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SOPK : de quoi s’agit-il ?

Prise de poids, cycles menstruels irréguliers, acné, pilosité importante… le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) est un dérèglement hormonal qui touche 1 femme sur 10 en France. Pour nous en parler, nous avons rencontré Ophélie, présidente de l’association Asso’SOPK.

A 15 ans, Ophélie n’a ses règles qu’une à deux fois par an, ressent des douleurs pelviennes intenses et de la fatigue, sa pilosité et son acné sont importantes, et ses tentatives de perdre du poids ne fonctionnent pas. Un nom est alors mis sur tous ses symptômes : le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK). 

Qu’est-ce que le syndrome des ovaires polykystiques ? 

Une pathologie gynéco-endocrinienne aux nombreux symptômes

Aussi appelé syndrome de Stein-Leventhal, le syndrome des ovaires polykystiques est une pathologie gynéco-endocrinienne qui entraine des variations hormonales, dont la production excessive d’hormones androgènes comme la testostérone.

Ses symptômes sont nombreux et contraignants au quotidien :

  • Règles irrégulières ou totalement absentes, 
  • Hirsutisme (pilosité importante), 
  • Prise de poids,
  • Fatigue intense, 
  • Troubles du sommeil,
  • Chute de cheveux,
  •  Douleurs pelviennes et musculaires, 
  • Résistance à l’insuline,
  • Anxiété, dépression, sautes d’humeur,
  • Estime de soi mise à mal…
     

Il y a une grosse culpabilisation sur les femmes qui ont le SOPK, mais c’est le SOPK qui vous fait prendre du poids et non le poids qui vous donne le SOPK. ”

Ophélie Co-présidente de Asso’SOPK
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Le cas de la résistance à l’insuline

Chez 70 % des patientes qui ont le SOPK, on retrouve une résistance à l’insuline, l’hormone qui redirige le sucre vers les cellules pour les nourrir ou faire des stocks d’énergie.

Or, s’il y a « résistance à l’insuline », vos cellules ne fonctionnent pas correctement : le sucre continue d’augmenter dans le sang ce qui amène le pancréas à créer encore plus d’insuline. Cette insuline en excès est alors à l’origine d’une prise de poids, un facteur de développement du diabète de type 2, mais aussi de la production de testostérone qui contribue à l’hyperandrogénie (acné, chute de cheveux, pilosité excessive…). 

Si vous pensez être dans cette situation, une prise de sang devrait permettre d’analyser vos taux d’insuline et de constater une hyperglycémie.   

Bon à savoir : on parle « d’ovaires polykystiques » car les premiers médecins à avoir découvert le syndrome pensaient avoir trouvé des kystes sur les ovaires. Il s’agit en réalité de follicules qui ne se sont pas développés.  

Des conséquences sur le long terme

L’une des difficultés principales du SOPK réside dans le fait qu’il existe peu de professionnels pleinement formés à détecter et à suivre les patientes qui en sont touchées, mais aussi d’une certaine minimisation des symptômes.

Pour Ophélie, « les professionnels voient le syndrome comme un amas de symptômes sans réelles conséquences. » Pourtant, au-delà de l’aspect gynécologique, il y a un aspect endocrinien qui n’est pas négligeable : « c’est une pathologie qui est multirisques et qui peut être évolutive si elle n’est pas traitée. » 

Quelles sont alors les évolutions possibles du SOPK ? 

Le SOPK n’est pas à prendre à la légère et un suivi régulier auprès de professionnels de santé est conseillé. 

Des causes du SOPK encore floues

Si les origines précises du SOPK sont encore inconnues, on sait aujourd’hui qu’elles pourraient être ovariennes et/ou centrales (au niveau du cerveau) avec des causes multifactorielles : génétiques (les antécédents familiaux seraient un risque de 30 % supplémentaire d’avoir un SOPK), épigénétiques* et environnementales (les perturbateurs endocriniens par exemple).

Des études sont en cours pour identifier l’origine du dysfonctionnement endocrinien du SOPK. L’hypothèse principale ? La présence de troubles in utero qui seraient transmis de la femme enceinte atteinte d’un SOPK à son enfant, par une hormone appelée « antimüllérienne ». Celle-ci joue un rôle dans la formation des organes sexuels des enfants à naitre et a été retrouvée à des taux anormalement élevés chez les femmes atteintes d’un SOPK.  

*L’épigénétique correspond à l’étude des changements de l’activité des gènes, c’est-à-dire comment les gènes vont être ou ne pas être utilisés par une cellule. 
 

Il y a tellement de paramètres qui entrent en compte : quand j’ai commencé à bien appréhender mon SOPK, je me suis rendu compte que je perdais du poids en m’alimentant plus qu’avant et en ayant des repas complets. Aujourd’hui, je découpe mes repas dans la journée et je mange des collations. ”

Ophélie

Diagnostic et errance médicale : les difficultés d’un syndrome encore méconnu

Les critères de diagnostic du SOPK

Selon le Consensus de Rotterdam, un des diagnostics existant en matière de SOPK, il faut présenter deux des trois critères suivants pour être diagnostiquée d’un SOPK :

  • Oligo-ovulation (manque de certaines ovulations) ou l’anovulation (absence d’ovulation totale), c’est-à-dire que les règles sont ponctuelles ou complètement absentes. 
  • Hyperandrogénie clinique (acné, pilosité, perte de cheveux) ou biologique (mesure de la dose de testostérone).
  • Aspect échographique d’ovaires polykystiques : des follicules immatures s’accumulent sans devenir ovocytes.

Comment savoir si vous avez le SOPK ? 

Un professionnel de santé (médecin, sage-femme, endocrinologue, gynécologue…) vous prescrit une prise de sang pour déterminer vos dosages hormonaux. Vous réalisez ensuite une échographie abdomino-pelvienne et/ou endovaginale pour constater la présence de follicules sur vos ovaires.

Le conseil d’Ophélie : « Les bilans prescrits aujourd’hui sont souvent incomplets. Le test HOMA, qui met en évidence la résistance à l’insuline avant l’apparition du diabète, est rarement prescrit, soit parce que le médecin n’est pas en mesure de le prescrire, soit parce qu’il n’en voit pas l’intérêt. Celui-ci permettrait pourtant un meilleur suivi médical, alimentaire, sportif… ».  

Le rôle de la pilule contraceptive dans le retard de diagnostic 

Les symptômes du SOPK apparaissent souvent à l’adolescence, lors de la puberté : règles irrégulières, acné, forte pilosité… Pour réguler ces symptômes, voire les faire complètement disparaître, la pilule contraceptive est souvent prescrite, sans pour autant poser le diagnostic de SOPK. 

Pour celles dont le diagnostic SOPK est posé et la pilule contraceptive prescrite, un conseil revient régulièrement : revenir consulter un professionnel quand le désir d’enfant se fera sentir. 

En quoi l’utilisation de la pilule contraceptive est-elle problématique dans ce type de cas ? 

Les symptômes du SOPK ne disparaissent pas avec la pilule mais sont simplement mis en pause. 
À l’arrêt de la pilule, souvent au moment où les patientes souhaitent tomber enceintes, elles retrouvent les symptômes pré-pilule et découvrent un trouble de la fertilité qui les empêche de concevoir sans traitement. 

La pilule est ainsi l’une des raisons du retard de diagnostic SOPK qui est, en moyenne, posé après 7 ans d’errance médicale.  

Asso’SOPK est née de cette errance médicale, de ces femmes qui posaient des questions sur Facebook et qui n’avaient pas leurs réponses… On voulait se rapprocher du corps médical pour sensibiliser, mais aussi vulgariser le syndrome et porter la voix des patientes. ”

Ophélie Co-présidente de Asso’SOPK

Attention toutefois : la pilule peut aider les patientes qui ressentent des douleurs ou des complexes à cause de symptômes contraignants.

L’idée n’est pas de dire qu’il ne faut pas prendre la pilule, mais qu’il faut aussi s’intéresser aux moyens de réduire les symptômes sur le long terme. 

Renseignez-vous auprès de votre médecin traitant.   

Quelle prise en charge du SOPK ?

Le SOPK est un syndrome aux multiples symptômes. Pour prendre en compte la pathologie dans son entièreté, il faut être suivie régulièrement par divers professionnels de santé dans les domaines tels que : médecine et médecines alternatives (endocrinologue, gynécologue, sage-femme, naturopathe, sophrologue, sexologue, ostéopathe, kiné…), alimentation (diététicien, nutritionniste), santé mentale (psychologue, psychiatre)…  

Vous souhaitez prendre rendez-vous avec un spécialiste ? Découvrez quelles médecines alternatives sont prises en charge par AÉSIO mutuelle. 

Si le SOPK est un syndrome et que le terme de « maladie » ne peut pas être employé pour en parler, de plus en plus de professionnels de santé l’utilisent pourtant. Alors, quels seraient les avantages à être considéré comme « maladie » ?

En plus de permettre une meilleure prise en charge par la Sécurité sociale, cela permettrait aux professionnels de santé d’être mieux formés à la détection et à suivre leurs patientes. 

Aujourd’hui, la méconnaissance du syndrome peut être décourageante pour les patientes qui cherchent à mettre un nom sur leurs symptômes.  

Je me mets à la place d’une jeune femme qui va découvrir une pathologie où on lui dira ‘‘Vous n’aurez pas d’enfants, vous avez des kystes sur les ovaires. ’’ La première fois que j’en ai parlé à mon médecin, il a tapé mes symptômes sur internet... Il y a un vrai manque de formation. ”

Ophélie

Existe-t-il un traitement au SOPK ?

S’il n’existe pas de traitement pour « guérir » du syndrome, il est possible de trouver des traitements symptomatiques, c’est-à-dire qui permettent de diminuer ou de « mettre en pause » certains de ses symptômes. En plus de la pilule contraceptive, il existe : 

  • L’Androcur est un médicament anti-androgène car il fait diminuer les taux de testostérone et donc la présence de poils sur le corps. Il est toutefois surveillé de près car il peut être à l’origine d’effets secondaires comme le développement de tumeurs au cerveau.
  • L’épilation laser : une prise en charge partielle de la Sécurité sociale permet d’avoir accès à des séances d’épilation au laser sur certaines zones (visage et cou, dos, torse, ventre) si l’hirsutisme est prouvé. 

Quelles autres solutions pour atténuer les symptômes ? 

Améliorer son hygiène de vie

Pour Ophélie comme pour les professionnels de santé, la clé pour atténuer les symptômes du SOPK réside dans une amélioration générale de l’hygiène de vie : alimentation, sport, santé mentale (sommeil, stress, anxiété…). 

Pour les patientes en surpoids ou en obésité , perdre 10 % de leur poids initial permettrait de réduire les effets de l’hyperandrogénie, d’avoir des cycles menstruels plus réguliers mais aussi d’agir sur leur fertilité. Pour celles dont l’indice de masse corporel est dans la norme, la perte de poids n’a pas d’incidence sur le syndrome et il n’est pas conseillé de perdre 10 % de leur poids initial.    

C’est culpabilisant parce que ça semble être la solution à tout, mais c’est une réalité. ”

Ophélie

Ainsi, une hygiène de vie améliorée stabilisera la glycémie des patientes. 
Si vous avez le SOPK, dormez 8h par jour, évitez le sucre raffiné et privilégiez les protéines, fibres et « bons » gras dans votre alimentation. Des professionnels s’intéressent particulièrement au SOPK et pourront vous accompagner.

Se remettre au sport

Pour reprendre le sport, Ophélie s’est intéressée à une prise en charge par un kinésithérapeute : « Je désirais reprendre le sport mais je ne savais pas comment m’y prendre, je n’aimais pas aller en salle de sport car je me retrouvais souvent peu accompagnée. J’ai découvert que dans pas mal de villes il existe des services « Activité pour tous » qui sont organisés par les kinés. Il est aussi possible d’aller dans un centre de kiné avec une ordonnance. Étirements, cardio, renforcement musculaire… Le kiné s’adapte à mon corps et à moi. » 

Comme Ophélie, les patientes touchées par le SOPK doivent pratiquer une activité physique régulière pour atténuer leurs symptômes. Choisissez un sport qui vous plaît, marchez régulièrement ou essayez la natation… Il existe forcément une activité pour vous !
 

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L’association Asso’SOPK

Créée en mai 2021, l’association Asso’SOPK a pour objectif d’informer et de sensibiliser les patientes et leurs familles, mais aussi les professionnels de santé. 

En travaillant main dans la main avec des médecins de différents domaines (généraliste, diététicien, kinésithérapeute…), l’association cherche à participer à une meilleure reconnaissance de la pathologie et à éviter aux patientes l’errance médicale.

Rendez-vous sur https://www.asso-sopk.com/ pour en savoir plus !