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Le bégaiement : comprendre et agir

En France, plus de 700.000 personnes sont bègues. Soit une personne sur 100. Le bégaiement est un trouble de la parole qui affecte la fluidité du langage et rend la communication difficile. Quels professionnels de santé consulter ? Quand et comment agir ? AÉSIO mutuelle vous répond.
Enfant qui essaye d'articuler

Le bégaiement, un trouble complexe de l’élocution

Sur le plan physique, le bégaiement est un problème de coordination entre la respiration, la production de la voix (phonation) et la prononciation des sons (articulation).

Le bégaiement est un trouble de la communication qui affecte la fluidité verbale. Il est caractérisé par des répétitions involontaires de syllabes, mais également par des prolongations de sons, des arrêts et des blocages sur un mot ou une syllabe.  

Ce trouble empêche une expression en continu, et nuit par conséquent beaucoup à la parole.

Les chercheurs en génétique et en neuro-imagerie ont confirmé que ce trouble correspond bien à des altérations dans les régions du cerveau liées au langage et à l’attention. Des facteurs autres tels que le stress, l’anxiété, un niveau d’exigence éducative trop élevé, ou encore des événements familiaux (deuil, divorce...) peuvent également jouer un rôle déclencheur.

Les impacts du bégaiement sur la vie sociale en font un véritable handicap, encore trop souvent mal compris. Ce trouble peut effectivement provoquer la gêne ou la peur pour celui qui en est affecté, les moqueries voire le rejet de la part des autres, et être à l’origine d’une profonde souffrance psychologique. 

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6 à 8% des Français seraient concernés par un trouble DYS, soit environ 1 enfant sur 10… C’est la raison pour laquelle AÉSIO mutuelle s’engage en liant des partenariats avec des structures permettant à ses adhérents d’accéder à un accompagnement adapté.

Qui peut être concerné ?

Selon l’Association parole bégaiement (APB), le bégaiement touche 5% des enfants, généralement entre l’âge de 2 et 5 ans, ou parfois, plus précocement aux alentours des 18 mois de l’enfant dès l’acquisition du langage.

Le bégaiement peut varier en intensité de léger à très important. Il est présent dans toutes les langues et tous les milieux socioéconomiques.

Les garçons sont 3 à 4 fois plus concernés par ce trouble.  

Dans quelques cas, le bégaiement apparaît tardivement (jusqu’à la puberté). À noter qu’un bégaiement qui survient après l’âge de 5 ans a plus de risques de persister à l’âge adulte

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Quels sont les symptômes clés du bégaiement ?

Des difficultés involontaires et incontrôlables de la parole poussent à fournir un effort supplémentaire sur l’articulation. Ce trouble de la parole empêche une expression orale libre et spontanée.

Les symptômes sont clairement perçus et incluent des blocages et des prolongations dans la parole, des pauses dans la respiration, des répétitions involontaires de syllabes ou de mots.

Le bégaiement peut être accompagné de manifestations d’effort, de tensions musculaires, de crispations, ou même de symptômes physiques comme des rougeurs et des sueurs.  

Quels professionnels de santé consulter ?

Dès qu’une inquiétude s’installe sur la fluidité de la parole, il est vivement conseillé de consulter un orthophoniste. Les orthophonistes sont les spécialistes qui peuvent vous informer, évaluer et intervenir sur les problématiques de la parole. À noter que le bégaiement et le bredouillement se distinguent principalement par le type de disfluences observées. Le bégaiement se caractérise par des répétitions de syllabes et des blocages, tandis que le bredouillement implique un débit de parole rapide et désordonné.

Si les phases de bégaiement deviennent plus fréquentes et plus intenses depuis plus de 6 mois, un traitement orthophonique régulier est nécessaire.

L’intervention du thérapeute permet de réagir de façon adaptée. 

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Quelles sont les thérapies pour surmonter le bégaiement ?

Selon l’âge, les démarches thérapeutiques sont différentes.

Le traitement des troubles du langage oral de votre enfant repose essentiellement sur la rééducation orthophonique, très souvent efficace et suffisante. D'autres professionnels de santé peuvent toutefois être associés pour les apprentissages, en fonction du type de trouble et de sa sévérité. 

Chez le jeune enfant, la prise en charge est essentiellement familiale, les parents sont au cœur du traitement développé par l’orthophoniste

Deux principaux types de traitements sont scientifiquement reconnus aujourd’hui :  

  • Le programme Lidcombe, qui vise à rendre la parole de votre enfant plus fluide grâce à des commentaires adéquats et positifs ;

  • Le programme Parent Child Interaction (PCI) basé sur le modèle des demandes et des capacités, qui vous amène à agir sur l’environnement de votre enfant de façon à améliorer la fluidité de sa parole. 

Chez les jeunes enfants, le bégaiement peut être transitoire, 75 à 90% des jeunes enfants retrouvent une parole fluide.

Votre participation est essentielle quel que soit le traitement envisagé. En plus du suivi thérapeutique, vous pouvez jouer un rôle clé en adoptant des comportements favorables, comme :

  • Ne pas souligner les répétitions de votre enfant ;

  • Ne pas s’impatienter si votre enfant répète les mots ;

  • Aider votre enfant à communiquer en lui parlant lentement et en prenant le temps de l’écouter ;

  • Éviter les situations stressantes.

La prise en charge en orthophonie a pour objectif de rendre la parole fluide à votre enfant. Les exercices se focalisent d’abord sur les mots, puis les phrases, et enfin sur la conversation dans sa globalité.

En général, le bégaiement se traite bien. Et cela, d’autant plus si l’intervention est précoce, à savoir avant l’âge de 4 ou 5 ans. Si vous intervenez précocement, le bégaiement disparaît spontanément dans 3 cas sur 4

Chez l’adolescent et l’adulte, l’expérience du bégaiement peut avoir des conséquences psychologiques : perte de confiance, culpabilité, anxiété, isolement…

Les thérapies peuvent être plus exigeantes. Elles ont évolué pour s’adapter à la complexité du trouble et traiter ses différentes dimensions : travail sur le débit, sur la respiration et la voix; travail sur les dysfonctionnements comportementaux et cognitifs liés au trouble ; gestion du stress, estime de soi, affirmation de soi.

En complément de la prise en charge orthophonique, les thérapies cognitivo- comportementales (schéma de la pensée) et la sophrologie peuvent également contribuer à gérer le stress et l’inconfort qui accompagnent le trouble de la parole.  

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Lorsqu’un bégaiement survient à la suite d’un événement traumatique, une approche psychologique, dirigée par un psychologue ou un psychiatre, peut être envisagée.  

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Les thérapies sont individuelles, le plus souvent hebdomadaires. Des groupes sont de plus en plus souvent proposés en parallèle, réguliers ou sous forme intensive (un à plusieurs jours).

Les objectifs de la prise en charge sont une confiance retrouvée qui vise à redonner une parole souple, fiable et spontanée même si des troubles persistent.

Sortir du bégaiement mobilise des processus de changement qui demandent du temps pour se mettre en place. Les personnes se sentant isolées dans leur souffrance ont la possibilité de se tourner vers des associations pour bénéficier d’écoute, de soutien et de conseils éclairés. 

Communiquer avec une personne qui bégaie

Il existe des attitudes et des adaptations simples qui peuvent favoriser l’interaction avec une personne qui bégaie : 

  • Être patient ;

  • Prendre le temps d'avoir un échange de qualité ;

  • Porter son attention sur le message ;

  • Maintenir le contact visuel de manière naturelle ;

  • Résister à la tentation de donner des conseils comme : « prends ton temps », « prends une grande respiration », etc. Ces messages ne font qu’ajouter au malaise ou à la frustration de la personne qui bégaie ;

  • Attendre la fin du message avant de parler et éviter de terminer les phrases de la personne ;

  • Éviter de faire semblant de comprendre si ce n’est pas le cas. 

Actuellement, les efforts de recherche vers le développement d’une variété de médicaments capables d’interagir avec les mécanismes de la dopamine à différents niveaux sont observés. L’objectif est d’explorer des traitements potentiels qui pourraient atténuer les symptômes du bégaiement en régulant cette hormone, et en offrant ainsi de nouvelles perspectives pour les personnes concernées. 

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Rédigé par : Pascale Milléquant

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