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Hypersensible : un atout dans le monde professionnel ?

Autrefois qualifiés de timides ou d’introvertis, les hypersensibles sont enfin reconnus en tant que tels. Loin de toute considération médicale, l’hypersensibilité est une particularité que les spécialistes des émotions ont su décrypter. Au travail, l’hypersensibilité peut être une qualité, à condition d’avoir conscience de ses spécificités et de les exploiter à bon escient.

Explications avec Charlotte Wils, psychopraticienne, spécialisée dans l’accompagnement des personnes hypersensibles.

Quelles sont les spécificités liées à l’hypersensibilité ?

Il y a autant d’hypersensibilité que d’hypersensibles, d’ailleurs ce n’est pas une pathologie. Toutefois, sans coller d’étiquette, on remarque que les hypersensibles ont une capacité accrue à percevoir des informations, sensorielles, cognitives ou intuitives.

La plupart expriment le sentiment d’être en décalage depuis la plus tendre enfance, d’être différent des autres. L’hypersensible est un hyperempathique, capable de ressentir les émotions d’autrui et d’en porter la charge.

La pensée intuitive et la forte croyance en des valeurs telles que la justice, le respect sont également très présents chez les hypersensibles. On considère qu’ils sont environ 30 % dans la population.

Est-ce qu’on naît hypersensible ou on le devient ?

Le consensus autour de cette question est clair : on naît hypersensible.

D’un point de vue biologique, les perceptions sensorielles sont plus développées que la moyenne. L’hypersensible capte beaucoup de détails tout en étant capable de voir les choses d’une manière globale. Sa vision n’est pas meilleure, mais elle est plus affinée.

Sur le plan neurologique, certaines zones du cerveau sont davantage actives, comme celle qui génère l’empathie. Les recherches sont en cours sur le caractère génétique de l’hypersensibilité. 

Dans le domaine professionnel, quelles sont les forces des hypersensibles ?

L’hypersensible a un énorme pouvoir d’adaptation et une grande capacité de vision.

Dans l’entreprise, c’est une qualité. Il est sociable, au sens où il est doué d’une extrême empathie envers les autres. Par ailleurs, il adore apprendre tout au long de sa vie et est stimulé par la possibilité d’évoluer, de s’améliorer. Il est également résilient, capable de rebondir après des moments difficiles. Sans tomber dans la caricature, les hypersensibles peuvent davantage s’épanouir dans des métiers comme dirigeants d’entreprise ou consultants.

Et les faiblesses des hypersensibles au travail ?

Il peut parfois se retirer du monde s’il se sent débordé. Ses relations sociales peuvent être compliquées, faute de bien communiquer. Un hypersensible ne sait pas remettre l’autre à sa place, craignant de le blesser. Il évite le conflit et prend sur lui, en permanence.

Attention à ne pas être trop caméléon au risque de perdre son identité dans un groupe. 
 

charlotte-wils

J’aime dire que l’hypersensible est un utopiste avec le désir constant de faire plaisir et que les choses se passent le mieux possible . ”

Charlotte WILS Psychopraticienne, spécialisée dans l’accompagnement des personnes hypersensibles.

Quels conseils donneriez-vous à un hypersensible dans le cadre de son activité professionnelle ?

Le point qui mérite d’être développé est la communication. L’hypersensible doit apprendre à se positionner, à développer sa pensée, à l’affirmer et à faire face aux conflits.

Par ailleurs, attention à la suradaptation. Il ne faut pas aller contre sa propre nature et face à un surplus déstabilisant de travail ou de pression, savoir dire non.

Autre conseil : être en accord avec l’éthique de son entreprise, de ses activités, de sa politique RH ou environnementale.  Il ne s’agit pas de se nier soi-même.

Les managers veilleront à intégrer les hypersensibles dans les prises de décisions, dans les réflexions en amont. Il est important aussi de comprendre qu’un hypersensible a besoin de temps de repos, de solitude pour mieux revenir. Les collègues doivent le comprendre. 

Comment diagnostiquer l’hypersensibilité ?

Ce n’est pas une pathologie, il n’y a donc pas de diagnostic médical, mais il existe des tests reconnus.

Parmi eux : celui des 23 questions d’Elaine Aron , de Boris Cyrulnik ou de Saverio Tomasella . 

Faire le test d'Elaine ARON

Un hypersensible N’EST PAS forcément…

  • Susceptible. Il n’a tout simplement pas le même niveau de sensibilité que d’autres. 
  • Haut potentiel. Pour le savoir, il est nécessaire de passer des tests de QI avec un professionnel habilité.
  • Ultra-sensible avec des débordements d’émotions difficiles à contenir ayant pour l’origine son environnement.
  • Hyperactif avec des troubles de l’attention. 
     
  • Les travaux de recherches d’Elaine Aron, psychologue et chercheuse américain, pionnière sur le sujet.
  • « Hypersensibles, Trop sensibles pour être heureux ? » aux éditions Eyrolles de Saverio Tomasella, docteur en psychologie et psychanalyste.
  • « Itinéraire d'une ultrasensible » aux éditions Leduc de Charlotte Wils et « Fort comme un hypersensible » co-écrit avec Maurice Barthélemy aux éditions Michel Lafon.