#À vos côtés

Temps de lecture estimé : 3 minutes

Connaissez-vous le syndrome de Diogène ?

Avez-vous déjà entendu parler du syndrome de Diogène ? Il s’agit d’un trouble comportemental qui, en France, toucherait 1 personne sur 2000, impactant sérieusement leur santé mentale et physique. Quelles en sont les causes et les caractéristiques ? Comment le soigner ? Décryptage avec AÉSIO mutuelle.

Le syndrome de Diogène, c’est quoi ?

En 1975, le gériatre américain Clark met un nom sur un trouble encore très controversé : le syndrome de Diogène. Il le nomme d’après Diogène de Sinope, un grand philosophe grec du 5e et 4e siècle avant J.C.  Il aurait vécu dans un tonneau et ne portait aucun intérêt pour l’hygiène corporelle, l’apparence, la propreté et pour autrui.

S’il est décrit comme un trouble comportemental par la pratique psychiatrique, il n’est pas répertorié par le manuel de référence en la matière (Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux). Il fait ainsi le sujet de débats très controversés, notamment dans sa définition. Néanmoins, quatre symptômes récurrents ont pu être observés :

  • La syllogomanie : les personnes atteintes ont un rapport inhabituel aux objets, se manifestant le plus souvent par l’accumulation de ceux-ci (surtout des objets inutiles, hors d’usage ou des déchets), qui entraine souvent une dégradation massive de l’environnement de vie. Cette accumulation peut être le résultat d’un comportement passif (refus de jeter les affaires devenues inutiles), ou d’un comportement actif de récupération, de collection et d’empilement (collectionnisme).
  • L’incurie : la personne touchée aura tendance à négliger son hygiène corporelle et domestique (cheveux longs, sales et emmêlés, ongles longs et crasseux, odeur corporelle repoussante…)
  • Misanthropie : la personne manifeste souvent un manque d’intérêt complet, voire un grand mépris, vis-à-vis d’autrui et du genre humain. Elle désapprouve toute intrusion dans sa vie privée et refuse les aides qui lui sont proposées
  • Anosognosie : elle est souvent dans un déni total de son état, associé à une absence de toute honte.

Ainsi, le syndrome de Diogène pousse ceux qui en sont atteints à se constituer une bulle de protection avec leurs objets, quitte à rendre leur logement insalubre, au mépris de leur état de santé et de leur sociabilité.

Le saviez-vous ?

Il existe un autre syndrome proche de celui de Diogène. Il s’agit du syndrome de Noé qui consiste à adopter un très grand nombre d’animaux chez soi.

Quelles sont les causes ?

Les causes de ce trouble restent floues mais, dans un très grand nombre de cas, ce syndrome apparaît après un choc psychologique (décès d’un proche, rupture, chômage…) et touche généralement des personnes de plus de 60 ans, qui ne sont pas forcément dans le besoin financièrement parlant.

Le syndrome atteint aussi bien les hommes que les femmes, mais la prévalence est plus grande chez ces dernières. En revanche la nature du logement (appartement, maison…), sa taille ou l’endroit où il est situé sont indépendants de son développement.

Toutefois, bien qu’il n’existe pas de consensus de la part du corps médical sur les mécanismes pathogéniques du syndrome de Diogène, plusieurs hypothèses ont été émises.

La manifestation d’un trouble psychiatrique sous-jacent

Le syndrome de Diogène s’exprimerait comme la manifestation d’un trouble psychiatrique, tels qu’une schizophrénie, un trouble paranoïaque, un trouble obsessionnel compulsif, une paraphrénie, (délire paranoïde où le monde délirant se superpose au monde réel) ou encore une maladie liée à l’alcoolisme.

Les prémices d’une démence sénile

L’anosognosie et la syllogomanie sont deux symptômes communs de la démence frontale. Chez plusieurs patients atteints du syndrome de Diogène, il a été constaté une évolution secondairement démentielle. Le syndrome de Diogène pourrait donc représenter les premiers signes.

L’expression d’un traumatisme 

Le syndrome de Diogène serait lié à un traumatisme vécu au cours de la petite enfance et occulté ensuite. Un élément difficile (séparation, deuil, changement de situation...) redéclencherait ce traumatisme qui se manifesterait par le syndrome de Diogène.

Quels sont les risques ?

Le syndrome de Diogène peut présenter un certain nombre de risques, notamment pour la santé de la personne atteinte. En effet, les objets accumulés dans son logement peuvent être porteurs de conséquences néfastes d’ordre biologique, chimique, physique et psychologique.

Bien sûr, s’il s’agit de journaux ou de vêtements propres, les risques sont moindres, mais les personnes atteintes peuvent être conduites à accumuler des aliments avariés, des ordures et même parfois dans des cas extrêmes, des excréments ou des animaux morts.

Dès lors, le logement devient insalubre et nuisible à la santé de son occupant. Le manque d’hygiène peut entrainer la prolifération de bactéries, que ce soit dans l’habitation ou au sein même du corps de la personne touchée. De plus, si les piles d’objets sont trop importantes, elles peuvent s’effondrer et blesser gravement leur propriétaire. Les risques d’incendies constituent également un danger.

De plus, avec l’isolement, les conséquences psycho-sociales ne se font pas attendre et des troubles du comportement apparaissent. La santé mentale des personnes touchées s’en voit inévitablement atteinte, mais aussi celle de leur voisinage et de leur entourage.

Dans les cas les plus graves, ce syndrome peut conduire à la mort.

Comment soigner le syndrome de Diogène ?

Si vous avez un proche qui souffre du syndrome de Diogène, contactez au plus vite une assistante sociale pour lui venir en aide.

Sachez que sa rémission intégrera plusieurs étapes.

Une prise en charge psychiatrique

Pour éviter les risques et les conséquences néfastes occasionnés par leur syndrome, les personnes atteintes doivent impérativement bénéficier d’un suivi psychiatrique ou psychologique. Certains doivent être parfois internés dans des hôpitaux psychiatriques, surtout lorsque le syndrome de Diogène est associé à une autre pathologie comme une schizophrénie. Un traitement médicamenteux peut être prescrit et diffère en fonction de la pathologie associée.

En cas de refus de sortir de son logement insalubre, le psychiatre ou le psychologue peut être amené à se déplacer chez son patient pour lui venir en aide.

AÉSIO mutuelle

Quels remboursements chez le psychiatre ?

Le psychiatre fait partie des médecins spécialistes. Ses prestations entrent donc dans le cadre du remboursement par l’Assurance Maladie Obligatoire.
Pour avoir le meilleur remboursement possible ; il vous faudra donc passer par votre médecin traitant qui vous fournira une ordonnance.

Le nettoyage du logement

Que la personne atteinte souhaite ou pas rester habiter dans son logement, son nettoyage est indispensable pour des questions de sécurité, aussi bien pour elle que pour son voisinage. C’est d’ailleurs bien souvent, le voisinage ou les proches qui alertent les services sociaux ou les autorités pour l’imposer.

Le mieux est de ne pas vous en occuper vous-même, mais d’avoir recours à des professionnels du nettoyage qui pourront assurer un nettoyage du logement en profondeur.

Un éventuel placement en maison de retraite

Pour les sujets âgés, le placement en maison de retraite est une solution qui s’impose souvent. En effet, il est très compliqué pour eux de se réhabituer à nettoyer régulièrement leur logement, et l’isolement complique la situation.

En maison de retraite ils bénéficient d’un encadrement sécurisé, d’activités sociales et d’une prise en charge personnalisée.

Sur le même sujet

Maisons de retraite : comment passer le cap de l’admission en Ehpad ?

La maison de retraite est une étape clé dans la vie d’une personne âgée. Comment la vivre au mieux ? Comment être sûr de trouver un Ehpad dans lequel se sentir bien ?

#À vos côtés

Rédigé par : Clotilde Chevalier