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Quelle est la différence entre l'ESS et la RSE ?

La responsabilité sociale ou responsabilité sociétale d’entreprise (RSE) et l’économie sociale et solidaire (ESS) sont souvent confondues ou mal distinguées.
Les experts AÉSIO vous détaillent les différences.
Homme en tenue visible jaune, travaille sur une machine de tri de vaisselle

© photo Globelet Reusable on Unsplash

 

ESS et RSE : mieux les comprendre pour mieux les différencier

♦  Définition de l’ESS

Le concept d'économie sociale et solidaire (ESS) désigne un ensemble d'entreprises organisées sous forme de coopératives, mutuelles, associations ou fondations, dont le fonctionnement interne et les activités sont fondés sur un principe de solidarité et d'utilité sociale.
Ces entreprises adoptent des modes de gestion démocratiques et participatifs. Elles encadrent strictement l'utilisation des bénéfices qu'elles réalisent : le profit individuel est proscrit et les résultats sont réinvestis.

♦  Définition de la RSE

La RSE c'est la contribution des entreprises aux enjeux du développement durable. Prendre en compte sa RSE – sa Responsabilité Sociétale en tant qu’Entreprise – est une démarche pouvant être menée par toutes les entreprises, quelles que soient leur forme juridique ou leur secteur d’activité. Elles intègrent ainsi les préoccupations sociales et environnementales à leurs activités commerciales.
Une entreprise déployant une politique RSE va donc chercher à avoir un impact positif sur la société tout en étant économiquement viable.

En résumé, l’ESS est un modèle entrepreneurial, inscrit dans les statuts de l’entreprise, qui ne peut être revendiqué que par les sociétés appliquant scrupuleusement ses principes (utilité sociale, démocratie, non-lucrativité…).

La RSE est, elle, une démarche volontaire, pouvant être menée par toutes les entreprises quelles que soient leur forme juridique ou leur secteur d’activité, dont le but est de servir les objectifs de développement durable.

ESS et RSE répondent l'un et l'autre à des enjeux principaux proches et complémentaires.

—  Les particularités de l’ESS

L’ESS regroupe des acteurs aux statuts juridiques très divers : fondations, associations, mutuelles et entreprises sociales en font partie. Ils sont présents sur l’ensemble du territoire. Ils se caractérisent par la mise en place d’une gouvernance participative. Ils appliquent également une limitation des salaires et l’investissement des bénéfices dans la structure. Toutes ces conditions leur permettent de se revendiquer de l’économie sociale et solidaire.

Les structures ESS poursuivent un objectif social ou environnemental à travers leur projet d’entreprise et leur cœur de métier. Ce n’est pas une contrainte pour déployer une démarche RSE.

Quelques exemples

  • Le label Emmaüs, une marketplace de vente d’objets issus du réemploi ou du commerce équitable
  • Railcoop, une coopérative qui développe des lignes de chemin de fer
  • Acta Vista qui permet à des personnes sans qualification de participer à la restauration du patrimoine historique
  • Cocci N’Roule qui offre des loisirs aux personnes touchées par les neurofibromatoses et à leur famille
  • Le Refuge, qui propose un hébergement temporaire et un accompagnement aux jeunes qui subissent des actes LGBT-phobiques

—  Les spécificités de la RSE

La responsabilité sociale de l’entreprise formalise l’engagement de l’entreprise en faveur du développement durable.

Les dirigeants, en concertation avec leurs parties prenantes (salariés, adhérents, partenaires…) adoptent une conduite visant à réduire les effets négatifs des pratiques de l’organisation et maximiser son impact positif, tant d’un point de vue social, sociétal, qu’environnemental :

  • réduction des émissions de gaz à effet de serre, des déchets ou de la consommation des énergies,
  • plan de déplacements des collaborateurs,
  • santé et qualité de vie au travail pour tous les salariés,
  • égalité homme-femme,
  • inclusion et non-discrimination,
  • favoriser l’emploi des jeunes et des seniors…

Pour tous ces sujets, il s’agit d'aller au-delà de ce que la loi prévoit. Grâce à une politique RSE formalisée, l'entreprise se montre plus éthique.

Quelques exemples tirés du classement Reputation Institute :

  • Lego, qui investit 400 millions $ pour son développement durable et solidaire, qui se traduit par le remplacement des sachets plastiques, par des sachets en papier recyclable issus de forêts durablement gérées.
  • The Walt Disney Company, qui applique un engagement en faveur de la diversité et de l’inclusion sur son site français.
  • Rolex, qui finance les projets visant à sauvegarder et préserver une planète perpétuelle.

Qu’est-ce que l’économie sociale ?

Quelle complémentarité entre l’ESS et la RSE ?

La responsabilité sociétale des entreprises et l’économie sociale et solidaire partagent des points communs : politique sociale, innovation des organisations et développement durable… Autant de démarches complémentaires qui permettent à l’ESS et la RSE de trouver des points d’ententes.

Les législations évoluent, incitant chaque acteur, quel que soit son statut juridique, son secteur d’activité et son mode de gouvernance, à se soucier de son impact et de ses performances écologiques.
Depuis la Loi Pacte 2019, les sociétés privées peuvent choisir de changer de statut et opter pour celui des "sociétés à mission". Cette forme juridique s’inspire en partie des considérations RSE et du mode de gouvernance, ainsi que du fonctionnement politique et économique des entreprises de l’ESS.

Vers un cadre plus contraint pour la RSE ?

La responsabilité sociale et environnementale s'applique de façon volontaire : ainsi une entreprise peut mener sa démarche RSE de manière minimaliste avec des actions à impact limité, ou au contraire très poussée, en cherchant à transformer profondément son organisation.

En pratique, chaque entreprise est libre de choisir le contenu de sa politique RSE mais elle doit en rendre compte chaque année dans un rapport publié sur son site internet.

→ voir la Déclaration de Performance Extra-Financière d'AÉSIO mutuelle

Pour guider leurs engagements, les entreprises peuvent puiser librement dans les textes et règlementations en matière de RSE, au niveau national et international. Ces derniers offrent des cadres préétablis performants à partir desquels il est possible d’analyser et de mesurer l’impact obtenu.
Dans les années à venir, il est probable que les politiques publiques encouragent les acteurs du secteur public et privé à développer une démarche RSE moins hétérogène.

Il s’agirait en somme de suivre ce qui a été fait pour l’ESS : un cadre législatif strict qui s’applique à tous, sans exception. Libre à chaque entreprise sociale de faire plus, mais elle partage avec toutes les autres un socle commun.

La politique RSE d'AÉSIO mutuelle

Les outils RSE au service de l’ESS, et vice-versa

Une des grandes difficultés de l’ESS tient en sa capacité à produire des mesures précises de ses actions. Les normes et barèmes RSE utilisés par les entreprises pourraient justement représenter des outils pertinents pour évaluer, avec fiabilité, l’impact des entreprises sociales et solidaires.

En contrepartie, les principes de l’ESS et l’engouement autour de nouveaux modèles économiques invitent les entreprises à repenser leur business modèle. En s’inspirant des acteurs de l’ESS, il est tout à fait possible d’entreprendre une activité plus résiliente.
Reste à mettre l’utilité sociale au premier plan, preuve de la transformation progressive des mentalités.