention consiste à prendre un médicament antirétroviral de manière continue ou discontinue pour éviter d'être contaminé par le VIH. Vous pouvez décider de l’appliquer si vous vous savez menacé par le VIH, ou parce que vous n’utilisez pas systématiquement un préservatif par exemple.

    —  Vous avez été exposé au VIH

    Si vous avez été exposé à un accident d'exposition sexuelle (AES) et à un risque de transmission du VIH, n’attendez pas : partez le plus rapidement possible aux urgences ou dans des centres de dépistages (CeGIDD) de préférence dans les 4 première heures, au plus tard dans les 48 heures.
    Après votre prise en charge et une évaluation complète, le médecin pourra, en cas de risque majeur, vous prescrire un traitement post-exposition (TPE) qui, administré assez rapidement, peut empêcher une contamination.

    —  Vous êtes positif au VIH

    Si vous avez été testé positif au VIH, vous pouvez participer à une stratégie de prévention collective en prenant le TasP (Treatment as Prevention) ou traitement antirétroviral. Le traitement bloque le virus et l’empêche de se multiplier.
    La charge virale baisse alors progressivement - en 1 à 6 mois - pour atteindre une valeur indétectable. Elle devient donc trop basse pour pouvoir contaminer d’autres personnes en cas d’exposition.

    Contactez gratuitement Sida Info Service au 0 800 840 800 ou par LiveChat pour avoir l’adresse du service des urgences ou du service VIH le plus proche.

    Grossesse et VIH : deux mots compatibles ?

    Grossesse et VIH, deux mots qui, il y a une vingtaine d’années, auraient paru incompatibles, mais dont l’alliance est aujourd’hui possible. En effet, s’assurer que son bébé n’ait aucun risque d’être séropositif au VIH, quand on est soi-même positive, devient réel avec un bon suivi médical et des traitements adaptés.

    En savoir plus sur Grossesse et VIH : deux mots compatibles ?

    Comment détecter le VIH ?

    Détecter une infection du VIH à temps, c’est essentiel pour vous, mais aussi pour les autres. En effet, on estime que 70 % des contaminations au cours d’un rapport sexuel impliquent une personne qui ignore qu’elle est infectée par le VIH. Un dépistage du VIH peut être fait 6 semaines après la prise de risque avec un test classique. En cas de résultat positif, un second test est effectué pour éviter les exceptionnelles erreurs.

    Il existe plusieurs techniques de dépistage pour vous faire diagnostiquer le plus rapidement possible :

    • L’autotest

    Il s’agit d’un test que vous pouvez faire en toute autonomie chez vous. Il est réalisé à partir d’une goutte de sang, grâce à un autopiqueur (petit appareil permettant le prélèvement de quelques gouttes de sang à l'extrémité du doigt par le patient lui-même) et est totalement fiable pour un risque de plus de 3 mois. Le résultat est obtenu au bout de 15 minutes mais doit être confirmé, en cas de positivité, par un test de dépistage classique (prise de sang). 

    • Le TROD (Test Rapide d’Orientation Diagnostique)

    Vous pouvez faire ce test dans des associations ou des services médicaux. Il permet d’avoir un résultat en 30 minutes maximum et est également totalement fiable pour un risque VIH de plus de 3 mois. Le test rapide est anonyme et confidentiel.

    • Le dépistage par prise de sang

    Il s’agit d’un examen biologique qui peut être prescrit par le médecin et qui vous sera remboursé (ce qui ne sera pas le cas si vous le faites directement en laboratoire).

    L’impact du Covid sur le dépistage : quelques chiffres

    En 2020, 30% des infections à VIH ont été découvertes à un stade avancé de l’infection. Une donnée regrettable, car une détection tardive reporte la prise en charge individuelle, avec la prescription d’un traitement antirétroviral, et augmente les risques de transmission aux partenaires pendant toute cette période.

    •  -5% de sérologies effectuées en 2021 par rapport à 2019 (= 5,7 millions de dépistages chez des professionnels de santé)
    • -15% d’auto-tests réalisés entre 2019 et 2021

    Données Santé publique France.

    Comment vivre avec le Sida ?

    Aujourd’hui il n’y a pas de moyens de guérir définitivement de la maladie. Néanmoins, si vous êtes séropositif, il existe des traitements qui permettent de vivre sans symptômes et d’éviter que ce dernier ne mute en Sida.

    2 types de traitements sont notamment prescrits pour lutter contre l’infection du VIH. Il s’agit des médicaments antiviraux utilisés dans le traitement et la prévention de l’infection du VIH. Et des traitements des infections opportunistes, indispensables aux personnes dont l’immunité est affaiblie.

    Plus de 30 médicaments différents existent aujourd’hui, ils se répartissent principalement en 3 classes :

    • Les inhibiteurs nucléosidiques de la transcriptase inverse (INTI).
    • Les inhibiteurs non nucléosidiques.
    • Les inhibiteurs de protéase.

    Une association de trois médicaments est habituellement prescrite, c’est la trithérapie qui a permis de faire diminuer de plus de 75% le développement des infections opportunistes et le passage au stade ultime de l’infection, le Sida.
     

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    Qui peut être touché ? Ne cédez pas aux idées reçues !

    Se prévenir du Sida c’est avant tout bien connaître le virus, et ne pas tomber dans des idées reçues. Tout le monde peut être atteint du VIH et du Sida, et se dire qu’on ne peut pas être touché car on n’est « ni homosexuel, ni prostituée, ni drogué » c’est négliger les risques et donc les multiplier.

    Les femmes en particulier peuvent plus facilement être contaminées par le VIH comme l’explique l’experte Catherine Kapusta Palmer.

    À l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le sida, AÉSIO mutuelle donne la parole à Catherine Kapusta-Palmer, militante pour la cause des femmes séropositives.

    Rédigé par : Clotilde CHEVALIER