Chacun son Tanguy —

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Donner du sens au travail : une priorité pour les générations X et Y ?

Il y a autant de définitions du mot « sens » que d’employés… Alors comment parvenir à attirer ces jeunes plein d’attentes et d’espoir, nouveaux sur le marché de l’emploi, et ne pas les décevoir ?
D’ailleurs, donner du sens au travail, est-ce que ce n’est QUE le souci de la jeune génération, ou un besoin plus global, qui concerne aussi nos Tanguy ?

Avant de savoir comment donner du sens à son travail, il faut déjà s’entendre sur la définition du « sens » : la quête de sens au travail, c’est l’utilité perçue que l’on en a. À la fois l’utilité des tâches individuelles et celle du projet proposé par l’entreprise.

Mais, voilà, l’utilité est une notion toute subjective ! Et il y a autant de définitions du « sens » que d’employés… Et s’il n’est pas possible de définir ce qu’est donner du sens, comment parvenir à motiver les – jeunes – salariés, y compris les Tanguy, au quotidien ?!?

61% des GenZ privilégient la Qualité de Vie au Travail, par rapport au salaire. (source étude Adecco)

Des jeunes décomplexés face au monde du travail

Par “jeunes” collaborateurs, il faut comprendre : 

  • Les Millennials, ou Génération Y, nés entre 1980 et 1995. Ils représenteront 75% des employés en 2025 ;
  • La Génération Z (appelée aussi GenZ), née après 1995, qui commence à entrer sur le marché de l’emploi.

Déjà, dans ces 2 tranches d’âges pourtant pas si éloignées l’une de l’autre, les dissensions existent. Par exemple, comme l’illustre l’infographie de Yatedo ci-dessous (moteur de recherche de personnes, orienté recrutement), là où la Génération Y cherche une stabilité financière, la GenZ, elle, privilégie la qualité de vie.

À l’inverse, pour ces 2 générations de jeunes collaborateurs, la quête de sens est un objectif commun, notamment à travers la notion de "projet" plutôt que de poste.

Des idées reçues (en partie) à déconstruire

Méconnus des employeurs et des RH, principalement à cause de leur jeune âge, les générations Y et Z pâtissent de nombreux clichés.
Ils sont souvent qualifiés d’employés qui ne supportent pas les rapports hiérarchiques, aux exigences professionnelles impossibles à satisfaire, seulement intéressés par leur propre personne, etc. A priori, le portrait de ces ‘égoïstes’ aurait plutôt tendance à effrayer et déstabiliser les recruteurs…

Ils ne jurent que par un billard dans la salle de repos ? Des bureaux décloisonnés ? Des cantines vegans ? Vraiment ?
Ces croyances sont souvent bien éloignées de la réalité :

  • Si les jeunes sont plus sensibles à leur cadre de travail que leurs collègues plus âgés, en réalité, leurs demandes ne sont pas si extravagantes. Par exemple, 2 jeunes sur 3 préfèrent des bureaux fermés, individuels [lien enquête Cegos plus bas] plutôt que des open-spaces bruyants collectifs ou des zones de travail impersonnelles.
  • Trouver un job « qui fait sens » est important, certes, mais encore faut-il garantir la stabilité économique. C’est donc bien le salaire qui reste le 1er critère d’attractivité chez les jeunes ! 

Ouf. Ces jeunes ne sont donc pas des extra-terrestres. Pour autant, on ne peut pas exclure toutes leurs idées sur une vision "poussiéreuse" du travail : confiance envers les dirigeants, rôle au sein d’une équipe, valeurs humaines mises au premier plan… sont autant de manières d’apporter satisfaction à leur vision du métier…

S’inscrire dans un ‘projet’ plutôt qu’un poste

Une chose est sûre : la QVT au travail est importante pour ces générations X et Y.

- L’épanouissement individuel arrive en seconde place, après le critère de la rémunération. Mais lorsque celui-ci est rempli, selon l’enquête 2017 de Cegos « Les Millenials et le travail » [lien], 72% se disent prêts à de nombreuses concessions pour améliorer leur quotidien au travail… quitte à changer d’entreprise.

- Qualifiés de "zappeurs", ces jeunes ne sont pas enchaînés à un poste dans lequel ils ne se reconnaissent pas. Le monde est vaste et les opportunités d’emploi également, d’autant qu’ils « sont confiants dans l’avenir ». Les Millenials n’auront donc pas de scrupules à changer d’entreprise pour une qui proposerait de meilleures conditions de travail, plus en phase avec leur mode de vie et leurs horaires (acceptables) de travail.

Ok. Alors, comment on fait pour les garder !?

Du sens, du vrai. Pas du bullshit !

Et si on commençait par les écouter ?
Comme l’explique Elisabeth, 26 ans, sur Capital.fr : les baby-foot et les masseurs au travail, ce n’est pas désagréable évidemment. « Mais si au quotidien un patron s'attribue tous les mérites, ne sait pas dire merci et me laisse galérer dans mon job, le baby-foot me laisse plutôt indifférente ! » Elle, ce qui la motive, c'est le plaisir qu'elle prend à travailler : « Sinon, je préférerais démissionner. J'ai déjà quitté un CDI parce que je m'y ennuyais. »

Ce n’est pas toujours évident de trouver du sens dans son quotidien professionnel, parce que « quand on occupe un poste de "coordinateur de flux transverses", l'utilité concrète de cette fonction n'est pas immédiatement visible » justifie Julia de Funès, philosophe.

52% des DRH accordent autant d’importance (ou plus) aux soft skills qu’aux hard skills (source Robert Half)


L'ESS, une réponse à la quête de sens dans le travail ?

L'utilité du travail prend le pas sur le reste. Se sentir utile à la réalisation d'une tâche importante, éprouver de la satisfaction dans ses missions, et surtout adhérer au projet global de l'entreprise.

Des jeunes qui sont soucieux de l'impact de leur travail sur la société. On remarque d'ailleurs un attrait pour les métiers de l'ESS, les ONG... 

L’effet ‘crise sanitaire’ : révélatrice du malaise

Des horaires à rallonge, des réunions à répétition, un management déshumanisé… la crise a été révélatrice de bien des questionnements sur le travail, considéré encore comme une source d’épanouissement, il y a peu. Stop avec les boulots "à la con" dans lesquels on ne se retrouve plus. Vive les jobs où on peut s’accomplir : en entreprise et aussi à l’extérieur !

L’actualité a eue raison de notre organisation professionnelle.
De nombreux Français, avec la crise, ont pris le temps. Du temps social, en s’engageant dans l’humanitaire en donnant du temps à autrui, ou envers un engagement écologique. Du temps qu’ils ont pris pour eux, pour développer de nouvelles compétences : pratiques artistiques et musicales, activité de jardinage, sport, apprentissage ou perfectionnement d’une langue étrangère…

Et ça fait du bien. Parce que redonner du sens au temps qu’on se donne, c’est redonner un sens à ce pourquoi on se lève le matin, y compris pour aller au travail, non ?

Du travail pour chacun, du sens pour tous

Dorénavant, la quête de sens est dans toutes les bouches, dans tous les services.
Et pas seulement chez les générations Y et Z ! À l’image de « tous ces jeunes cadres surdiplômés qui deviennent boulangers parce qu'ils veulent retrouver du beau et du concret » explique Nicolas Bouzou, économiste et co-auteur de La comédie (in)humaine, comment les entreprises font fuir les meilleurs ?

Tanguy, le premier, préfèrera rester chez papa / maman tant qu’il n’aura pas trouvé THE job of ses rêves.

La question du rapport au travail et la place qu’on lui accorde change, pour tous. Chez Aésio, nos managers ont participé à des conférences et ateliers organisés par la direction des Richesses humaines pour appréhender le « travail hybride » et accompagner les collaborateurs : en présentiel, depuis la maison et en déplacement.

Qu’il s’agisse de mobilité interne, de télétravail, de management humain, de co-construction… de très nombreuses pistes existent pour réinventer un rapport positif au travail. Et ça n’empêche pas d’avoir des plantes vertes et des baby-foot au travail 😉

 

Et si la clé, plutôt que d’attendre que les collaborateurs "trouvent" du sens dans leur travail, était de "construire" du sens, ensemble ? 

Rédigé par : Delphine SANTINI