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Herpès génital : transmission, prévention et traitement

Très contagieux et répandu, souvent silencieux, ce virus peut provoquer des poussées récurrentes, parfois douloureuses. Quelles sont les modes de transmission, les risques pour votre santé et celle de votre partenaire ? Comment reconnaître les symptômes ? Quels sont les traitements ? Tour d’horizon avec AÉSIO mutuelle.
Un homme qui a rendez-vous avec son médecin

Qu’est-ce que l’herpès génital ?

Il s’agit d’une infection sexuellement transmissible (IST) chronique, très contagieuse, qui s’installe à vie dans l’organisme. Une fois contracté, ce virus (HSV pour Herpès simplex virus) se loge dans un ganglion et peut ressortir quelques semaines ou années après. Il se manifeste par une primo-infection, souvent silencieuse, puis par des poussées plus ou moins fréquentes. Il peut toutefois aussi ne jamais se déclarer. 

Quelques chiffres en France*

15 à 20 % de la population sexuellement active est touchée par le virus, avec une prévalence chez les 25-35 ans.

270 000 personnes souffrent de crises d’herpès génital chaque année.  

Le risque est 4 fois plus élevé lorsque le partenaire contaminant est un homme.

60% des personnes infectées l’ignorent.

Les personnes infectées par le HSV-2 ont 3 fois plus de risque de contracter le VIH/sida. 

*Sources : Assurance maladie, Vidal 

Quels sont les modes de transmission de l’herpès génital ?

Vous pouvez être contaminé(e) uniquement par contact direct avec une personne infectée. Ce contact peut être bucco-génital ou sexuel.

Il importe de différencier deux types de virus :  

  • Le virus de type 1 ou HSV-1 : il se transmet par contact oral et est à l’origine d’infections dans et autour de la bouche, notamment les lèvres (le fameux « bouton de fièvre »).  On observe toutefois de plus en plus de HSV-1 dans le cas d’infections génitales transmises lors de pratiques bucco-génitales. Il peut donc parfois être à l’origine d’un herpès génital.

  • Le virus de type 2 ou HSV-2 : transmis par contact sexuel, avec ou sans pénétration, il provoque l’herpès génital qui touche les parties inférieures du corps (gland, prépuce, vulve, vagin, col de l’utérus urètre, anus).

Plus rarement, une mère peut transmettre l’herpès (HSV-1 ou HSV-2) à son nouveau-né lors de l’accouchement. On parle alors d’herpès néonatal.  

Le risque d’être contaminé(e) par l’herpès génital est plus élevé si vous avez de multiples partenaires sexuels ou lorsque votre système immunitaire est affaibli. C’est notamment le cas chez les personnes qui suivent une chimiothérapie, ont subi une greffe ou si vous êtes porteur du VIH/sida.

Vous ne pouvez pas contracter le virus dans les lieux publics, tels que la piscine, les toilettes, les hammams, etc. 

Quels symptômes lorsqu’on est contaminé par l’herpès génital ?

La primo-infection passe souvent inaperçue. Dans le cas contraire, les premiers symptômes se manifestent généralement 1 à 3 semaines après la contamination. Des démangeaisons, brûlures, picotements, etc. proche de l’endroit où les lésions apparaîtront, peuvent vous alerter.  

Dans certains cas, lors du premier épisode (ou « poussée »), les symptômes sont particulièrement douloureux. 

  • Chez les femmes « ils se traduisent par une vulvite aiguë, c’est-à-dire une inflammation de la vulve qui peut être soudaine et intense. Cette inflammation peut s’accompagner d’œdème (gonflement) et surtout, de l’apparition de vésicules au fond ulcéré », précise Dr Adam, gynécologue à Saint-Étienne. Ces vésicules, ressemblant à des bulles remplies de liquide, sont souvent regroupées sur les organes génitaux voire jusqu’à l’anus. « Elles sont généralement présentes sur la vulve, au niveau des petites lèvres et sont recouvertes d’un enduit blanc, ajoute Dr Adam. La douleur peut être intense car la vulve, composée de multiples terminaisons nerveuses, est hyper sensible. Très souvent, ces patientes sont prises en charge dans les urgences gynéco ou chez leur médecin traitant ». 

  • Chez l’homme, l'inflammation et les lésions se retrouvent sur le gland, le prépuce, l’urètre ou l’anus. Les ganglions de l'aine sont gonflés et douloureux.  

Ces vésicules évoluent en plaies puis en croûtes. La cicatrisation peut durer une à plusieurs semaines. « Elles sont parfois, mais rarement accompagnées de fièvre » mais aussi de fatigue, gonflement des ganglions lymphatiques, maux de tête ou de ventre. « La douleur est parfois tellement forte que certains ont des troubles urinaires, notamment de la rétention urinaire », prévient Dr Adam.  

Ce premier épisode peut être suivi d’une ou de plusieurs poussées d’herpès. On parle de poussées récurrentes ou récidives. Elles ressemblent à la primo-infection mais les symptômes sont moins sévères. Elles sont généralement plus fréquentes lors de la première année de contamination.

Le Docteur Marie-José Adam

Plusieurs facteurs favorisent le déclenchement des récurrences, précise Dr Adam : les périodes de stress, de fatigue, parfois au moment des règles chez les femmes. Elles peuvent aussi se manifester en cas de baisse de l’immunité lié au VIH/sida notamment, ou la prise de traitement immunosuppresseur (qui limitent l'action du système immunitaire), de traitement par chimiothérapie ou à la cortisone, ou encore après une greffe d’organe ”

Dr. Marie-José Adam Chirurgien gynécologue

Ces poussées peuvent aussi survenir après des rapports sexuels, en cas d’irritation des zones génitales, ou encore après exposition à des rayons ultra-violet (UV naturels ou artificiels). Certaines personnes ont une poussée d’herpès après un excès d’alcool ou à cause d’un décalage horaire.

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Quels sont les risques de l’herpès génital ?

D’une manière générale, l’herpès génital peuvent provoquer un mal-être. En être porteur peut également être stigmatisant et avoir un impact significatif sur votre vie sexuelle.

Aussi, la présence d’un herpès génital amplifie le risque de contracter ou de transmettre une autre maladie sexuellement transmissible, tel que le VIH/sida mais aussi la syphilis, une chlamydiose, etc. En effet, lors de rapports sexuels, « le contact avec les lésions provoquées par les vésicules, favorisent ce risque », précise Dr Adam.

Dans de rares cas, le HSV-2 peut entraîner une kératite (infection oculaire).

Enfin, l’herpès néonatal (pouvant être transmis à un nouveau-né lors de l’accouchement) concerne 3 cas sur 100 000 en France, selon l’Assurance maladie. Ce risque augmente lorsque la mère est contaminée par le HSV lors des derniers mois de grossesse.  Même s’il est rare, Il peut entraîner une incapacité neurologique durable chez l’enfant, voire être fatale. Si vous êtes enceinte et porteuse du virus, vous devez absolument en informer l’équipe médicale qui vous proposera un suivi et une prise en charge adaptés.  

Comment éviter la contamination ?

Globalement, « lors de vos rapports sexuels, l’utilisation du préservatif est le seul moyen de limiter la transmission d’un herpès génital et bien sûr, d’autres IST », conseille Dr Adam. Bien qu’il réduise ce risque, une contamination peut se produire en cas de contact avec les lésions qui ne sont pas couvertes par ce moyen contraceptif.

Si vous êtes porteur de l’herpès génital, il est important d’en parler avec votre partenaire.  

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« Le risque de contamination est particulièrement élevé en présence de lésions herpétiques. Il diminue quand les lésions sont résorbées. Il est alors vivement déconseillé d’avoir des rapports sexuels qui d’ailleurs seront particulièrement douloureux. La reprise des relations sexuelle ne peut être envisagée que lorsque les lésions seront complétement cicatrisées. Il importe alors d’utiliser un préservatif pour protéger votre partenaire », précise Dr Adam. 

Aussi, en cas de poussée d’herpès :

  • Après avoir touché les lésions, lavez-vous les mains et évitez tout contact avec d’autres parties de votre corps, notamment les yeux. Vous éviterez ainsi d’étendre le virus.

  • Ne partagez pas votre linge de toilette avec votre entourage.

  • En cas de bouton de fièvre labial, évitez tout contact buccal avec autrui et ne partagez aucun objet en contact avec votre salive. En cas de pratiques sexuels bucco-génitales, utilisez un préservatif.  

Comment traiter l’herpès génital ?

Si vous avez des doutes, le premier réflexe est de consulter votre médecin traitant ou votre gynécologue. L’herpès génital étant souvent asymptomatique, un dépistage sérologique (prise de sang) permet de révéler la présence d’anticorps spécifiques de HSV-1 et HSV-2. Si vous pensez avoir été contaminé récemment, il est préférable de renouveler ce test à 2 ou 3 semaines pour vérification. Ce dépistage permet en outre de déceler la présence ou de confirmer l’absence d’autres IST.  

En savoir plus sur la prise en charge de votre consultation chez le gynécologue.

En cas de symptômes, Dr Adam précise qu’«un examen clinique suffit pour diagnostiquer la présence d’un herpès génital. Et pour des symptômes plus atypiques (irritations, démangeaisons), il est possible de réaliser une recherche d’ADN viral par PCR (réaction de polymérisation en chaîne) en réalisant un prélèvement direct des vésicules ». Certains médecins préféreront réaliser un test rapide : l’immunofluorescence. Cette technique utilise un réactif qui devient fluorescent en présence du génome du HSV. Elle nécessite aussi un prélèvement biologique, par grattage des vésicules notamment. 

On ne guérit pas de l’herpès

« L’herpès est une infection latente dont on ne se débarrasse pas, confirme Dr Adam. Le traitement antiviral proposé permet de limiter la durée et l’intensité des symptômes » mais aussi, de réduire le nombre et la sévérité des vésicules ou encore, le temps de cicatrisation. Pour être efficace, vous devez prendre le traitement dès les premiers signes de la maladie. Proposé en cas de primo-infection ou de récurrences périodiques, ce traitement s’étale sur 3 à 10 jours. Il ne permet pas de stopper la survenue de futures poussées d’herpès.

Si vous pensez avoir un risque d’être contaminé(e) suite à un rapport, sexuel, ce traitement peut aussi vous être prescrit. Il est à prendre au plus vite afin d’atténuer les symptômes d’une primo-infection. 

Un traitement préventif envisageable

Dr Adam explique que « chez les personnes qui ont 6 poussées par an, un traitement prophylactique peut être mis en place. Selon certaines études, il peut l’être à partir de 4 poussées annuelles. Ce traitement quotidien permet d’éviter les récurrences et s’étale sur 6 à 12 mois, selon les cas. Là encore, le virus ne va pas disparaître mais il permet d’éviter les gênes occasionnées d’une poussée.  

Toujours pour les personnes qui ont souvent des poussées d’herpès, la Haute autorité de santé (HAS) conseille l’utilisation d’une crème à base d'aloe vera qui peut être appliquée sur les lésions. Les vertus de cette plante permettent la cicatrisation des lésions.  

Chez les patients qui font de la rétention urinaire, des crèmes anesthésiantes permettent d’apaiser localement la douleur et de soulager l’urètre (canal permettant de vider la vessie). »

Enfin, même si les recherches sont en cours, aujourd’hui, il n’existe pas de vaccin permettant de prévenir l’herpès génital.  

Quelques conseils pour limiter l’impact des poussées d’herpès

Les facteurs à l’origine des récurrences étant bien connus, il est possible d’adopter une hygiène de vie qui limitera le risque de survenue de nouvelle poussée d’herpès. Chouchoutez votre sommeil, pratiquez des activités physiques et relaxantes, comme la marche, le yoga, la méditation... Ces pratiques quotidiennes vous permettront de réduire votre stress. Évitez une exposition au soleil et la consommation de sucres raffinés (bonbons, soda, pâtisseries industrielles, etc.) qui affaiblissent le système immunitaire.

Vous pouvez enfin opter pour des solutions naturelles qui atténueront les potentiels symptômes. La lysine, présente dans la viande, le poisson, les œufs et les produits laitiers, contribue à réduire les risques de récurrence et la gravité des poussées d’herpès. La consommation d’oméga-3 (huile végétale, poissons, etc.) permet d’aider votre corps à lutter contre les virus. Les vitamines B9 et D ou le zinc contribuent au renforcement de votre système immunitaire. Si ces éléments existent en compléments alimentaires, vous pouvez également en bénéficier en adoptant une alimentation équilibrée, riches en vitamines et en oligo-éléments

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Le Docteur Marie-José Adam est chirurgien gynécologue.

Elle exerce à la clinique mutualiste de Saint-Étienne depuis fin 2021.  

Elle a suivi son internat et assistanat en gynécologie obstétrique au CHU de Rennes.

Depuis son installation à la clinique mutualiste, elle exerce une activité mixte, médicale et de chirurgie gynécologique : chirurgie oncologique pelvienne et mammaire, de pelvi-périnéologie et de chirurgie bénigne

Rédigé par : Dixxit

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