Le plastique dans nos océans : quel impact sur notre santé et comment agir ?

Un continent de plastique au nord de l’océan Pacifique
Vous avez sans doute entendu parler de ce « continent de plastique » situé au nord du Pacifique, parfois appelé le « 7e continent ». Ce n’est pas une île où l’on peut accoster ou marcher, mais une accumulation de résidus de plastique et de débris flottants dans des lieux précis.
Entraînés puis piégés par les courants, les déchets marins se regroupent dans différentes zones. En réalité, cinq « continents de plastique » sont apparus autour du globe : deux dans l’océan Pacifique, deux dans l’océan Atlantique et un dans l’océan Indien.
Ces accumulations spectaculaires masquent deux autres réalités, aussi inquiétantes et plus insidieuses :
Une « soupe de plastique », composée de résidus microscopiques ou mesurant au maximum quelques centimètres ;
Des déchets au fond des mers et des océans, à une profondeur qui ralentit leur dégradation.
Des conséquences directes sur les écosystèmes marins
La prolifération du plastique dans les océans affecte toute la faune marine.
Les déchets les plus volumineux peuvent obstruer les voies respiratoires des oiseaux et des animaux marins. Régulièrement, les médias rapportent des cas de tortues étouffées par des filets marins abandonnés ou perdus, des sacs ou des objets en plastique tels que des pailles ou des anneaux de packs de canettes.
Les particules de plastique sont également ingérées par toute la faune marine. Elles s’accumulent dans l’organisme des poissons, des mammifères marins, des oiseaux et des invertébrés, et contaminent l’ensemble de la chaîne alimentaire.
Ces particules de plastique ont un impact direct sur la santé des écosystèmes marins. Une étude menée en 2021 par l’INRAE , l’Ifremer et les universités de Bordeaux et d'Orebrö en Suède a mis en évidence un lien entre l’ingestion de microplastiques, une réduction de la croissance et une baisse de la fécondité. Les conséquences dépendent de la nature du plastique ingéré, de la durée de l’exposition et de l’espèce.
Une alimentation humaine contaminée par le plastique
Toute la chaîne alimentaire est affectée par cette pollution, nous y compris : nous consommons en effet les crustacés, les coquillages, les fruits de mer, les mollusques et les poissons exposés à ces particules microscopiques et nanoscopiques.
Les niveaux de contamination varient selon les espèces. Une étude scientifique publiée en décembre 2024 par des chercheurs des universités de l’Oregon et de Portland a analysé 182 espèces marines commercialisées dans l’État de l’Orégon aux États-Unis, et les taux de contamination varient fortement d’une espèce à l’autre :
Les 5 espèces analysées les moins contaminées sont :
La lingue de mer ;
Le saumon royal ;
Le hareng du Japon ;
Le sébaste noir ;
Le mérou à taches orange.
Les crustacés, les moules et les huîtres, qui filtrent l’eau de mer pour se nourrir, présentent à l’inverse des taux de microparticules plus élevés. Les cinq espèces marines les plus contaminées au plastique identifiées par cette étude sont toutes de la famille des crevettes.
Les risques liés à l’ingestion de microplastiques restent encore mal connus des scientifiques, mais plusieurs études suggèrent des effets potentiels sur notre santé. Une étude menée en 2022 par l’Inserm, l’Université de Lille et le CHU de Lille a mis en évidence un lien entre l’ingestion de microparticules de polyéthylène (PE) et des troubles de la structure et de la fonction de l'intestin chez la souris.
Certains plastiques, en se dégradant, libèrent des phtalates et des bisphénols, deux substances classées comme perturbateurs endocriniens, qui peuvent avoir des effets sur la fertilité et la croissance.
Adoptez les bons réflexes pour ingérer moins de plastique
Les microplastiques contaminent l’ensemble de notre alimentation, et pas uniquement les aliments d’origine marine. Vous pouvez heureusement réduire votre exposition à ces microparticules en adoptant les bons réflexes.
Les produits de la mer sont riches en protéines, en minéraux, en vitamines et pour certaines espèces en omégas-3, et vous pouvez continuer à en consommer régulièrement. Vous pouvez simplement réduire votre consommation de coquillages, de crustacés et de mollusques qui se nourrissent en filtrant l’eau de mer : les moules, les huîtres et les crevettes sont des mets savoureux et bons pour la santé, à consommer de façon moins systématique.
Le riz, céréale semi-aquatique, est également une source de contamination non négligeable, comme l’a démontré une étude menée par des chercheurs des universités du Queensland, de Cagliari et d’Amsterdam . En rinçant soigneusement votre riz avant cuisson, vous réduisez sa teneur en microplastiques de 20 à 40 %. Les auteurs de l’étude recommandent également d’éviter les riz précuits, qui présentent une proportion bien plus élevée de particules de plastique.
Plusieurs études scientifiques menées ces dernières années ont également révélé que les personnes qui consomment des plats ultra-transformés présentent des taux de phtalates et de bisphénol supérieurs à celles qui privilégient une alimentation plus saine à base de fruits, de légumes, de yaourts, de poissons et de fruits à coque.
Certains contenants en plastique , en particulier lorsqu’ils sont chauffés, libèrent des microparticules qui migrent dans les aliments. Vous pouvez remplacer les boîtes de conservation alimentaire en plastique par des équivalents en verre, et troquer les bouteilles ou les gourdes en plastique par des modèles en verre ou en inox. Vous devez notamment éviter de faire chauffer des récipients en plastique, même s’ils sont prévus pour cet usage : la chaleur augmente la libération de microparticules de plastique. Transférez plutôt votre repas dans une assiette ou un plat en verre pour le réchauffer au micro-ondes.
Des gobelets en carton… doublés de plastique !
De nombreux modèles de gobelets jetables en carton sont doublés d’une fine couche de plastique qui assure leur étanchéité. Des particules de plastique peuvent passer dans votre boisson chaude, comme le souligne une étude de mars 2023 publiée par des chercheurs de l’Indian Institute of Technology Kharagpur. Utilisez à la place une tasse réutilisable en verre, en céramique ou en inox, vous réduirez en plus vos déchets !
Certaines poêles avec un revêtement anti-adhésif peuvent libérer des PFAS (polluants éternels) et des microplastiques, notamment lorsqu’elles présentent des rayures. Vous pouvez utiliser à la place des poêles en acier ou en fonte.
Agissez au quotidien pour protéger l’environnement et pour les océans
Prendre soin de votre santé n’est qu’une première étape : agissez plus largement pour contribuer à protéger les océans et leurs occupants !
Tout plastique abandonné dans la nature risque fortement d’être emporté par le vent ou la pluie jusqu’à un ruisseau, une rivière, un fleuve et finalement l’océan. En jetant systématiquement vos déchets en plastique dans une poubelle prévue à cet effet, et en privilégiant à chaque fois que cela est possible le tri sélectif, vous contribuerez à protéger notre environnement.
Vous pouvez également réduire votre consommation de plastique très simplement :
Remplacez vos boîtes de conservation en plastique par des modèles équivalents en verre ;
Privilégiez l’achat en vrac ou des produits avec un packaging minimaliste ou dans un autre matériau recyclable tel que le carton, le métal ou le verre ;
Lorsque cela est possible, optez pour des articles en bioplastique à base d’amidon de maïs, betterave ou canne à sucre ;
Privilégiez le fait-maison, moins gourmand en emballage ;
Etc.
Certaines alternatives écologiques permettent de se passer efficacement des produits jetables en plastique au quotidien :
Les gourdes en verre ou en inox ;
Les brosses à dents avec des têtes interchangeables et recyclables, ou les brosses à dents avec manche compostable ;
Les cotons-tiges lavables et réutilisables ;
Les rasoirs de sûreté dont vous ne remplacez que la lame ;
Les culottes menstruelles ;
Les couches lavables ;
Les éponges lavables ;
Les tote-bags et sacs en tissu ;
Les films alimentaires en cire d’abeille ;
Etc.
Des marques qui nettoient les océans
Certaines marques développent des gammes de produits engagés qui contribuent à nettoyer directement les océans. Ankore ou Ecoalf transforment les déchets plastiques repêchés dans l’océan en matériaux recyclés utilisés pour concevoir des vêtements.
Prévaésio
Le service de prévention santé
Parce que la prévention s’apprend, Prévaésio, le service prévention d'AÉSIO mutuelle, permet à ses adhérents, particuliers et professionnels, de devenir acteurs de leur santé. Un encouragement à vivre mieux, longtemps.
