Nos conseils pour savourer les fêtes de fin d’année quand on est diabétique
AÉSIO mutuelle a interrogé le professeur en nutrition Jean-Daniel Lalau.
Le diabète, une "épidémie silencieuse" qui gagne du terrain
Le diabète est une maladie chronique caractérisée par la présence d’un excès de sucre dans le sang appelé hyperglycémie. Vous êtes considéré comme diabétique lorsque votre taux de glycémie à jeun est égal ou supérieur à 1,26 g/l ou 7 mmol/l de sang lors de deux dosages successifs.
La difficulté de cette maladie est que ses symptômes ne sont pas facilement repérables. Il est possible de vivre avec pendant plusieurs années sans le savoir. Pourtant plus tôt nous nous savons touchés, plus vite nous pouvons empêcher la maladie d’évoluer. Vous voulez en savoir plus sur le diabète ?
Vous voulez en savoir plus sur le diabète ?
Le diabète en quelques chiffres
- 1e pandémie de maladie non contagieuse dans le monde
- D'après l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), le nombre de diabétiques de type 2 dans le monde est passé de 108 à 422 millions entre 1980 et 2014
- 1 français sur 10 est atteint du diabète en 2021
- En France en 2016, plus de 3,3 millions de personnes étaient traitées pour un diabète, soit 5% de la population
- Le nombre de cas de diabète de type 2 augmente régulièrement en France
- 92% des diabétiques ont un diabète de type 2
Conseils pour bien vivre avec le diabète en période de fêtes
Interview du Professeur Jean-Daniel Lalau, spécialiste en nutrition
Difficile, quand on est diabétique, de résister face à toutes ces sucreries, surtout lorsque les autres membres de votre famille n’ont pas à se poser les mêmes questions !
Nous avons interrogé le Professeur Jean-Daniel Lalau, chef du service d'endocrinologie-diabétologie-nutrition au CHU d’Amiens, pour vous proposer des solutions et parvenir à vivre plus sereinement cette période festive.
AÉSIO mutuelle - Cette période de l’année de fêtes est relativement compliquée à vivre pour les diabétiques, il y a des desserts partout. Les chocolats de noël, la bûche…
Que conseilleriez-vous à ces personnes pour aborder les fêtes sereinement ?
Pr. Jean-Daniel Lalau - Cette période est effectivement difficile pour nombre de personnes atteintes de maladie chronique, dont les personnes diabétiques, les personnes obèses, les personnes qui ne sont pas obèses mais qui doivent éviter de prendre du poids ; pire encore, pour les personnes dialysées. Chez ces dernières, des écarts alimentaires peuvent même être mortels (notamment par excès de potassium), tandis que dans le diabète, le risque est tout de même bien moindre, en l’occurrence un déséquilibre glycémique. Il faut donc relativiser les choses.
Surtout, il faut relativiser les choses dans le temps : ce qui est important, c’est le bon équilibre le plus clair de l’année. Et ce n’est grave qu’il y ait un peu de déséquilibre pendant une période festive. ”
Ce qui serait grave, socialement et affectivement, c’est de se sentir exclu des bons moments. Surtout dans le contexte de la pandémie actuel où les personnes obèses et diabétiques (les deux états sont souvent associés dans le diabète de type 2) ont été pointées du doigt, eu égard à leur risque - effectivement - élevé. Elles ont même pu se sentir stigmatisées.
Y a-t-il des précautions à prendre pour les diabétiques qui partent chez des proches pour passer Noël ou le nouvel an ?
J.D. L. - Oui, une importante : surveiller la glycémie (au doigt) à la suite des repas riches ou sucrés, quand il n’est pas possible de les éviter. Tout est possible du moment que l’on s’assure des conséquences, et que l’on peut parer à tout déséquilibre. C’est quoi le problème, en définitive, d’une hyperglycémie importante après l’omelette norvégienne, si l’on peut faire une petite injection d’insuline rapide au coup par coup chez le sujet insuliné ? Si l’on peut faire une bonne marche après, chez le sujet atteint de diabète de type 2, une marche qui peut abaisser fortement et rapidement la glycémie ?
Il y aussi des précautions à prendre chez les proches : ne pas trop sermonner son parent diabétique, surtout le parent âgé, tant qu’il y a le filet de sécurité avec la surveillance glycémique. Le diabétologue, de son côté, se contrefiche qu’il y ait une hyperglycémie assez importante si elle est fugace. Chez le sujet âgé, après l’heure, ce n’est plus l’heure : ce n’est plus au sujet âgé de s’adapter au diabète ; c’est aux soignants et aux proches d’adapter le diabète au sujet vieillissant. Surtout quand il s’agit d’un diabète développé sur le tard.
Y a-t-il une tolérance possible en période de fêtes ? Si oui, quel est le maximum à ne pas dépasser ?
J.D. L. - Il n’y a aucun seuil, sinon celui de participer aux fêtes ; aucun "maximum". Et je ne parlerai pas en termes de "tolérance", dans un sens négatif, s’agissant de ce qu’il faudrait limiter. Je renverserai plutôt les choses en termes de positivité : en faisant la promotion de ce qu’il est possible de vivre et avec plaisir, avec la promotion des bons aliments et des bons plats qui ne sont pas nécessairement riches ou sucrés, la promotion du plaisir de partager ensemble.
À cet égard, je ne suis pas d’accord avec cette pseudo libéralité : « Vous avez le droit à un extra » car cet extra renvoie au fait de devoir se serrer la ceinture tout le reste du temps. Nous parlons d’équilibre glycémique, mais nous ne traitons pas que des chiffres ; il est aussi question d’équilibre de vie, et donc au fil du temps et des circonstances !
Vos conseils s’appliquent-ils aux deux types de diabète ?
J.D. L. - Oui, bien sûr, mais différemment :
Dans le diabète de type 1, on peut anticiper les effets sur la glycémie en majorant sa dose d’insuline rapide avant tel ou tel repas. Si on ne sait pas trop ce que l’on va manger, quand on est invité ; on peut très bien faire une compensation dans l’après-coup, toujours avec de l’insuline rapide.
Dans le diabète de type 2, qui est donc fortement lié au poids, les plats de luxe ne sont pas nécessairement riches : par exemple des bons fruits de mer en entrée ; une volaille non grasse ensuite avec un peu de féculent et beaucoup de légumes cuits, riches en fibres qui jouent un rôle d’amortisseur important sur la glycémie (en ralentissant la vidange de l’estomac) ; un chèvre frais (non gras) et des fruits exotiques, enfin, lesquels ont moins d’effet hyperglycémiant au terme d’un repas complet qu’en collation.
Existe-t-il des alternatives aux desserts sucrés ? Avez-vous des recommandations de recettes ou aliments à privilégier pour remplacer les desserts et éviter la frustration ? Une idée de recette ?
J.D. L. - Il faut déjà jouer sur le goût sucré, car certains aliments sont sucrés au goût, sans être forcément riches en sucre. Mais il est vrai qu’ils sont peu disponibles en période de fêtes, ou alors peu "responsables" écologiquement : c’est le cas, par exemple, des fraises et du melon.
Pour les fêtes, le plus simple est de réaliser le dessert que l’on aime et de faire usage des succédanés du sucre. Non pas en enlevant le sucre tout court, mais en enlevant l’excès de sucre, ce qui n’est pas la même chose.
AÉSIO mutuelle : Peut-on agir en prévention pour éviter de devenir diabétique ? Quels sont les facteurs de risque ?
J.D. L. - Oui, mais là, pour le coup, c’est le sujet des 350 jours restant dans l’année !
La prévention est surtout exercée par la prévention de la prise de poids, laquelle est un facteur de risque majeur de révéler un diabète de type 2, de loin le plus fréquent.
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Source : ameli.fr