Cycle menstruel et sport : comment gérer les différentes périodes chez la sportive ?
Mise en place d’une étude expérimentale
Chez les femmes, les sécrétions d’hormones sexuelles changent sur un cycle d’environ 28 jours. Parmi ces hormones, les œstrogènes et la progestérone sont reconnues pour influer sur le cycle menstruel par leurs variations naturelles ayant des effets positifs ou négatifs sur la performance.
Conscient de ce phénomène et de l’importance de ce cycle, au même titre que d’autres facteurs comme la nutrition, Pierre-Hugues Igonin, a souhaité s’intéresser à son influence sur le corps de la sportive.
Son but : mieux le comprendre et mieux l’appréhender, pour optimiser le bien-être et les performances des joueuses qu’il côtoie quotidiennement.
Au cours des trois dernières années, nous nous sommes intéressés à mettre en place un protocole de recherche qui nous permet de déterminer si les hormones sexuelles féminines ont un impact sur la performance de nos joueuses. ”
Il ajoute : « En football, on n’est que deux à avoir travaillé dessus au niveau mondial : un allemand et nous ».
Identification et adaptation lors des différentes phases
Le corps est l’outil de travail des athlètes. C’est pourquoi, une meilleure connaissance de celui-ci et du cycle menstruel chez la femme permettent de maximiser les performances quelque soit le niveau de pratique.
Lors de son protocole, Pierre-Hugues a identifié et distingué 3 phases différentes :
- La période de menstruations (jour 0 à 5) : période compliquée où il est possible de ressentir une fatigue intense souvent liée au taux d’hormones (œstrogène et progestérone) qui baissent fortement. Il s’agit du moment où il est le plus bas du cycle.
- La période folliculaire (jour 6 à 12) : moment du cycle où l’on peut ressentir un sentiment de bien-être et où l’énergie et la motivation sont souvent au rendez-vous. On a tendance à vouloir se rajouter une charge d’entrainement. Cependant, il s’agit de la période où le risque de blessure est le plus important.
- La période lutéale (jour 17 à 28) : dernière phase pendant laquelle une prise de poids peut être observée. Il est conseillé d’être plus attentif à la nutrition que lors des précédents moments du cycle.
Pour Pierre-Hugues, il est important d’avoir une stratégie propre à chaque période du cycle menstruel, et à chaque joueuse.
« Le cycle entraine des variations qui sont vraiment propres à chaque joueuse. L’objectif est d’accompagner chacune en fonction de ses besoins et de privilégier le dialogue ».
La spécificité du cycle menstruel doit être prise en charge par rapport aux différences et aux implications physiologiques qui en découlent . ”
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Il précise : « Nous voulons avant tout éviter les risques de blessures ». Pour cela, « nous les accompagnons avec un travail préventif et nous leur proposons des outils pour gérer les aléas via l’alimentation, l’hydratation, le sommeil,… ».
Un suivi personnalisé est donc mis en place malgré les difficultés liées à la pratique d’un sport collectif comme le football où il est difficile de faire du cas par cas puisque les entraineurs doivent gérer avant tout un groupe.
« Au niveau de l’entrainement, le type d’exercice que l’on va pouvoir proposer peut-être influencé en fonction des différentes phases, mais tout peut - et doit - être fait à tout moment du cycle » rajoute-t-il.
Utilisation des outils spécifiques
Pour suivre l’évolution de chacune, l’encadrement du club utilise 2 applications de suivi :
Ces outils permettent d’adapter la séance à différents niveaux : les consignes, la charge, l’intensité et la récupération.
Selon Pierre-Hugues, quelques soient les outils utilisés, aucun n’est enclin à remplacer le dialogue « ces questionnaires ne doivent pas et ne remplaceront jamais le dialogue que l’on peut avoir avec les joueuses »
Au-delà de l’accompagnement réalisé avec les sportives de haut-niveau, il estime que toutes les femmes devraient être en capacité de connaître le rythme et les aléas de leur cycle pour mieux vivre leur quotidien.
Conseils pour adapter sa pratique à ses règles
1. être à l’écoute de son corps et gérer la charge d’entrainement.
2. privilégier une activité douce comme le footing, qui peut provoquer un sentiment de bien-être et diminuer le sentiment de douleur. Cependant, pas d’inquiétude ? aucun sport ou aucune pratique n'est à éviter lors des différentes phases du cycle.