La contraception masculine : où en sommes-nous ?
La contraception, ce sont souvent les femmes
Même si le préservatif masculin, qui remonte au Xe siècle, est souvent le mode de contraception adopté lors des premiers rapports sexuels, c’est ensuite la gente féminine qui prend en charge cette responsabilité. En France, 71,8% des femmes non-ménopausées utilisent un moyen de contraception*. C’est aussi la pilule qui reste la plus utilisée depuis sa mise sur le marché en 1967.
Méthodes de contraception les plus utilisées en France**
- Pilule : 37 % ;
- Stérilet : 25 % ;
- Préservatif masculin : 21 % ;
- Injections et implants : 8 % ;
- Méthodes traditionnelles (retrait, méthode du calendrier, de la courbe de température...) : 4 % ;
- Stérilisation féminine (occlusion des trompes de Fallope) : 2% ;
- Autres méthodes : 3%.
En savoir plus
Comment choisir sa contraception ?
La diversification de l’offre fait qu’aujourd’hui chaque femme, homme, ou couple, a la possibilité de choisir la contraception qui lui convient. Tour d’horizon des différentes possibilités.
Le Forum parlementaire européen pour les droits sexuels et reproductifs (EPF) édite chaque année un atlas politique de la contraception en Europe. Il évalue l'accès aux moyens de contraception, aux services de conseil et à l'information en ligne. En 2022, la France se place en tête avec un score de 91,1%, égal à celui de la Belgique et du Royaume-Uni, et très loin devant la Pologne avec ses 33,5%.
A noter, seul le préservatif protège des Infections sexuellement transmissibles. Pensez à vous protéger !
Quels sont les modes de contraception à disposition des hommes ?
Les méthodes disponibles actuelles pour les hommes sont assez peu nombreuses et, comme pour les femmes, il n’y a pas de solution totalement satisfaisante. En dehors du préservatif, elles sont vécues comme frustrantes (retrait), astreignantes (slip chauffant) ou définitives (vasectomie). De plus, elles sont assez récentes, ce qui implique une phase d’acceptabilité, à croiser avec les paramètres d’efficacité et de réversibilité.
Le préservatif masculin
C’est le plus connu et le plus utilisé. Cette fine membrane qui couvre le pénis permet de contenir l’émission de sperme au moment de l’éjaculation. Si le préservatif en latex est le plus efficace avec moins de risque de rupture, celui en polyuréthane convient mieux en cas d’allergie, mais il est plus onéreux. Son taux d’efficacité, lorsqu’il est correctement positionné, est de 98%. Le préservatif offre également l’avantage de prévenir les IST.
Le coitus interruptus (retrait)
Il s’agit pour l’homme de retirer son pénis du vagin avant l’éjaculation. Simple en pratique, le risque d’échec est pourtant assez important (27%) car il n’est pas toujours évident de bien maîtriser son éjaculation. De fait, il existe un risque que quelques spermatozoïdes migrent dans le vagin avant même les premiers spasmes de l’éjaculation.
La vasectomie
Méthode de stérilisation masculine irréversible, elle consiste à ligaturer, sectionner ou coaguler les canaux déférents au niveau scrotal pour empêcher les spermatozoïdes de se mélanger au liquide spermatique. La vasectomie est une intervention chirurgicale qui se pratique sous anesthésie locale ou générale. C’est la méthode contraceptive la plus fiable avec 0,1% d’échec. La procédure prévoit un délai de réflexion de 4 mois entre les deux consultations préopératoires et la réalisation de l’opération.
La méthode thermique
Pour produire des spermatozoïdes, les testicules doivent être maintenus à une température inférieure au reste du corps (à 34 ou 35°). La méthode consiste donc à accroitre légèrement leur température grâce à la chaleur corporelle. Ce résultat est obtenu à l’aide d’un slip dit « chauffant » qui plaque les testicules vers l’entrejambe. Il doit être porté au moins 15 heures par jour. Un spermogramme réalisé au bout de trois mois permet de s’assurer que le nombre de spermatozoïdes a chuté sous le seuil contraceptif.
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La recherche médicale se poursuit
La pilule masculine
En développement depuis des années, l’enjeu consiste à créer un contraceptif capable de neutraliser des milliers de spermatozoïdes fabriqués en continu, facile à prendre, dont l’action est réversible, sans affecter la fertilité. Enfin, les effets secondaires, notamment en termes de baisse de libido et de pilosité, restent difficilement acceptables par les hommes. Plusieurs approches et molécules ont été testées et le restent encore. Pour autant, les scientifiques s’accordent à dire qu’il faudra encore de nombreuses années pour parvenir à une pilule efficace et sûre.
La piqûre d’hormones
Marginale en France, sans reconnaissance des autorités de santé, la méthode hormonale donne de bons résultats et des effets secondaires assez limités. Elle consiste à injecter chaque semaine une dose hormonale (progestérone + testostérone) afin de faire baisser le taux de testostérone dans les testicules et de diminuer, voire supprimer, la production des spermatozoïdes. En revanche, elle nécessite de réaliser un spermogramme tous les trois mois afin de contrôler l’efficacité du traitement. Sa durée maximale recommandée est de dix-huit mois consécutifs.
Le gel transdermique d’hormones
Il s’agit d’un contraceptif hormonal qui s’applique sur l’épaule. Il comprend des hormones progestatives qui bloquent la formation de spermatozoïdes, et de la testostérone pour compenser les effets de la première sur la pilosité et la libido. À l’étude dans une dizaine de centres de recherche dans le monde, la phase 2 de test est en cours aux Etats-Unis.
Le gel bloquant
Le médecin injecte directement le gel dans les canaux déférents qui transportent le sperme entre les testicules et la prostate. Il bride ainsi efficacement la progression des spermatozoïdes avant de les détruire. Un prototype de ce gel, le Risug (Reversible Inhibition of Sperm Under Guidance), a été mis au point en Inde. C’est le seul à atteindre des essais cliniques de phase 3 (évaluation thérapeutique sur un grand nombre de patients). Il n’est pas encore disponible.
Les hommes sont de plus en plus favorables à une contraception les concernant
Malgré un réel enjeu d’égalité entre les femmes et les hommes, les méthodes contraceptives dédiées à ces derniers peinent encore à se développer. En cause, le manque d’investissement dans la recherche et des politiques publiques peu enclines à faire bouger les choses. En revanche, côté mentalités, les lignes bougent et les hommes montrent un intérêt grandissant à contrôler leur fertilité.
Une étude de 2021 publiée par Statista indique le pourcentage d’hommes âgés de 18 à 30 ans prêts à utiliser l’une des méthodes contraceptives masculines suivantes :
- Pilule masculine : 37%
- Vasectomie : 22%
- Slip chauffant : 12 %
- Autres techniques non spécifiées : 29%
- * Vie Publique 2017) ;
- ** Etude Ifop 2018 (Institut français d’opinion publique).