Le scorbut, une carence sévère en vitamine C
Quand le scorbut sévissait à bord : une menace pour les marins du XVIIIe siècle
Le scorbut, autrefois surnommé « la peste des marins », frappait principalement les équipages contraints de passer plusieurs mois en mer sans accès à des fruits et légumes frais, absents de leur alimentation faute de moyens de conservation adaptés. Par ailleurs, les aliments étaient souvent bouillis pour prolonger leur conservation, un mode de cuisson qui détruit la vitamine C, pourtant essentielle pour prévenir le scorbut. Le terme est dérivé de l’islandais skyrbjûgr, formé des mots skyr (lait caillé) et bjûgr (œdème).
Les vertus « anti-scorbutiques » des végétaux frais étaient pourtant connues dès le XVIe siècle, mais les conditions à bord interdisent leur embarquement sur de longues traversées. Il faut attendre la seconde moitié du XVIIIe siècle pour qu’une solution efficace soit formellement identifiée : les travaux du médecin écossais James Lind démontrent l’effet préventif des agrumes, en particulier les oranges et les citrons.
Selon Patrick Berche, le scorbut aurait tué plus de 2 millions de marins entre la première traversée de Christophe Colomb vers les Amériques et l’avènement des navires à vapeur au XIXe siècle.
La maladie continue de toucher certaines régions du monde et peut ressurgir épisodiquement dans des situations de précarité, au sein de camps de réfugiés par exemple.
Une maladie aux symptômes variés
Les effets d’une carence en vitamine C (acide ascorbique) se manifestent en quelques mois seulement et prennent des formes variées :
- Une fatigue intense, appelée asthénie, est souvent l’un des premiers signes du scorbut. Elle se manifeste par une sensation de faiblesse généralisée, touchant aussi bien les muscles que les articulations. À ce stade, le diagnostic reste difficile à poser, car ce type de fatigue peut être lié à de nombreuses autres pathologies.
- Le gonflement des gencives, associé à une coloration violacée et à des saignements spontanés, constitue en revanche un symptôme bien plus évocateur. Sans prise en charge adaptée, les dents peuvent se déchausser, puis tomber.
- La peau devient également sèche, rugueuse, et présente de petits reliefs autour des zones pileuses : c’est ce que l’on appelle l’hyperkératose folliculaire. Des ecchymoses peuvent apparaître sans choc et sans traumatisme, signe d’une fragilité vasculaire accrue.
- Des douleurs osseuses et articulaires sont fréquemment signalées, accentuant l’inconfort physique global des personnes atteintes.
- Les troubles psychologiques sont également fréquents, avec une irritabilité marquée, des sautes d’humeur ou un état dépressif.
- D’autres symptômes sont parfois rapportés : chute de cheveux (alopécie), œdèmes des membres inférieurs, troubles de la cicatrisation, saignements sous-cutanés ou de nez, présence de sang dans les urines ou les selles.
Certains signes peuvent facilement être confondus avec ceux d’autres pathologies, ce qui rend le diagnostic parfois plus difficile à établir.
Dépister et diagnostiquer un scorbut
Si le scorbut est devenu très rare dans les pays développés, la maladie connaît toutefois une recrudescence en France ces dernières années. Une étude publiée par l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) en décembre 20241 a notamment mis en évidence une augmentation des cas chez les enfants depuis la pandémie de Covid-19. Un diagnostic précoce reste essentiel pour limiter les risques de complications.
Un entretien mené par votre médecin traitant, ou le pédiatre, permet de déterminer les facteurs de risque potentiels de carence en vitamine C, tels qu’une alimentation déséquilibrée ou des conditions médicales limitant l’absorption des nutriments.
Un examen clinique complète cet entretien, avec la recherche de signes caractéristiques tels que le gonflement des gencives, les manifestations cutanées, les ecchymoses ou les œdèmes des membres inférieurs. Des radiographies complètent parfois le diagnostic, notamment chez les enfants : elles permettent de détecter des anomalies osseuses associées à cette maladie.
Des analyses sanguines mettent en évidence une carence éventuelle en vitamine C, et viennent confirmer une suspicion de scorbut. Une anémie est également recherchée, car elle est fréquemment associée à cette affection.
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Un traitement médicamenteux et des recommandations nutritionnelles
La supplémentation en vitamine C entraîne généralement une amélioration rapide de l’état de santé. Les saignements gingivaux et les ecchymoses régressent souvent en 24 à 48 heures. Les douleurs articulaires et la fatigue diminuent en quelques jours, tandis que la guérison complète peut nécessiter plusieurs semaines.
Une alimentation variée et équilibrée, riche en fruits et légumes frais, prévient efficacement l’apparition du scorbut. Les agrumes (oranges, citrons et pamplemousses), les fruits rouges (fraises, myrtilles et framboises), les kiwis, les poivrons, les brocolis, les choux de Bruxelles et les épinards sont particulièrement riches en acide ascorbique.
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