Dépression à la retraite : l’importance de bien anticiper

Se projeter à la retraite, c’est souvent s’imaginer avoir enfin le temps de profiter, de faire de nouveaux projets, libéré des contraintes du travail… Mais c’est aussi un véritable changement de vie qui s’accompagne de défis et de bouleversements. La fin de carrière marque la fin d’une routine professionnelle. Il faut apprendre à réorganiser le quotidien, retrouver de nouvelles habitudes, et parfois même, du sens. 

« Il y a une perte de repères totale du jour au lendemain. C’est pour ça qu’il est important de préparer en amont cette transition pour bien la vivre. Sinon, c’est une période qui peut être très déstabilisante. » 

 À quels changements s’attendre à la retraite ?

Anticiper son départ à la retraite, c’est donc en premier lieu se préparer à changer, parfois radicalement, de rythme de vie. « Quand on est futur retraité, on n’a pas toujours conscience de ce qu’il va se passer. Il y a d’abord un bouleversement de son cadre, mais aussi de son lieu de vie, puisque l’on n’est plus obligé de se lever le matin et de sortir de chez soi », détaille Anne-Sophie Le Berre-Doudet. 
De fait, pendant des années, le quotidien est organisé autour du travail, qu’il s’agisse des horaires, de la vie familiale ou des loisirs.

Sans ce cadre professionnel, ces contacts et missions, les journées peuvent sembler vides, et un sentiment de désœuvrement et de mal-être peut s’installer. D’autant plus si les conditions du départ à la retraite sont mal vécues : « Pour certaines personnes qui se sentent mises à l’écart vers la fin de leur carrière, il peut y avoir une perte de confiance en soi très forte. Dans ces cas-là, le départ en retraite est souvent un soulagement, mais teinté d’une dimension négative, avec une remise en question de ses capacités, qualités et talents. » 

Coup de blues ou dépression : quels sont les signes à surveiller ?

Même quand il est attendu avec impatience et enthousiasme, le départ à la retraite demande inévitablement un temps d’adaptation. Ces ajustements peuvent être difficiles à vivre et provoquer des « coups de blues »

« Mais à la retraite, on n’est plus sollicité de la même manière. Le risque, c’est la perte de lien social, qui peut avoir un impact important sur la santé. Il y a aussi un risque de perte identitaire : qui suis-je sans mon masque socioprofessionnel ? Quelle est mon utilité ? Comment continuer à exister autrement ? », poursuit Anne-Sophie Le Berre-Doudet.

À cette désocialisation peuvent s’ajouter des événements et situations qui aggravent le mal-être ressenti. C’est le cas, par exemple, si vous souffrez de problèmes de santé qui vont avoir tendance à vous isoler ou compliquer la gestion du quotidien. Vous pouvez aussi être préoccupé par des difficultés financières liées à la perte de revenus à la retraite.

Comment faire la part des choses alors entre coup de blues et dépression ? 

Généralement, le coup de blues est un état passager qui s’atténue avec le temps, lorsque la situation s’améliore ou grâce aux distractions. En revanche, certains signes sont à surveiller et peuvent nécessiter de consulter un professionnel de santé :

• une tristesse persistante,
• une perte d’intérêt pour les activités du quotidien ou qui étaient agréables,
• des insomnies ou troubles du sommeil,
• une baisse de l’énergie,
• des pensées négatives… 

Comment se préparer sereinement à la retraite ?

Au-delà des défis qu’elle implique, la retraite est aussi une période de renouveau, synonyme de nouvelles expériences enrichissantes et épanouissantes, lorsque la transition s’opère dans de bonnes conditions. Et pour cela, pas besoin d’attendre : « En termes de préparation technique, dès 55 ans, c’est important d’avoir une idée de quand partir à la retraite et d’anticiper son budget. Sur l’aspect émotionnel et psychologique, je recommande de se préparer, en étant accompagné par exemple, durant les trois dernières années avant le départ en retraite. »

L’objectif est de quitter progressivement l’univers professionnel pour s’investir dans d’autres sphères et identifier de nouveaux projets de vie. 
C’est l’occasion, notamment, d’explorer de nouvelles passions, de vous impliquer dans l’associatif, de vous lancer dans une activité sportive, de voyager, ou encore, tout simplement, de prendre soin de vous ! « J’ai l’habitude de dire qu’il y a trois types de temps à la retraite, détaille Anne-Sophie Le Berre-Doudet. D’abord, le temps libre, où l’on profite des loisirs, de ses amis, de sa famille, où l’on prend soin de soi physiquement et mentalement. Ensuite, on a le temps perdu, qui est celui de l’observation, de la méditation, de la respiration. Et le dernier, c’est le temps pour continuer à grandir, à évoluer, à se stimuler intellectuellement. »

Pas question pour autant de se culpabiliser ou de s’imposer des objectifs qui ne nous correspondent pas, rappelle la fondatrice de Fri Liv. « Oui, on a le droit de lâcher prise, de profiter de son temps quand on arrive à la retraite. Et chaque retraité est différent. Pour certains, sur le long terme, le lâcher-prise peut entraîner de l’oisiveté, et des questionnements qui font tourner en rond. Mais on peut aussi avoir envie de ne rien faire à la retraite, ou de se consacrer uniquement à ses petits-enfants, et c’est totalement légitime ! Le tout est de trouver son équilibre et ce qui nous convient. »