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Le diabète, un risque vasculaire accru chez la femme

À l’occasion de la Journée mondiale du diabète, le 14 novembre, AÉSIO mutuelle donne la parole au professeur Jean-Daniel Lalau, du CHU Amiens-Picardie, pour aborder les risques associés à cette maladie chronique.

En première instance, nous pourrions penser que le diabète est plus fréquent chez la femme que chez l’homme parce que le diabète est souvent associé à une obésité, plus fréquente chez la femme.

En réalité, la femme développe le diabète de type 2 à un niveau de poids plus élevé que chez l’homme.

La femme et les manifestations du diabète

Le diabète ne se manifeste pas différemment chez la femme, comparativement à l’homme. Dans tous les cas, il ne se manifeste – avec des signes cliniques : uriner souvent et avoir soif en particulier – que quand la glycémie est vraiment élevée, à plus de 2,5 g/l de sang. À savoir qu’une personne est déjà considérée comme diabétique à partir de 1,26 g/l.

Quand la glycémie est élevée, certaines personnes peuvent présenter une mycose génitale, plus fréquente chez la femme, pour des raisons anatomiques évidentes (avec à la clé un risque de vulvo-vaginite).

© Pr. Jean-Daniel Lalau

Quelles sont les idées reçues, au sujet du diabète, chez la femme ?

On ne peut pas parler véritablement d’idées reçues. En revanche, il est possible d’identifier une représentation erronée du sujet, à savoir que le risque vasculaire est prédominant chez les hommes, les femmes, elles, étant protégées « par leurs hormones » (et donc jusqu’à la ménopause).

Le danger ? Minimiser cette problématique chez la femme. Pour preuve, le sort de la femme a été moins bien étudié que celui de l’homme dans les études de prévention cardiovasculaire, études qui ont montré que les femmes faisaient moins souvent l’objet d’une protection vasculaire. Une certaine discrimination par conséquent !
Or, il se trouve que l’écart d’événements vasculaires entre les sexes est moindre quand il y a un diabète (sans doute parce que le pourcentage de masse adipeuse est plus élevé chez la femme).

Y a-t-il une fragilité particulière, à certaines périodes de la vie de la femme ?

Assurément oui. Si l’on peut prendre du poids à tout âge de la vie, et révéler alors un diabète, il y a des périodes à risque à cet égard :

- au début de la vie de couple, où l’on peut vivre avec un peu d’insouciance… L’équilibre alimentaire peut alors être mis un peu de côté ;

- au cours des grossesses : la vie est sans doute plus fatigante, les femmes ont nécessairement moins de temps pour elles, notamment pour pratiquer une activité physique ;

- à la ménopause, tout au moins quand elle est mal supportée, physiquement ou psychiquement (la prise de poids n’est sinon pas inéluctable);

- enfin, après le départ des enfants de la maison, un départ qui peut être assez mal vécu par les parents, en particulier par la mère.

Est-il possible de prévenir la survenance du diabète chez la femme ?

Oui, précisément en faisant attention à l’évolution de son poids, lors des périodes à risque évoquées ci-dessus, ainsi que dans les cas d’antécédent personnel de diabète gestationnel et familial de diabète : la prise de poids vient alors révéler un diabète latent, à l’instar d’une face jusqu’alors cachée de l’iceberg.

Femmes & diabète : les risques associés à la maladie