#À vos côtés

Temps de lecture estimé : 5 MINUTES

Qu’est-ce qui distingue une ESS du "Social Business" ?

Une entreprise sociale et solidaire (ESS) et le Social Business sont deux types de structures caractérisées par leur objectif social ou environnemental. Derrière cette similitude apparente se cachent de vraies différences, parfois subtiles.
Les experts AÉSIO vous éclairent sur ces deux concepts pour ne pas les confondre.
Sacs plastiques qui flottent dans l'eau à côté de poissons - Indonésie

© photo Naja Bertolt Jensen on Unsplash

Entreprises de l’ESS ou Social Business ? L'amalgame entre ces deux démarches d’entreprise provient de l’absence d’une définition uniforme du Social Business, qui recouvre une grande variété de contextes dont les entités commerciales.

Retour sur les critères d’une entreprise sociale et solidaire

Une entreprise sociale regroupe des acteurs qui partagent un fonctionnement et des valeurs similaires. Elle fait partie de l’économie sociale et solidaire (ESS) au même titre qu’une association, une mutuelle ou une coopérative.

Pour rappel, la Loi du 31 juillet 2014 fixe 3 principes clés :

  • une finalité sociale ou environnementale
  • une gouvernance démocratique et participative
  • la limitation de la lucrativité

L’accès au statut d’entreprise sociale est conditionné par le respect de ces trois critères spécifiques. Après quoi, elle se charge d’assurer sa rentabilité avec ses services et prestations, comme toute entreprise. Elle a intérêt à ne pas forcément dépendre de financements extérieurs pour se développer.

Les enjeux d’une entreprise de l'ESS

La création d'une entreprise sociale et solidaire demande autant de formalités qu’une entreprise classique : un simple enregistrement auprès du Registre National du Commerce et des Sociétés suffit. En revanche, la viabilité d’un projet ESS porte sur plusieurs enjeux moteurs de toute création de projet ESS :

  • l’utilité sociale est tout aussi importante que la rentabilité financière
  • les bénéfices sont prioritairement réinvestis dans l’activité pour favoriser la création de nouveaux emplois
  • les bénéfices non réinvestis peuvent être redistribués directement, ou indirectement par une baisse des prix des prestations, aux parties prenantes que sont les sociétaires, les adhérents ou les salariés
  • les salaires sont plafonnés
  • le mode de gouvernance empêche que le pouvoir soit concentré entre les mains du seul entrepreneur social.
     

Qu’est-ce que le "Social Business" ? 

L’usage du terme de "Social Business" revient à Muhammad Yunus, Prix Nobel de la paix et lui-même entrepreneur.
Il définit une entreprise privée, comme :

  • créée dans le but d’apporter une solution concrète à un problème sociétal ou environnemental qui concerne tous les publics,
  • sans actionnaires et sans versement de dividende,
  • réinvestissant les bénéfices dans d'autres projets à impact social positif par le biais d’investissements responsables.

Le Social Business est également fortement associé au développement de solutions utilisant des technologies innovantes.

En France, on peut citer :

SIA Habitat à Roubaix qui développe des habitats connectés pour les personnes âgées ;
Véolia qui, associée à Grameen Bank (Muhammad Yunus), mène des actions de dépollution de l’eau au Bangladesh.

© par World Economic Forum - Flickr Muhammad Yunus - Davos 2012 CC BY-SA 2.0

Les différences entre le Social Business et l’entreprise sociale et solidaire

Si les entreprises sociales et les entreprises Social Business portent toutes les deux un engagement fort dans l’utilité sociale, elles fonctionnent différemment sur 3 points :

  • le mode de gouvernance
  • la dynamique économique et financière
  • les formes d’innovation dans l’activité de l’entreprise

Entrepreneuriat : les différentes formes de structures de l'ESS

Pourquoi une confusion entre ESS et Social Business ?

La confusion avec l’ESS vient des messages du Social Business qui jouent avec les codes de l’économie sociale.

    Au quotidien, une entreprise de type "Social Business" se distingue facilement d’une entreprise de l’ESS :

    • pas de gouvernance démocratique
    • une vision de l’entrepreneuriat plus libérale avec des objectifs financiers visant à faire progresser son profit
    • les salaires ne sont pas plafonnés
    • importance de la figure de l’entrepreneur : sa vision et son individualité sont incarnées par son entreprise
    • une stratégie d’investissement s’appuyant sur les fonds d’investissements et autres organismes financiers

    Les spécificités du statut d’entreprise de l’économie sociale et solidaire, qui sont propres à l'agrément ESUS, sont mal connues du grand public. Elles s’appuient sur des investissements à impact social et sur des réseaux de solidarité. Et au niveau légal, elles sont soumises aux critères définis par la loi sur l’ESS, à la loi Pacte et pour certaines à l’agrément ESUS.

    Le Social Business, quant à lui, ressemble à une version revisitée et plus éthique de la startup. Les entreprises montrent un intérêt pour le développement durable et de l’économie à impact. Cependant, leur communication autour de leurs actions à vocation sociale peinent à masquer leurs objectifs commerciaux.
     

    La confusion avec l’ESS vient des messages du Social Business, qui jouent avec les codes de l’économie sociale.