La contraception masculine : où en sommes-nous ?
La contraception, ce sont souvent les femmes
Même si le préservatif masculin, qui remonte au Xe siècle, est souvent le mode de contraception adopté lors des premiers rapports sexuels, ce sont ensuite les femmes qui prennent en charge cette responsabilité.
Selon une enquête menée entre 2019 et 2023 par l'Inserm et l'ANRS-Maladies infectieuses émergentes, 91 % des femmes de 18 à 49 ans en France utilisent un moyen contraceptif. Parmi elles, la pilule oestroprogestative reste une méthode très répandue, notamment lors du premier rapport sexuel.
Méthodes de contraception les plus utilisées en France**
- Pilule : 36,6 % ;
- Préservatif masculin : 15,5%
- DIU (Dispositif Intra-Utérin) : 25,6%
- Implant : 4,3%
- Patch ou anneau : 1%
- Stérilisation à visée contraceptive : 4,5%
- Autres méthodes : 4,6%
Pour en savoir plus
Comment choisir sa contraception ?
La diversification de l’offre fait qu’aujourd’hui chaque femme, homme, ou couple, a la possibilité de choisir la contraception qui lui convient. Tour d’horizon des différentes possibilités.
Le Forum parlementaire européen pour les droits sexuels et reproductifs (EPF) édite chaque année un atlas politique de la contraception en Europe. Il évalue l'accès aux moyens de contraception, aux services de conseil et à l'information en ligne. En 2025, la France se classe de nouveau en tête avec un score de 93,2 %, à égalité avec le Luxembourg, devant le Royaume-Uni (91,6 %) et la Belgique (90,3 %), tandis que la Pologne reste en bas du classement avec seulement 33,2 %.
A noter, seul le préservatif protège des Infections sexuellement transmissibles. Pensez à vous protéger !
Quels sont les modes de contraception à disposition des hommes ?
Les méthodes disponibles actuelles pour les hommes sont assez peu nombreuses et, comme pour les femmes, il n’y a pas de solution totalement satisfaisante. En dehors du préservatif, elles sont vécues comme frustrantes (retrait), astreignantes (slip chauffant) ou définitives (vasectomie). De plus, elles sont assez récentes, ce qui implique une phase d’acceptabilité, à croiser avec les paramètres d’efficacité et de réversibilité.
Le préservatif masculin
Le préservatif masculin demeure le moyen contraceptif le plus courant chez l’homme, simple d’utilisation et protecteur de la santé sexuelle. Le préservatif est une fine membrane placée sur le pénis pour empêcher la fécondation.
Le modèle en latex reste le plus courant et le plus résistant, tandis que celui en polyuréthane convient aux personnes allergiques. Correctement utilisé, il est efficace à 98 % et constitue le seul moyen de contraception protégeant aussi des infections sexuellement transmissibles (IST).
Le coitus interruptus (retrait)
Cette méthode naturelle de contraception masculine consiste à retirer le pénis avant l’éjaculation pour éviter une grossesse. Simple en apparence, elle reste peu fiable (27 % d’échec) car il est difficile de contrôler parfaitement l’éjaculation. De plus, des spermatozoïdes peuvent être présents avant l’éjaculation, entraînant un risque de grossesse non désirée.
La vasectomie
La vasectomie, contrairement aux méthodes hormonales, est une option définitive qui consiste à sectionner les canaux déférents, empêchant les spermatozoïdes d’être émis dans le sperme. Réalisée sous anesthésie locale, elle est très fiable (0,1 % d’échec). En France, la loi impose un délai de réflexion de 4 mois avant l’intervention.
La méthode thermique
Cette méthode de contraception masculine réversible repose sur un principe simple : augmenter la température des testicules pour bloquer temporairement la production de spermatozoïdes. Le port d’un slip chauffant ou d’un dispositif similaire maintient les testicules au chaud environ 15 heures par jour pendant trois mois. Un spermogramme permet ensuite de vérifier l’efficacité de la méthode.
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La recherche médicale se poursuit
La pilule masculine
Toujours en développement, la pilule contraceptive masculine avance grâce à des approches non hormonales comme la molécule YCT-529, testée en essai clinique.
Les premiers résultats sont encourageants, sans effet sur la libido ni la fertilité.
Sa commercialisation n’est pas attendue avant la fin de la décennie.
La piqûre d’hormones
Marginale en France, sans reconnaissance des autorités de santé, la méthode hormonale donne de bons résultats et des effets secondaires assez limités. Elle consiste à injecter chaque semaine une dose hormonale (progestérone + testostérone) afin de faire baisser le taux de testostérone dans les testicules et de diminuer, voire supprimer, la production des spermatozoïdes. En revanche, elle nécessite de réaliser un spermogramme tous les trois mois afin de contrôler l’efficacité du traitement. Sa durée maximale recommandée est de dix-huit mois consécutifs.
Le gel transdermique d’hormones
Ce gel hormonal masculin, appliqué quotidiennement sur les épaules ou le torse, combine ségéstrone et testostérone pour bloquer la production de spermatozoïdes.
Les essais cliniques montrent une bonne tolérance, mais le produit reste à l’étude.
Le gel bloquant
Cette méthode consiste à injecter un gel polymère dans les canaux déférents pour bloquer les spermatozoïdes. Le prototype RISUG, testé en Inde, et le Vasalgel américain affichent des résultats prometteurs, mais ne sont pas encore commercialisés.
Les hommes sont de plus en plus favorables à une contraception les concernant
Malgré un réel enjeu d’égalité entre les femmes et les hommes en matière de contraception, les méthodes masculines peinent encore à se développer. En cause, le manque d’investissement dans la recherche et des politiques publiques peu enclines à faire bouger les choses. En revanche, côté mentalités, les lignes bougent et les hommes montrent un intérêt grandissant à contrôler leur fertilité.
Selon le Collège de la Médecine Générale (2024), seulement 0,5 % des hommes ont eu recours à la vasectomie. L’Association Française d’Urologie (Urofrance, 2024) précise que ce chiffre pourrait atteindre 1,2 % en incluant les interventions récentes, la pratique ayant été multipliée par 15 en douze ans.
Les méthodes expérimentales, telles que la méthode thermique, continuent de susciter l’intérêt, mais restent très peu utilisées et toujours en phase d’évaluation clinique. Quant à la pilule masculine, elle attire un intérêt théorique important, mais n’est pas encore disponible sur le marché français.
- * Vie Publique 2017) ;
- ** Etude Ifop 2018 (Institut français d’opinion publique).
La contraception masculine représente un enjeu majeur d’égalité, de santé et d’innovation contraceptive. Elle ouvre la voie vers une utilisation plus équilibrée des moyens contraceptifs entre femmes et hommes.










