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L'éreutophobie : comment combattre sa peur de rougir ?

Vous est-il déjà arrivé de rougir dans une situation stressante ou honteuse, sans pouvoir faire quoi que ce soit pour vous en empêcher ?
Le rougissement des joues peut devenir perturbant, voire angoissant, lorsqu’il survient de manière répétée. On parle alors d’éreutophobie.

Pourquoi rougit-on quand on est gêné ?

Le rougissement des joues est une réaction totalement banale au quotidien, bien que plus ou moins visible en fonction des types de peaux. Il s’agit d’un afflux massif et incontrôlé de sang dans les petits vaisseaux présents sous la peau du visage, qui peuvent se dilater sous le contrôle du système nerveux. Il peut survenir pour deux raisons :

  • À la suite d’un effort physique afin de rafraîchir le corps en évacuant un peu de chaleur excessive. Il s’agit alors d’une réaction totalement automatique de notre corps pour maintenir une température stable, en augmentant la surface de contact avec l’air ambiant via la circulation du sang sous la peau.
  • En réaction à des émotions fortes, comme la joie, la colère ou l’embarras. Celles-ci provoquent l’activation du système nerveux, libérant ainsi de l’adrénaline, ce qui a pour effet d’agir directement sur les vaisseaux du visage.

Vous vous demandez, à chaque prise de parole en public « Pourquoi je deviens tout rouge ? » D’où vient cette peur de rougir en public et pourquoi certains rougissent-ils plus que d’autres ?
Bien que les profils soient divers et variés, il semblerait que les personnes dont les émotions sont à fleur de peau, comme les timides maladifs ou les hypersensibles aient beaucoup plus tendance à rougir que les autres. Si vous avez confiance en vous et n’êtes pas sujet aux émotions vives, vous aurez moins tendance à rougir de gêne. De même, le rougissement des joues pourrait également avoir une importante dimension héréditaire. En effet, il n'est pas rare de trouver plusieurs personnes qui rougissent beaucoup au sein d'une même famille.

Qu’est-ce que l’éreutophobie ?

Peut-être que le terme « éreutophobie » ne vous dira rien, mais la première observation de ce dernier, tiré du grec « ereuthô » (je rougis) et « phobos » la peur ou l'effroi, a été faite en 1846. Il est décrit comme la peur obsédante du rougissement.

Il faut dire que dans les codes de la société, le rougissement est associé à une marque de faiblesse, de timidité, de crédulité, de culpabilité voire de mensonge. C’est pourquoi certaines personnes, plus sujettes au rougissement que la moyenne, développent une crainte obsédante et un trouble anxieux. Cette peur étant elle-même une émotion vive, ces personnes se mettent inéluctablement à rougir. Dès lors, elles s’enferment dans un cercle vicieux, le phénomène s’amplifiant.

Le mécanisme peut débuter à n’importe quel âge, mais a tendance à s’accroître à l’adolescence. De même, il se fait plus rare une fois 40 ans passés.

Quelles sont les conséquences de la peur de rougir au quotidien ?

Comme toutes les phobies, l’éreutophobie va beaucoup influencer le quotidien de ceux qui en sont atteints. Quand on a la phobie d’un objet, d’un aliment ou d’un élément, on peut tenter de l’éviter.
C’est plus compliqué quand la moindre interaction est susceptible de déclencher votre phobie. Les personnes touchées peuvent rougir entre 20 et 30 fois par jour ! La plupart des activités deviennent alors de plus en plus difficiles et la phobie sociale s’installe.

De peur d’être exposés aux moqueries ou à un sentiment de honte lorsqu’ils rougissent à la moindre émotion, certains restent cloitrés dans un environnement sans surprises, s’enfermant dans une routine rassurante qui les coupe du monde et d’éventuels facteurs de déclenchement.

Comment savoir si vous êtes atteint d’éreutophobie ?

Contrairement à ce qu’on pourrait penser, les personnes souffrant d’éreutophobie ne correspondent pas à un profil type. Toutes ne sont pas introverties, timides ou en retrait. Frédéric Beigbeder et Johnny Hallyday en auraient souffert !

Comment différentier l’éreutophobie du simple rougissement par timidité ? Un questionnaire a été publié dans le Journal Canadien de Psychiatrie en septembre 2010 [lien].

Mesurez votre éreutophobie

0 - Jamais au cours de la dernière semaine
1 - Rarement (moins d'une fois par jour)
2 - Environ une fois par jour
3 - Plusieurs fois par jour
4 - Plus de 10 fois par jour

0 - Jamais au cours de la dernière semaine
1 - Rarement (moins d'une fois par jour)
2 - Environ une fois par jour
3 - Plusieurs fois par jour
4 - Plus de 10 fois par jour

0 - Jamais au cours de la dernière semaine
1 - Rarement (pas tous les jours)
2 - Tous les jours, mais moins de la moitié de la journée
3 - Tous les jours, plus de la moitié de la journée
4 - Tous les jours, toute la journée ou presque en continu

0 - Très légère (ou aucune crise)
1 - Légère
2 - Moyennement intense
3 - Intense
4 - Extrêmement intense

0 - Pas dépassé(e) ni impuissant(e), ou pas de problème du tout
1 - Légèrement dépassé(e) ou impuissant(e)
2 - Moyennement dépassé(e) ou impuissant(e)
3 - Grandement dépassé(e) ou impuissant(e)
4 - Extrêmement ou complètement dépassé(e) ou impuissant(e)

0 - Aucun retentissement ou pas de problème du tout
1 - Retentissement léger
2 - Retentissement moyen
3 - Retentissement important
4 - Retentissement extrême

Cochez une réponse pour chaque question et additionnez les chiffres - de 0 à 4 - obtenus. Un score supérieur à 6 indique une éreutophobie globale (le diagnostic doit être confirmé par un spécialiste). Un score supérieur à 12 indique une éreutophobie relativement intense.
Il est possible, grâce à cette échelle, de comparer l'intensité de l'éreutophobie avant et après un traitement par exemple, ou son évolution dans le temps.

Comment vaincre la peur panique de rougir ?

Il existe plusieurs approches pour venir à bout de l’éreutophobie.
Des méthodes thérapeutiques qui montrent de bons résultats :

  • La relaxation : le rougissement apparaît à cause du stress de son déclenchement. Il est donc important d’apprendre à faire un travail sur vous-même et à contrôler votre respiration et votre corps. Pour cela, détendez-vous ! Cela peut se faire de façon très simple, avec de la musique ou du calme, ou encore de façon plus technique à l’aide de séances de Yoga, de sophrologie ou de méditation, par exemple.
  • L’hypnose Ericksonienne : il s’agit d’une discipline qui permet au patient d'accéder au réservoir de ses ressources inconscientes et intérieures. Elle est très efficace pour tout ce qui relève des obsessions, comme l’éreutophobie.
  • La programmation neurolinguistique (PNL) : c’est un ensemble de techniques qui visent à favoriser le développement personnel de l'individu, en changeant la façon dont il perçoit son environnement.
  • Les Thérapies Comportementales et Cognitives (TCC) : il s’agit d’un éventail de différentes approches thérapeutiques qui combinent : l'exposition, la mise à distance des pensées par des techniques de relaxation, le travail sur les obsessions et l'affirmation de soi.

Dans tous les cas, n’hésitez pas à consulter un spécialiste pour poser un diagnostic et établir des solutions : un psychologue, un psychiatre ou votre médecin traitant. Ne vous lancez pas dans l’essai de méthodes thérapeutiques sans un avis médical clair, complet et approprié à la situation.


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Sources

-  https://www.passeportsante.net
-  https://www.pourquoidocteur.fr
-  https://www.u-pec.fr/

 

Rédigé par : Clotilde CHEVALIER