Jeûne intermittent : est-ce bon pour ma santé ?
Le jeûne intermittent, un allié santé ?
Qu’est-ce que c’est ?
Vous avez probablement entendu parler du jeûne intermittent sur les réseaux sociaux, dans la presse ou par votre entourage. Très en vogue en ce moment, il n’en est pas moins discuté. « Il y a un effet de mode mais 5 ans avant, on parlait de ne pas sauter un repas. » Si certains vantent ses bienfaits pour le corps, d’autres le considèrent comme un stress pour l’organisme.
Mais avant de réfléchir sur la question, encore faut-il définir ce qu’est le jeûne intermittent. D’après le diététicien nutritionniste Mickael Dieleman :
D'après le diététicien nutritionniste Mickael Dieleman :
C’est une forme de jeûne. C’est le fait dans la journée d’alterner deux périodes : une sur laquelle on s’alimente et une sur laquelle on ne s’alimente pas. ”
Pourquoi faire un jeûne intermittent ?
Le jeûne intermittent se pratique depuis longtemps, la raison initiale étant par tradition religieuse. Mais avec le temps, nous avons découvert d’autres bienfaits à ce type de jeûne. Mickael Dieleman nous explique que « quand vous mangez, la majorité de l’énergie que vous allez consommer va être dans la sphère digestive. C’est d’ailleurs pour ça que vous ne pouvez pas faire du sport après. C’est pourquoi on part du principe que jeûner nous permet de faire bénéficier à notre organisme d’un certain temps pendant lequel il va pouvoir se régénérer ».
Le jeûne aide les cellules à se reconstruire, active l'autophagie (mécanisme de protection et de recyclage d'éléments cellulaires indésirables ou endommagés) et le processus de nettoyage du corps.
Une autre raison de faire un jeûne intermittent peut être le désir de perdre du poids. En effet, lorsque l'organisme est privé de nourriture pendant un laps de temps relativement long (plus de 12 heures) le niveau d'insuline baisse dans le sang et la sécrétion de l'hormone de croissance augmente. Des acides gras sont alors libérés dans le sang entraînant une perte de la masse graisseuse.
Cependant, il ne s’agit pas seulement de sauter un repas. Pour que le jeûne intermittent ait vraiment des effets positifs, « il y a une condition : il faut que vous mangiez bien sur les autres repas, il faut qu’ils soient qualitatifs. »
Quelle méthode choisir ?
Il existe différentes façons de pratiquer le jeûne intermittent. « Il y a quelques alternatives possibles en termes d’horaire mais il faut trouver ce qui convient le mieux pour vous » :
« vous ne pouvez pas manger pas pendant 16 heures et mangez sur une période de 8 heures. »
« vous ne vous alimentez pas pendant 20 heures et vous alimentez sur 4 heures. »
vous vous limitez à 500-600 calories sur 2 jours de la semaine et le reste de la semaine, vous mangez normalement. « En général, quand ça dure plus longtemps qu’une journée, c’est 2-3 jours. Mais nous sommes sur des pratiques qui doivent rester très occasionnelles ».
Jeûne intermittent : y a-t-il des effets indésirables ?
Comme chaque variation du régime alimentaire, le jeûne intermittent n’a pas les mêmes effets sur la totalité des organismes. Tout le monde ne peut pas supporter de faire un jeûne. « Il faut quand même avoir un corps en capacité d’accepter sur un certain créneau horaire les besoins alimentaires d’une journée. Ça dépend du rythme de vie et des possibilités. »
En cas d’incompatibilité avec le rythme de vie
Chacun a un quotidien différent. Selon Mickael Dieleman, « les effets indésirables peuvent justement survenir si le jeûne intermittent est incompatible avec le rythme de vie. » (horaires de travail, temps de sommeil, disponibilité, activités sportives…). Ces effets peuvent être :
- Un état de somnolence ;
- Des difficultés d'endormissement ;
- Une déshydratation ;
- De l’irritabilité ;
- Une grande fatigue « pendant la période durant laquelle on ne mange pas ».
Si vous êtes habitué à sauter des repas ou à moins manger au quotidien, la mise en pratique du jeûne intermittent n’entraînera pas ou peu de fatigue. Alors que si vous mangez beaucoup et à heures fixes ne sautez jamais de repas, au contraire ça demandera un grand effort et votre corps subira forcément le choc de ce brusque changement dans le régime alimentaire.
« Il y a une base qui peut être intéressante pour certaines personnes, mais rien n’est universel, ce n’est pas une solution miracle pour tout le monde. Il faut surtout faire en sorte que ça convienne à chaque personne individuellement et que ce soit bien mis en pratique. »
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Une autre conséquence possible du jeûne intermittent peut être un effet contraire à celui parfois recherché : une prise de poids. En effet, si vous sautez certains repas, « il faut que les autres soient qualitatifs. Un corps qui n’a pas à manger va avoir tendance à stocker dès qu’il le pourra. ». Ce qui pourra vous aider, c’est de veiller à avoir une alimentation équilibrée et saine. Ainsi, il y a de grandes chances pour que vous perdiez du poids, tandis que si vous mangez moins et des repas non-qualitatifs, avec des aliments riches en graisses et en sucres, votre corps stockera ces mauvaises graisses en prévision d’une autre période de jeûne.
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Plus un produit alimentaire est simple, meilleur est son impact sur la santé. Boissons énergisantes, nuggets à base de volaille ou de poisson, soupes de légumes déshydratés… Pour tous ces aliments où les entreprises agro-alimentaires ont recours de manière régulière à des additifs, il est important de s’interroger sur ce que nous mettons dans notre assiette !
En cas de contre-indication :
Certaines personnes ne doivent surtout pas opter pour le jeûne intermittent en raison de leur état de santé.
Par exemple, si vous êtes atteint de diabète, Mickael Dieleman explique que « le diabète de type 1 est un diabète insulino-dépendant, notre corps ne sécrète alors plus d’insuline. Le type 2 est plus lié à l’alimentation. À force de manger mal, notre corps développe une insulino-résistance et le taux de sucre monte. Lorsqu’on parle d’un diabète de type 1 le jeûne intermittent est clairement contre-indiqué, car il requiert d’amener régulièrement de l’insuline, notamment sous forme de piqûres. Or, si on ne mange pas et qu’on emmène de l’insuline, on risque de créer une hypoglycémie, ce qui est dangereux. »
De même pour le type 2, il faut faire attention, car le risque d’hypoglycémie est lui aussi présent en raison des antidiabétiques oraux. « C’est du cas par cas, une personne qui a un diabète de type 2 avec une bonne alimentation pourquoi pas… mais sous étroite surveillance médicale. »
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Si vous êtes atteint de maladies de la sphère digestive (maladie de Crohn etc…), il faudra aussi vous montrer très vigilant vis-à-vis du jeûne intermittent « car quand on jeûne, notre apport calorique va se retrouver en 2-3 repas, au lieu de 3-4 avec une possible surcharge du système digestif, même si encore une fois c’est du cas par cas ».
En soi, le jeûne intermittent ne constitue donc pas un risque, à la condition que sa mise en place soit compatible avec votre état de santé et votre rythme de vie.
Comment garantir son efficacité ?
Soyez régulier
Tout d’abord, il n’y a pas de bonne méthode ou de méthode plus performante qu’une autre. D’après Mickael Dieleman « la meilleure forme c’est surtout celle qui convient à la personne ».
En ce qui concerne la fréquence, « c’est vrai qu’on a intérêt à le pratiquer avec régularité. C’est ce que je recommande à mes patients : on ne s’amuse pas à se dire ̏tiens du lundi au vendredi je ne mange pas le matin et le week-end je remange le matin˝. Le corps, ce qu’il n’a pas mangé la semaine, il a tendance à le stocker le week-end. Donc soit je continue de jeûner, soit je déduis ce que j’ai mangé le matin de ma journée mais du coup ce ne sera plus un jeûne. C’est toujours plus simple en ce qui concerne la praticité d’être régulier et ça donne de meilleurs résultats. »
Cependant, la régularité n’est pas une nécessité absolue, l’essentiel c’est que vous écoutiez votre corps. « À l’intérieur de cette régularité, il faut surtout que ça vous convienne en termes de besoins alimentaires et de rythme de vie. L’efficacité est donc propre à chaque personne en fonction des objectifs et de la fréquence. »
Attention ! Pratiquer le jeûne intermittent avec régularité signifie s’arrêter de manger sur certaines périodes, mais certainement pas de boire. Veillez toujours à bien vous hydrater sur la journée avec de l'eau, du thé ou des tisanes.
Adaptez votre rythme
Nous traversons tous des périodes où nous pouvons être plus ou moins en forme, faut-il que vous arrêtiez votre jeûne intermittent quitte à rompre votre régularité ? En vérité, ça dépend de chacun. « Par exemple pendant les menstruations, les femmes sont souvent plus fatiguées, il y a des douleurs, des envies de manger plus fortes. Tout est alors une question d’individualisation, il faut que ça convienne à la personne. ».
Certaines femmes n’auront aucun problème à tenir leur jeûne intermittent pendant leurs périodes tandis que d’autres ressentiront le besoin de l’arrêter. « Rien n’est figé, il n’y a aucune obligation dans le fait de pratiquer un jeûne intermittent ». Respectez votre corps et ses besoins.
De même l’âge n’est pas un critère discriminant. Vous pouvez décider de commencer un jeûne même à un âge avancé. « Ce n’est pas parce qu’une personne est plus âgée qu’un rythme de jeûne intermittent conviendra mieux qu’un autre, c’est plutôt la praticité, le quotidien. »
La notion de quotidien est ici très importante, car beaucoup pratiquent le jeûne intermittent sans même s’en rendre compte « Si un de mes patients vient me voir en me disant ̏je ne mange pas le matin˝, je lui dis que ce n’est pas grave tant qu’il mange bien lors des autres repas. C’est un jeûne intermittent mais je ne lui précise pas ».
Deux précautions à retenir
Vous avez décidé de commencer un jeûne intermittent ? Selon Mickael Dieleman, « vous mettez toutes les chances de votre côté » si vous appliquez ces 2 grands principes :
- « Vérifiez si en termes de rythme, c’est quelque chose qui pourrait convenir au niveau du confort, de la satiété, du quotidien, du travail, de la vie personnelle… » ;
- « Faites-vous accompagner par un professionnel de santé qui va permettre de vous lancer d’une manière progressive et en arrivant quand même à manger ce qu’il faut, à avoir tous les apports nutritionnels conseillés ».
Ce que j’en pense concrètement c’est que le jeûne intermittent c’est une façon d’appréhender l’alimentation qui peut être intéressante à la condition que ça convienne au patient ”