#Changer de regard

Temps de lecture estimé : 4 minutes

Autisme et emploi : deux mots pas incompatibles

En France, on estime à environ 700 000 le nombre de personnes autistes. Une grande partie d’entre elles se destinent à entrer dans le monde du travail. L’autisme peut être alors un frein ou même une véritable barrière à l’emploi. Comment s’adapter au monde du travail lorsqu’on est touché par l’autisme ? Comment guider au mieux un proche atteint d’autisme ?

L’autisme, c’est quoi concrètement ? 

Un trouble neuro-développemental

L’autisme est un trouble qui touche le développement du cerveau, et dont les premiers signes sont perceptibles avant l’âge de 3 ans.

Ce trouble peut se manifester dans des formes très diverses selon les personnes, mais les principales altérations résident dans un comportement caractérisé par des gestes restreints et routiniers et une difficulté plus ou moins grande à communiquer.

Un handicap, encore trop souvent facteur d’exclusion

En France, l’autisme est reconnu comme un handicap depuis 1996.

Ce n’est pas une maladie mentale. Le handicap est présent toute la vie, y compris à l’âge adulte.

Les personnes atteintes de ce trouble sont ainsi souvent catégorisées comme en inadéquation avec le monde du travail qui nécessite, dans la majeure partie des cas, de la rigueur et des limites bien définies. Ce qui conduit nombre d’entre elles à être placées en institution.

Pourtant ces personnes ont, pour la grande majorité, toutes les capacités intellectuelles nécessaires pour exercer un emploi pour peu qu’elles soient encadrées un minimum.

Des ressources disponibles pour favoriser l’insertion dans le monde du travail

Parler de son autisme au travail : une bonne idée ? 

L’autisme peut être vécu par les personnes qui en sont atteintes comme un poids, ou une défaillance qu’elles doivent garder secrète dans leur vie professionnelle, sous peine d’être catégorisées voire écartées par leurs employeurs ou leurs collègues.

Cependant, parler de son autisme à son employeur peut être bénéfique et ainsi permettre de déboucher sur des aménagements, tels qu’une adaptation de poste, qui contribueront à votre insertion professionnelle.

Pour aider les personnes concernées, l’association belge Participate ! a publié des conseils pratiques dans le document : “Parler de mon autisme au travail”

Les dispositifs que vous devez connaitre 

La demande de reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé 

Vous êtes autiste ou vous avez un proche qui est atteint de ce handicap ?

De nombreux dispositifs ont été mis en place pour faciliter l’intégration dans le monde du travail. Vous pouvez notamment effectuer une demande de reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé (RQTH) à la Maison départementale des personnes handicapées (MDPH).

Vous pourrez ainsi :

  • Bénéficier du dispositif d’emploi accompagné ;
  • Réaliser une préparation à l’entretien en vue d’une embauche, via un service d’accompagnement à la vie sociale (SAVS) ou une association ;
  • Demander des aménagements pour passer un concours professionnel ;
  • Solliciter l’intervention d’un accompagnant en emploi. 

Des aides à l’emploi spécifiques pour les personnes atteintes d’autisme 

Vous désirez vous orienter vers un organisme qui met en place des dispositifs précisément à destination des personnes autistes ? Quelle que soit votre région, vous pouvez trouver des structures d’accompagnement, notamment en vous renseignant après de la MDPH.

Quelques exemples :

Et si vous souhaitez vous orienter vers un secteur précis, des structures ont également mis en place des formations spécialisées dédiées aux personnes atteintes d’autisme. 

  • Autism Friendly Académie est une structure à destination des jeunes qui offre une passerelle pré-professionnelle aux adolescents autistes en rupture de vie scolaire. Elle les forme notamment dans les domaines du monde manuel, technique et artisanal ;
  • Auticonsult est spécialisé dans l’emploi des personnes autistes dans le secteur de l’informatique.

Adaptation et valorisation : les clés de la compatibilité entre autisme et emploi

Disposer de structures d’aides pour trouver un emploi c’est une chose, mais comment vous assurer le suivi en emploi, une fois en poste, et sécuriser votre parcours professionnel ?

Si vous êtes une personne présentant de l’autisme ou bien un proche inquiet devant un cadre de travail qui parait rempli de règles en apparence incompatibles avec un comportement « hors normes », rassurez-vous !  

Vous pouvez demander à ce que l’environnement et le poste de travail fassent l’objet d’une évaluation, afin de proposer des aménagements parmi lesquels :

  • Un bureau isolé afin d’éliminer les sources de gêne, comme les simulations visuelles, olfactives et auditives ;
  • Une possibilité de télétravail ;
  • Un rythme de travail adapté (temps partiel, pauses) ainsi que des horaires de travail ajustés, afin d’éviter les heures de pointe dans les transports en commun ;
  • Des tâches structurées avec des consignes claires ; 
  • Un tuteur avec qui organiser des rencontres régulières afin de réajuster, si besoin, les aménagements.
     

Quand ils riment avec encadrement et adaptation, autisme et emploi sont donc deux mots totalement compatibles. La finalité est de permettre le développement de la personne dans toutes ses dimensions : sociale, professionnelle, spirituelle, dans un esprit de tolérance et de respect des diversités.