Connaissez-vous le mystère du placebo ?
Aux origines de l’effet placebo
Le bisou sur un bobo ou le bonbon à sucer pour soulager un mal de gorge figurent parmi les premières expériences que nous faisons de l’effet placebo.
Au-delà de nos souvenirs d’enfance, c’est avant tout une technique thérapeutique ancestrale qui était déjà utilisée dans la Grèce antique, lorsque des médecins prescrivaient des toiles d’araignées ou de la poussière de roche à leurs patients en sachant pertinemment que ces produits n’allaient pas les guérir.
En revanche, ces drôles de prescriptions s’accompagnaient d’éloges sur leur efficacité, produisant ainsi des effets positifs.
Une curieuse pratique qui soigne
En 1628, le savant et écrivain anglais Robert Burton définit l’effet placebo comme « l’action positive de la confiance du malade en la personne qui le soigne ».
Avec des effets parfois surprenants : pendant la Seconde Guerre mondiale, le chirurgien américain Henry K. Beecher injectait des solutions salines aux blessés en leur faisant croire qu’il s’agissait de morphine !
Force est de constater que si la médecine a évolué au fil des siècles, l’effet placebo s’est en revanche perpétué. Pratique longtemps restée mystérieuse, les récentes recherches scientifiques ont permis de mieux comprendre son fonctionnement.
Le saviez-vous ? « Placebo » en latin signifie « je plairai ». Vous allez très vite comprendre pourquoi…
Le placebo… c’est vous !
L’effet placebo consiste à faire croire à une personne qu’un procédé ou une substance sont capables de la soigner alors qu’en réalité, ni l’un ni l’autre n’ont d’effet thérapeutique « intrinsèque ».
Autrement dit : un patient persuadé qu’il va guérir va se mettre dans des conditions favorables à sa guérison. Cette confiance va le pousser à guetter les signes d’amélioration pour finalement se sentir « aller mieux ».
Mais comment expliquer ce processus d’« auto-guérison » ?
Pour Olivier Desrichard, Professeur de psychologie à l’université de Genève, deux mécanismes psychologiques sous-tendent l’effet placebo :
- Le conditionnement classique : soit l’association que le patient fait entre un rituel de soins (consultation médicale, prescription ou prise de médicaments) et sa guérison (souvenir positif).
- La suggestion : soit le discours convaincu de la personne qui soigne (médecin ou parent) et qui affirme que « ça va aller mieux ».
L’influence du mental sur votre corps
Pour expliquer l’effet de ces deux mécanismes psychologiques, il faut bien comprendre comment votre corps fonctionne.
Le conditionnement classique et la suggestion sont deux méthodes mentales qui activent des voies biologiques permettant l’amélioration de l’état du patient. En 2008, le neuroscientifique italien Fabrizio Benedetti a publié une étude expliquant ce phénomène.
Ainsi, si vous prenez un cachet dont vous êtes convaincu qu’il va soulager vos maux de tête, votre corps va libérer des endorphines, soit des molécules analgésiques naturellement produites par votre organisme.
Les travaux de Fabrizio Benedetti ont également révélé que l’injection d’une solution saline placebo chez des patients atteints de la maladie de Parkinson entraînait dans le cerveau une libération massive de dopamine (dont la déficience signe justement la maladie).
En d’autres termes : votre cerveau vous aide à puiser dans votre « pharmacie interne » !
Cela vaut aussi à l’inverse : des antalgiques peuvent n’avoir aucun effet sur vous si vous les ingérez sans le savoir.
Votre personnalité, vos connaissances, votre culture et vos croyances jouent aussi un rôle dans la confiance que vous accordez à un médicament. Certaines personnes sont ainsi rassurées sur l’efficacité d’un médicament lorsqu’il est remboursé par la Sécurité sociale, tandis que d’autres sont plus sensibles aux arguments marketing mis en avant.
En 2017, une étude présentée par des médecins de l’Université de Baltimore au Congrès annuel de l’Académie américaine de neurologie a révélé des différences de perception des médicaments selon leurs couleurs. Ces différences étaient liées aux origines ethniques, au sexe ou encore à l’âge des patients.
De manière plus générale, on dit souvent qu’un comprimé bleu est associé à une action anxiolytique ou tranquillisante, tandis que le rouge fait penser à un stimulant, et que le marron renvoie… à un laxatif !
Le saviez-vous ? Tous les médicaments comportent une part d’effet placebo en plus de leur principe actif propre !
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Souriez, vous êtes soigné !
Les médecins jouent un rôle important dans l’effet placebo. On parle même d’un « effet blouse blanche » pour expliquer l’influence de leur statut d’expert sur notre confiance !
Leur attitude est tout aussi primordiale.
En 1987, le médecin anglais K-B Thomas a mené une expérience sur 200 patients en Angleterre. Les membres du premier groupe ont reçu une consultation « positive avec un médecin très optimiste sur leurs chances de guérison, tandis que ceux du second groupe ont fait face à une consultation moins rassurante qui émettait des doutes sur la perspective de guérison. Aucun médicament n’était prescrit aux membres des deux groupes.
Verdict : 64% des patients issus du premier groupe allaient mieux 2 semaines plus tard, contre 39% du deuxième groupe.
Les facteurs du succès seraient a priori l’optimisme du médecin, mais aussi le temps consacré à l’écoute du patient et à l’étude de ses symptômes.
Et l’effet nocebo dans tout ça ?
Moins connu mais tout aussi réel, il peut survenir à la lecture des effets indésirables sur la notice des médicaments en conduisant le patient à ressentir certains de ces effets.
C’est l’inverse de l’effet placebo : si vos attentes sont négatives, votre corps réagit en conséquence.
Finalement, la reconnaissance de l’effet placebo montre que la perception et la confiance jouent un rôle clé dans notre santé.
Pour autant, on ne peut pas se soigner uniquement à base de placebos : votre état d’esprit est certes important, mais ne remplace pas les soins et médicaments adaptés aux différentes pathologies. Pour toute question, consultez votre médecin traitant !
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