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Grossesse et VIH : deux mots compatibles ?

Grossesse et VIH, deux mots qui, il y a une vingtaine d’années, auraient paru incompatibles, mais dont l’alliance est aujourd’hui possible. En effet, s’assurer que son bébé n’ait aucun risque d’être séropositif au VIH, quand on est soi-même positive, devient réel avec un bon suivi médical et des traitements adaptés.

—  Le VIH diagnostiqué avant la grossesse

Un bébé en étant séropositive, est-ce possible ?

Avoir un bébé en étant séropositive est totalement possible. Il n’y a pas de preuve formelle qui indique que la fertilité baisse avec la séropositivité. D’ailleurs, la majorité des bébés nés de mère séropositive sont conçus de manière naturelle.
Seuls 2 à 3% des couples vivant avec le VIH (virus d’immunodéficience humaine) ont recours à l’Assistance médicale à la procréation (AMP) dans un contexte d’infertilité. Ils ne sont donc pas plus nombreux que les couples non atteints.

Faut-il subir des tests de dépistage avant sa grossesse ?

Les tests de dépistage ne sont pas obligatoires avant la grossesse. En revanche, ils sont fortement recommandés afin de vous assurer qu’il y ait le moins de risques possibles pour le bébé. Il est préconisé de faire un test de dépistage :

  • Pour l’hépatite B
  • Pour la syphilis
  • Pour le streptocoque du groupe B
  • Pour la Chlamydia trachomatis
  • Pour la gonorrhée
  • Pour la rubéole (si vous n’êtes pas immunisée)
  • Pour le VIH

Il est également conseillé de recevoir une supplémentation en acide folique (vitamine B9) au moins deux mois avant la conception, jusqu’au deuxième mois de grossesse, afin d’éviter certaines anomalies congénitales. Fumer ou boire de l’alcool sont également à proscrire.

Prévention et traitement du Sida, où en sommes-nous ?

Depuis son apparition dans les années 80, le Syndrome d'immuno-déficience acquise (Sida), stade ultime du VIH, alarme et effraie. Considéré longtemps à tort comme "la maladie des homosexuels", le Sida peut impacter tout le monde et pourtant, continue d’être tabou.
Comment prévenir le VIH ? Comment le détecter et vivre avec au quotidien ? Éclairage avec AÉSIO mutuelle.

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—  Le dépistage du VIH pendant la grossesse

Pourquoi est-il important de se faire dépister pour le VIH ? 

Toutes les femmes se voient proposer un test de dépistage du VIH au premier trimestre de leur grossesse. Une fois de plus, rien d’obligatoire, en revanche se faire dépister est très important pour vous mais aussi pour votre bébé et cela même si vous avez déjà passé un test négatif avant la grossesse. En effet, si la grossesse n’aggrave pas l’évolution de l’infection par le VIH, vous risquez en revanche de transmettre le virus à l’enfant. En cas de non-détection et donc d’absence de traitement, le risque de transmission est de 25% (1 cas sur 4).

Si la grossesse n’aggrave pas l’évolution de l’infection par le VIH, vous risquez en revanche de transmettre le virus à l’enfant.

Comment se faire dépister du VIH ?

En général, le test du VIH se fait avec une simple prise de sang. Il est possible que vous ayez expérimenté des prises de sang à de nombreuses reprises durant votre grossesse pour diverses raisons. N’hésitez pas à bien vérifier que vous avez été testé pour le VIH et à le demander si ce n’est pas le cas.

Que faire en cas de séropositivité ? 

En cas de positivité au VIH, il est capital de réagir le plus rapidement possible pour vous et pour votre bébé. Et cela passe par la mise en place de traitements antirétroviraux qui réduiront considérablement les risques que votre bébé soit infecté. Cette prise d’antirétroviraux doit se poursuivre pendant votre grossesse et votre accouchement. Votre bébé doit également prendre au moins un antirétroviral jusqu’à l’âge de 4 ou 6 semaines. Si ce traitement est bien suivi alors le risque que votre bébé soit infecté par le VIH chute à moins de 1%.

Un bon suivi médical avec une prise sérieuse d’antirétroviraux, garantit un risque de transmission de la mère à l’enfant quasiment nul.

—  VIH et accouchement

Le bébé court-il un risque plus important d’infection pendant l’accouchement ?

S’il est possible pour le bébé d’être infecté par le VIH via le sang maternel en cours de grossesse, cela ne représente qu’un tiers des cas. Le plus souvent, la transmission a lieu au cours de l’accouchement (deux tiers des cas).
À ce risque, s’ajoute celui d’un accouchement prématuré. En effet, chez une femme séropositive il est de proche de 15%, ce qui est deux fois plus élevé que dans la population générale. Il est donc conseillé de demander un suivi renforcé lors de votre dernier trimestre de grossesse dans un service hospitalier spécialisé ayant l’expérience du VIH.

Est-il plus sécuritaire de pratiquer une césarienne ?

Il y a 10 ou 15 ans, on considérait que oui et on pratiquait une césarienne systématiquement. Ce n’est plus le cas aujourd’hui et dans 70% à 75% des cas, les femmes accouchent par voie basse.
En effet, la meilleure manière d’accoucher sera déterminée par votre médecin en fonction de votre charge virale par le VIH. Si votre charge virale est élevée, votre médecin recommandera probablement une césarienne pour éviter que le bébé contracte le VIH pendant votre accouchement. Tandis que si votre charge virale est faible un accouchement vaginal vous sera certainement conseillé.

Lors de l'accouchement d'une femme séropositive

Point sur les antirétroviraux

Les traitements antirétroviraux sont-ils vraiment aussi efficaces ?

Aujourd’hui, un bon suivi médical avec une prise sérieuse d’antirétroviraux garantit à une femme séropositive qui désire avoir un enfant de réaliser son souhait en abaissant sa charge virale (quantité de virus contenue dans le sang), au point que le virus devient indétectable dans le sang (moins de 50 copies par millilitre).

Le risque de transmission de la mère à l’enfant devient alors quasiment nul. Il est néanmoins essentiel que vous soyez bien accompagnée par un médecin tout au long de votre grossesse car des ajustements du traitement peuvent être nécessaires.

Constituent-ils des risques pour le bébé à long terme ?

Les antirétroviraux sont utilisés depuis plus de 20 ans dans le traitement du VIH durant une grossesse et jusqu’à présent aucun des enfants qui y ont été exposés n’a eu de problèmes majeurs pendant la petite enfance et l’enfance. Néanmoins, il est encore trop tôt pour donner une réponse définitive sur le sujet.

—  Une fois le bébé né

Comment vous assurer que le bébé n’est pas atteint par le VIH ?

Sachez déjà qu’à la naissance, votre bébé recevra normalement un traitement préventif contre le VIH. Deux molécules peuvent être utilisées, la zidovudine ou la névirapine. Selon les cas le traitement dure deux à quatre semaines.

Par la suite, des analyses sanguines seront réalisées sur votre bébé afin de vérifier la santé de votre bébé. En général, 3 analyses sanguines sont effectuées :

  • dans les quelques jours ou les quelques semaines suivant la naissance
  • à l’âge de 1 ou 2 mois
  • à l’âge de 4 à 6 mois

Dans l’immense majorité des cas, le bébé n’est pas infecté, mais il peut arriver qu’il y ait des bébés testés positifs.

Que faire si le bébé est déterminé comme positif ? 

Si l’un des tests effectués s’avère positif, il faut effectuer un autre test le plus vite possible. Si le premier test vient confirmer le premier, il faudra administrer au bébé un traitement antirétroviral qui se poursuivra indéfiniment. Ces médicaments, qui peuvent être différents de ceux qui ont été administrés jusqu’à l’âge de 4 à 6 semaines, sont considérés comme très efficaces et sécuritaires. Le bébé sera ainsi maintenu en bonne santé et pourra vivre normalement avec un suivi à vie.

Que se passe-t-il en cas de résultats négatifs ?

Si votre bébé est négatif au test et aux bilans qui suivront, on considère, dans la grande majorité des cas, que ce dernier n’a pas besoin de traitement supplémentaire. Il doit toutefois continuer d’être suivi jusqu’à l’âge de 2 ans, afin d’éliminer le moindre risque pour sa santé.

Allaiter sans faire courir de risques au bébé, est-ce possible ?

La réponse est non, malheureusement. En effet, le VIH peut passer par le lait maternel et le risque de contamination du bébé est de 30%, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). De plus, l’enfant qui est nourri au sein peut absorber des molécules antirétrovirales potentiellement toxiques pour lui. L’allaitement n’est donc pas interdit, mais fortement déconseillé. Une préparation lactée pour nourrisson enrichie en fer peut parfaitement subvenir aux besoins de votre bébé.

Le bébé peut-il recevoir les mêmes vaccins que les autres ?

Oui, votre bébé peut normalement recevoir les mêmes vaccins que les autres bébés, mis à part le vaccin BCG qui agit contre la tuberculose. Mais pensez toujours à vous renseigner auprès d’un spécialiste de santé avant de soumettre votre bébé à un nouveau traitement médical, de quelque nature que ce soit.