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Infarctus : reconnaissez les symptômes féminins

L’infarctus du myocarde est une destruction partielle du muscle cardiaque, qui touche aussi bien les hommes que les femmes, tout âge confondu. Mais saviez-vous qu’une femme qui fait une crise cardiaque n’a pas les mêmes symptômes qu’un homme ?
Jeune femme qui se tient le cœur, l'air fatigué

Faisons le point avec le Dr. Yves El Bèze, directeur médical de l’Institut Cœur Paris Centre.

Lorsqu’une femme fait un infarctus du myocarde (crise cardiaque), ses symptômes sont-ils différents de ceux d’un homme ?

Tout dépend de l’âge de la patiente. Avant la ménopause, une femme qui fait un infarctus du myocarde ressent, le plus souvent, des symptômes "typiques". Autrement dit : une douleur située au milieu du thorax, constrictive (impression de serrement), spontanée, durable et qui est souvent accompagnée de troubles digestifs.

Après la ménopause, les symptômes de crise cardiaque chez une femme sont plus complexes à interpréter, y compris par un médecin :

  • certaines peuvent ressentir des douleurs isolées à l’épaule assimilables à de l’arthrose ;
  • des maux digestifs (nausées, vomissements) qui seront attribués à l’existence d’un ulcère ou d’un reflux ;
  • les bouffées de chaleur ;
  • l’essoufflement ;
  • la fatigue liés aux petits efforts de la vie quotidienne sont également des signes d’alertes.

Mais ces signes sont généralement mis sur le compte de l’avancée en âge…

Cœur et rythme cardiaque, fond vert

Plusieurs études ont montré que l’infarctus est moins bien diagnostiqué chez les femmes que les hommes. Est-ce lié à cette différence de symptômes ?

En partie. Un médecin sera plus sensible au risque d’infarctus chez un homme que chez une femme (à profil cardiovasculaire et à situation équivalente), ar les femmes restent victimes de l’idée selon laquelle leur cœur est protégé par leurs hormones (les œstrogènes). Ce qui est vrai avant la ménopause.
Toutefois, l’association de la pilule et du tabac augmente le risque d’infarctus du myocarde et d’accident vasculaire cérébral.

Une femme qui fait une crise cardiaque sera prise en charge en moyenne 1 heure plus tard qu’un homme !

Dans un premier temps, il est essentiel de sensibiliser les femmes qui présentent des facteurs de risque cardiovasculaire : fumeuses, stressées, hypertendues, diabétiques ou dyslipidémiques (c’est-à-dire une concentration trop élevée de lipides dans le sang, ou en surpoids). ”

Dr. Yves EL BEZE directeur médical de l’Institut Cœur Paris Centre (ICPC)

Quelles sont les conséquences d’un mauvais diagnostic, ou d’un diagnostic tardif dans le cadre d’un infarctus du myocarde ?

Un diagnostic précoce permet aux patients de recevoir un traitement adapté le plus vite possible, idéalement dans les 3 premières heures. L’objectif est d’éviter que l’infarctus s’étende et de limiter ses complications immédiates : troubles du rythme cardiaque, décès…

Par ailleurs, une étude anglo-suédoise a récemment mis en évidence qu’après un infarctus, les femmes sont moins bien suivies que les hommes. À titre d’exemple, le traitement classique "bétabloquants, statines, aspirine" est beaucoup moins prescrit aux femmes qu’aux hommes après une crise cardiaque.
Là encore, recevoir les soins adaptés permet d’éviter les complications à moyen et long terme, au premier rang desquelles le risque de récidive.

Les maladies cardiovasculaires sont responsables de 8 fois plus de décès chez les femmes que le cancer du sein et constituent la 1ère cause de décès chez les femmes en France.

Comment lutter contre ces inégalités ?

Dans un premier temps, il est essentiel de sensibiliser les femmes qui présentent des facteurs de risque cardiovasculaire (fumeuses, stressées, hypertendues, diabétiques, dyslipidémiques, c’est-à-dire une concentration trop élevée de lipides dans le sang, ou en surpoids). Si elles ressentent les symptômes mentionnés plus haut, elles doivent consulter un cardiologue pour réaliser un bilan et une évaluation.

Ensuite, surtout en ce qui concerne la prise en charge post-infarctus, il est nécessaire que les médecins analysent leur pratique. L’enjeu ? Comprendre d’où proviennent les inégalités de prise en charge pour mieux y remédier.

Quelles sont les règles d'or en matière de prévention des maladies cardiovasculaires ?

Loan Vo Duy, co-présidente de la commission Cœur de Femmes de la Fédération Française de Cardiologie, & le Dr. Catherine Monpère ont accepté de répondre à nos questions sur les risques de maladies cardiovasculaires chez les femmes : spécificités, symptômes, facteurs de risques, ou encore récidives.

Découvrez nos Questions/Réponses sur ce sujet important.

 

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Rédigé par : Yasmine KHIZRANE