Santé mentale : prévenir aujourd’hui pour mieux protéger demain

Le travail, lorsqu’il est sain et réalisé dans de bonnes conditions, donne un rythme et un cadre de vie. Il offre une utilité sociale et sociétale à l’individu, il contribue au développement de la confiance en soi et du sentiment d’accomplissement et permet de nouer des relations sociales positives. Finalement, il favorise la bonne santé mentale car il permet à chacun de réaliser son potentiel, de faire face aux difficultés, de travailler avec succès et de manière productive, et d’apporter une contribution à la communauté (OMS).
Au contraire, lorsque le travail prive l’individu de sa capacité à prendre des décisions et à avoir du contrôle sur celui-ci, lorsqu’il n’est pas clairement défini ou génère des conflits éthiques, lorsqu’il n’est pas sécurisant et que le soutien social est limité, alors il peut générer de la souffrance psychique.
Cette souffrance peut entraîner l’apparition de troubles psychiques. Ces troubles affectent le raisonnement, l’état émotionnel et le comportement d’une personne et peuvent parfois faire l’objet de pathologies diagnostiquées par les professionnels de santé. Ces troubles s’installent dans la durée et altèrent la capacité de l’individu à travailler, à accomplir les activités du quotidien ou à établir des relations personnelles satisfaisantes. PSSM France (association qui œuvre en faveur de la santé mentale) cite notamment parmi eux : les troubles dépressifs, les troubles anxieux, les troubles psychotiques et les troubles liés à la consommation de substances. L’OMS estime que la dépression et l’anxiété font perdre chaque année 12 milliards de jours de travail, ce qui représente 1000 milliards de dollars de perte de productivité annuelle mondiale. La santé mentale représente donc un enjeu essentiel, car son impact s’étend à tous les niveaux de la société, de l’individu jusqu’à la société dans son ensemble, en passant par les organisations et les familles.
Aussi, prévenir l’apparition des risques psychosociaux (RPS) apparaît comme un moyen efficace de lutter contre les troubles psychiques et constitue un moyen de favoriser l’épanouissement des individus.
Au sein de l’entreprise, la prévention des RPS est l’affaire de tous. Chacun a un rôle à jouer en restant attentif à son entourage professionnel et en sachant repérer les signes de souffrance chez ses collègues. Il est essentiel de pouvoir identifier ces signaux d’alerte et de savoir comment réagir pour offrir un soutien adapté.
Parmi les indicateurs pouvant révéler un mal-être, on peut citer :
Troubles du sommeil
Difficultés de concentration et de mémoire
Changements de comportement (agressivité, irritabilité, stress intense)
Douleurs physiques inexpliquées
Perte d’appétit
Absences répétées
Diminution de la productivité
Fatigue persistante et perte de motivation
Certaines personnes sont également plus vulnérables face à ces situations. Les femmes, les personnes ayant des antécédents familiaux, celles qui vivent dans l’isolement, en situation de précarité économique ou confrontées à un stress chronique ou ayant vécu un traumatisme récent, sont plus à risque. Il est donc important d’être particulièrement attentif à leur bien-être, surtout si elles présentent plusieurs des signes évoqués ci-dessus.
Lorsque vous identifiez une personne en difficulté, il est essentiel de ne pas rester passif et d’agir le plus précocement, c’est-à-dire avant l’apparition des troubles psychiques.
Agir, c’est avant tout créer un espace de dialogue bienveillant. Cela se fait en plusieurs étapes :
1. Trouver le bon moment et le bon lieu
Approchez la personne en toute bienveillance pour partager vos inquiétudes.
Choisissez un moment où vous ne serez pas interrompu.
Privilégiez un endroit calme et neutre, à l’abri des regards indiscrets, pour qu’elle se sente en confiance.
Si elle reste fermée à la discussion, ne forcez pas. Faites preuve de patience et tentez d’engager la conversation sur des sujets du quotidien pour instaurer un climat de confiance.
2. Écouter activement et sans jugement
Laissez-la s’exprimer librement, sans l’interrompre.
Montrez de l’empathie : souvent, les personnes en souffrance ont avant tout besoin d’être écoutées et comprises.
3. Rassurer et offrir du soutien
Réconfortez-la en lui montrant qu’elle n’est pas seule.
Proposez-lui une aide concrète, par exemple en l’accompagnant dans certaines tâches qui lui paraissent insurmontables.
4. L’encourager à consulter un professionnel
Incitez-la, sans la brusquer, à se tourner vers un médecin, un psychologue ou une autre personne qualifiée.
5. L’informer sur les ressources disponibles
Orientez-la vers les services d’aide adaptés (cellule de soutien psychologique, assistante sociale, ligne d’écoute…).
L’essentiel est d’être présent, patient et bienveillant. Un simple échange peut déjà faire une grande différence.
Prendre soin de la santé mentale au travail est un enjeu collectif qui concerne chaque membre de l’entreprise. La prévention des risques psychosociaux ne repose pas uniquement sur des mesures institutionnelles, mais aussi sur la qualité des relations humaines et du soutien que nous nous apportons mutuellement.