Maladies auto-immunes : si l’alimentation était la clé pour une bonne santé ?
Une maladie auto-immune, c’est quoi ?
Notre système immunitaire est là pour nous protéger des facteurs extérieurs : lors d’une agression interne ou externe, notre organisme réagit en provoquant une inflammation, donc une maladie, pour se défendre et éliminer l’intrus. Mais lorsque cette inflammation est mal contrôlée par notre corps, elle peut devenir chronique et pathologique. Quand notre système immunitaire se met à combattre notre propre corps au lieu de le protéger, et s’attaque aux constituants normaux de l’organisme, on parle donc de "maladie auto-immune".
Le nombre de ce type de maladies n’a cessé de croître depuis les années 1970 : selon l'Inserm (centre national de référence de recherche médicale), on recense actuellement environ 80 maladies auto-immunes (le lupus érythémateux disséminé plus connu sous le nom de « lupus », le sclérose en plaques, la thyroïdite d’Hashimoto...).
Les maladies auto-immunes touchent entre 5 et 8 % de la population, principalement des femmes. En effet, ces maladies sont plus rares chez les hommes.
Le système immunitaire se protège (aussi) dans l'assiette à travers l’alimentation
Au fil des années et des études, les chercheurs ont établi que les effets anti-inflammatoires de certains aliments sont importants et peuvent ainsi agir au niveau de notre système immunitaire.
- Les acides gras polyinsaturés peuvent réduire le développement de l’inflammation. On les trouve notamment dans l'huile de colza et les poissons gras. Le poisson en général est bénéfique pour notre santé et réduit le risque de développer des maladies ;
- Des nutriments tels que les vitamines A et D, ainsi que le zinc, jouent également un rôle - direct ou indirect - dans la régulation des fonctions immunitaires. Vous pouvez les trouver sous forme de médicaments mais aussi à l’état naturel ;
- On trouve la vitamine A dans le foie, le beurre, les œufs, mais aussi dans les fruits et légumes colorés (abricot, mangue, carotte…) ;
- La vitamine D, elle, est présente dans l'huile de foie de morue, les poissons riches en gras et miam, dans le chocolat noir ! Une exposition au soleil favorise aussi la production de vitamine D par notre organisme. Attention toutefois à ne pas avoir un taux trop important de vitamines D ;
- Quant au zinc, rien de tel que les huitres pour s'en procurer ! Veillez à ce qu’elles soient bien fraîches pour vous éviter des douleurs intestinales. Mais aussi la viande ou les fromages.
Comment bien alimenter son microbiote ?
Vous le connaissez sûrement sous le nom de "flore intestinale" : le microbiote intestinal est la somme des micro-organismes de notre système digestif humain.
Ce mot de « microbiote », vous l’avez peut-être découvert en lisant un best-seller inattendu, publié en 2014 : Le charme discret de l’intestin. La jeune médecin allemande Giulia Enders y livre une ode à ce "deuxième cerveau" mal connu : notre ventre (un acteur important de notre organisme).
10.000 milliards de bactéries composent le microbiote intestinal, localisé principalement dans l'intestin grêle et le colon.
Et justement, la science tente aujourd’hui de comprendre le lien entre les déséquilibres du microbiote et certaines pathologies, maladies chroniques. Par exemple, on sait désormais que le microbiote intestinal joue un rôle dans la digestion des aliments, la protection de l'organisme contre les bactéries et le développement du système immunitaire.
Si l'état des connaissances a considérablement évolué dans les années 2010, les mécanismes à l’œuvre dans l'influence de l'immunité par les bactéries intestinales restent encore à expliquer.
Des chercheurs de l’Inrae et de l’APHP vont lancer au printemps 2021 une étude appelée « French Gut », auprès de 100.000 Français de toutes les classes d’âge, prêts à faire don de... leurs selles, afin d'analyser de manière représentative le taux de bactéries qui peuplent nos intestins.
Cette étude permettra de voir également si les résultats sont les mêmes pour tous les patients en fonction de différents facteurs, à savoir :
- Les femmes et les hommes ;
- Les patients ayant une alimentation variée et équilibrée ;
- Les patients ayant un régime alimentaire spécial (végétarien, pesco-végétarien : manger que du poisson et pas de viande…) ;
- Les patients prenant des vitamines et compléments alimentaires au quotidien dans leur alimentation ;
- Les patients sous traitements en cas de maladies passagères ;
- Les patients prenant des médicaments au quotidien en cas de pathologies/maladies chroniques…
Des fibres pour nourrir les bactéries de notre organisme
On sait désormais que les aliments riches en fibres ont un fort effet prébiotique, c'est-à-dire qu'ils nourrissent les (bonnes) bactéries de notre microbiote intestinal. Correctement alimentées, celles-ci produisent alors à leur tour des composés bénéfiques à l’organisme et ainsi au système immunitaire.
Donc, c’est simple :
- Pour garder votre microbiote en bonne santé, il est recommandé de consommer 30 g de fibres par jour pour un adulte. Vous pourrez les trouver dans les fruits et légumes crus, les légumes cuits, les fruits séchés, les légumineuses, les graines ou encore les céréales complètes.
- En revanche, si vous voulez empêcher le développement de micro-organismes défavorables, évitez au maximum les sucreries, viandes et les graisses animales. Il est notamment préférable de ne pas excéder 500 g de viande rouge par semaine, selon une étude de Santé publique France.
Des régimes alimentaires au cas par cas pour rester en bonne santé
Le rôle et l'influence de certaines pratiques alimentaires dans la régulation des maladies auto-immunes est souvent évoquée, même si elle est encore difficile à démontrer formellement. Un exemple, le fameux "régime méditerranéen". Il suscite déjà l'intérêt pour sa capacité suggérée à diminuer la sévérité des maladies cardiovasculaires… Mais il pourrait également contribuer à réduire l’inflammation de notre système immunitaire. Son secret ? Une alimentation faite de produits frais et de saison, d'huile d'olive et de poisson deux fois par semaine, et l’élimination des produits transformés. Simple, riche en vitamines et gourmand, pas vrai ?
Lui aussi, vous en avez peut-être entendu parler ? Il est célèbre, mais contesté : c’est le régime Seignalet. Mis au point par le médecin du même nom en 1985 (on le dit aussi « hypotoxique » ou « ancestral »), il préconise d'éliminer les viandes et charcuteries cuites, le lait d'origine animal et ses dérivés, les céréales modernes... En somme, le régime Seignalet nous propose de revenir à l’alimentation de nos ancêtres chasseurs-cueilleurs car selon lui, notre organisme ne parviendrait pas à digérer correctement les produits transformés de l’agriculture, provoquant ainsi des maladies (symptômes, douleurs…) à notre corps.
Un point de vigilance, cependant : l’efficacité des régimes d'exclusion - comme ce dernier - reposent surtout sur des expériences individuelles de chaque patient. Ils sont très contraignants, et peuvent exposer ceux qui les mettent en place à un risque de carences et de dénutrition. Mais surtout, ils n’ont pas encore été validés par des études qualitatives, qui démontreraient scientifiquement leur efficacité, et doivent être appliqués dans le cadre d’un suivi médical. Ne vous y aventurez pas sans les conseils d'un professionnel de santé.
Quelles alternatives en plus des aliments ?
Comme on l'a vu, la vitamine D est essentielle au fonctionnement du système immunitaire. Et sa 1ère source est…le soleil ! Plus facile de s’exposer au soleil en été qu'en hiver, soit. Votre médecin peut, si besoin, vous prescrire des vitamines en complémentation de votre alimentation.
Votre professionnel de santé peut également vous conseiller des compléments alimentaires comme des cures de probiotiques et prébiotiques, véritables "nourritures" du microbiote. L'Organisation mondiale de gastro-entérologie s’y intéresse notamment pour le traitement de la diarrhée et des maladies inflammatoires chroniques de l'intestin. Mais leur effet est cependant inconstant et dépend probablement de la composition du microbiote de chacun des patients.
Depuis quelques années, la greffe de microbiote fécal a fait l’objet de plusieurs études.
Objectif : tenter de soigner les infections à Clostridium difficile (bactérie provoquant une diarrhée qui peut être grave) mais aussi les maladies inflammatoires de l'intestin, l'obésité, les maladies métaboliques et les auto-immunes.
Il n'existe donc pas un nouveau remède miracle pour se prémunir contre les maladies auto-immunes (le lupus, la thyroïde…), mais bien des régimes alimentaires (anti-inflammatoires) ou solutions adaptées à chaque corps et mode de vie permettant de renforcer son système immunitaire.
Du côté de la recherche, les avancées continuelles des connaissances sur ces maladies et sur le fonctionnement du microbiote permettent d'espérer des conseils de plus en plus adaptés aux différentes pathologies.
D’ici là, une certitude : soyez attentif à votre alimentation en évitant les carences.