Mortalité infantile : comprendre la hausse en France

Pourquoi la mortalité infantile progresse-t-elle en France ?
Quelques définitions
Que recouvre exactement la notion de « mortalité infantile » ? Elle désigne un taux, qui correspond... taux correspond au nombre d’enfants décédés avant leur premier anniversaire, rapporté au nombre total de naissances vivantes sur une période donnée. Il s’exprime le plus souvent en pourcentage, parfois en nombre de décès pour 1 000 naissances.
Nous pouvons distinguer plusieurs sous-catégories :
La mortalité néonatale, qui regroupe les décès survenus dans les 28 premiers jours de vie.
La mortalité post-néonatale, correspondant aux décès survenant entre 28 jours et un an.
Au sein même de la mortalité néonatale, les experts différencient encore :
Les décès le jour de la naissance, particulièrement liés à la qualité de la prise en charge obstétricale et néonatale immédiate.
Ceux survenus entre 1 et 27 jours, souvent liés à des complications médicales ou à la prématurité.
Ces distinctions permettent d’identifier avec précision les causes et les périodes critiques, afin d’adapter les politiques de prévention et d’améliorer la prise en charge des nouveau-nés.
Quels sont les chiffres récents de la mortalité infantile en France ?
Selon les données de l’Insee, en 2024, 2 700 enfants de moins d’un an sont décédés en France, ce qui représente 4,1 décès pour 1 000 naissances vivantes (soit environ 1 enfant sur 250).
Depuis 2011, le taux de mortalité infantile est passé de 3,5 ‰ à 4,1 ‰.
L’augmentation se concentre particulièrement sur la mortalité entre 1 et 27 jours, dont le taux est passé de 1,5 ‰ à 2,0 ‰ sur la même période.
En moyenne, un quart des décès surviennent le jour de la naissance, la moitié entre 1 et 27 jours et le reste dans la période post-néonatale.
Cette tendance s’inverse donc après des décennies de baisse continue de la mortalité infantile et alerte les spécialistes.
Quel rang pour la France en Europe sur la mortalité infantile ?
Le rang de la France baisse lui aussi. Longtemps considérée comme un modèle en matière de santé périnatale, elle voit désormais sa position se dégrader. En 2022, le taux de mortalité infantile s’élevait à 4,3 ‰ en France entière et 3,6 ‰ en métropole.
Si l’on compare, la moyenne de l’Union européenne se situait alors autour de 3,5 ‰ pour les garçons et 3,0 ‰ pour les filles. Certains pays, comme la Suède, affichent même des taux très inférieurs à 3 ‰, avoisinant 2,5 ‰.
Dans ce classement européen, la France se plaçait en 24ᵉ position pour les garçons et en 22ᵉ pour les filles sur 27 pays. Cette évolution traduit un recul relatif : alors que la majorité des pays de l’UE parviennent encore à réduire la mortalité infantile, la France stagne, voire régresse.
Quels facteurs expliquent la mortalité infantile en France ?
La hausse de la mortalité infantile en France ne peut s’expliquer par une seule cause mais par une combinaison de facteurs.
Certains chercheurs soulignent que les progrès des soins prénataux et obstétricaux ont parfois « déplacé » certaines morts fœtales vers la période néonatale, contribuant mécaniquement à une hausse du taux post-natal. Un phénomène qui est décrit comme un effet de « report », selon la Librairie national de médecine.
La France accuse également un retard dans la prise en charge des grands prématurés comparée à certains de ses voisins européens, ce qui freine les gains en survie néonatale.
Enfin, les inégalités sociales et territoriales demeurent un facteur déterminant : éloignement des maternités, accès limité aux soins dans les zones rurales et précarité socio-économique accroissent la vulnérabilité de certaines familles.
Rappelons que ces chiffres récents restent provisoires. Le gouvernement a d’ailleurs annoncé la mise en place d’un registre national de la mortalité infantile, afin de mieux comprendre les causes sous-jacentes et d’adapter les politiques de santé publique.
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Les pratiques obstétricales influencent-elles la mortalité infantile ?
Comment la désertification médicale influence-t-elle la santé périnatale ?
Depuis plusieurs années, nous pouvons observer en France une tendance à la fermeture de maternités, la réduction des capacités d’accueil (nombre de lits, personnel), et une concentration des services de périnatalité dans les zones densément peuplées. Cela entraîne donc des temps de transport plus longs pour certains couples, un stress accru en cas de complication et une longue distance avec des soins spécialisés.
Pour les personnes habitants dans les zones rurales ou isolées, cette désertification peut avoir un effet direct sur la sécurité obstétricale, car tout retard ou complication a un impact plus grave pour le nouveau-né ou la mère.
Pourquoi la mortalité infantile est-elle liée à l’accès aux soins ?
L’accès aux soins reste un facteur déterminant dans la prévention de la mortalité infantile. Lorsqu’une future mère doit parcourir de longues distances pour rejoindre une maternité, chaque minute compte : une complication imprévue, comme une hémorragie, une prééclampsie ou un accouchement prématuré, peut rapidement mettre en danger la vie de l’enfant et de la mère.
Dans les établissements à faible activité, une autre difficulté se pose : l’expérience des équipes médicales peut être limitée face à des situations complexes, ce qui fragilise la qualité de la prise en charge.
La gestion des grossesses à risque représente également un enjeu majeur. Prématurité, retard de croissance intra-utérin, hypertension artérielle ou infections maternelles : autant de complications qui nécessitent un suivi rigoureux. Or, la prématurité continue de progresser en France et les enfants très fragiles, notamment ceux nés avec un faible poids, restent particulièrement vulnérables, même lorsqu’ils bénéficient de soins spécialisés en néonatalogie.
Ces constats rappellent que la qualité du suivi prénatal et périnatal, ainsi que la rapidité d’intervention, sont des leviers essentiels pour réduire la mortalité infantile.
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Inégalités territoriales, sociales et démographiques
La mortalité infantile est-elle plus élevée dans les Outre-mer ?
Les données montrent que la mortalité infantile est nettement plus forte dans les territoires ultramarins qu’en métropole, parfois jusqu’au double. Ces écarts révèlent des fragilités structurelles : accès limité aux soins, manque de maternités de proximité, éloignement des services spécialisés.
Les inégalités sociales augmentent-elles le risque de mortalité infantile ?
Les écarts ne sont pas seulement géographiques : ils sont aussi sociaux et démographiques.
D’autres facteurs jouent également un rôle :
L’origine géographique : les mères nées en Afrique subsaharienne présentent un risque presque doublé par rapport à d’autres populations.
L’âge maternel extrême : très jeunes mères ou au contraire mères âgées voient leur risque accru (Santé sur le Net).
La qualité du suivi prénatal : absence de dépistage, suivi insuffisant ou retard de prise en charge renforcent la vulnérabilité des nouveau-nés.
La baisse de la mortalité infantile passe par des actions ciblées sur les zones fragiles et les populations vulnérables. Un suivi de proximité, adapté et équitable est essentiel pour réduire les inégalités et protéger les nouveau-nés.
Conclusion
La mortalité infantile progresse encore en France. C’est la conséquence de fermetures de maternités, de pratiques obstétricales parfois inadaptées et d’inégalités sociales et territoriales. Face à ces enjeux, une action renforcée est nécessaire pour mieux protéger les nouveau-nés et accompagner les familles.