Vélo club de Tournus

AÉSIO mutuelle poursuit son engagement local dans le sport santé et se mobilise pour le développement du sport au féminin. Partenaires depuis cette année (2022), AÉSIO mutuelle s’est engagée auprès du Vélo club Tournus, et notamment auprès de leur course du Grand Prix Chardonnay, qui a la particularité d’être exclusivement féminine.


Découvrez l’interview de Margaux Pompanon, originaire de Givry en Bourgogne et diplômée d’un DE de Masso-Kinésithérapie depuis Juin 2021. Cycliste professionnelle depuis 2022 au sein de l’équipe St Michel Auber et licenciée adhérente au Vélo Club Tournus, elle a décidé de se consacrer entièrement à sa passion, et nous explique son rapport avec le sport au féminin.

Comment le sport est entré dans votre vie ?

Je fais partie d’une famille de sportifs. Depuis petite j’ai toujours fait du sport : du vélo, de la course à pied et de l’équitation. J’ai commencé par le VTT en compétition avant d’arrêter en 2012 pour ne faire plus que de l’équitation. J’ai repris le vélo-route après mon année de médecine et j’ai renoué avec la compétition en 2018/2019. 

Le Vélo club Tournus est-il un club pro ou amateur ? Quelles sont les particularités du club ?

Le VCT est un club amateur. C’est un club familial, local, dynamique et pluridisciplinaire. Il y a une section jeune, une section VTT, une équipe de Nationale 3 chez les hommes, et une grande volonté de développer le cyclisme féminin.  

Quelle est la différence entre une équipe féminine, mixte, et masculine ?

Le cyclisme est une discipline particulière pour nous les femmes. A haut niveau, elle se court exclusivement de manière « féminine », avec des pelotons amateurs ou professionnels féminins, composés d’équipes 100% féminines. 

Cependant, au niveau régional, il n’y a pas toujours de courses féminines d’organisées (et bien souvent pas assez de filles pour créer une course exclusivement féminine). C’est pourquoi, nous sommes parfois amenées à courir avec les garçons.

Quel est l’intérêt pour une femme de s’inscrire dans un club féminin plutôt que mixte ?

Pour évoluer au niveau national en tant que cycliste féminine, il est essentiel de trouver une équipe féminine car les courses ne sont pas mixtes. Ensuite, il faut savoir que la majorité des clubs de vélo affiliés à la FFC (fédération française de cyclisme) sont mixtes, étant donné que nous pouvons tous être licenciés (homme ou femme). Certains clubs créent des collectifs de haut niveau homme ou femme (division nationale).  

On peut tout à fait être une femme licenciée dans un club « lambda », mais le risque est d’y être la seule licenciée femme, et donc un peu « isolée » dans un sport un peu « mec » notamment pour aller sur les compétitions féminines (qui sont souvent loin).
Pour ma part, j’ai fait le choix de prendre une licence en Bourgogne, et plus particulièrement au VCT pour les valeurs locales et de développement du cyclisme féminin dans ma région.

Comment conciliez-vous vie pro/vie perso/vie sportive ? Est-ce difficile ?

Vous avez arrêté votre vie professionnelle : pourquoi ? Une carrière sportive est plus courte qu’une carrière professionnelle : qu’avez-vous prévu ensuite ? La reconversion pro ne vous fait pas peur ?

Ces dernières années, ça n’a pas toujours été facile d’allier le vélo et les études. Ma formation de kiné sans aménagement possible, a été assez intense et coûteuse en temps et en énergie. Il faut dire aussi que le vélo est un sport particulièrement chronophage. Avec les entrainements, les déplacements, mes stages pro et les cours… Ce n’était pas de tout repos.

Lorsque j’ai commencé à travailler l’été dernier (et jusqu’en décembre 2021), c’était aussi un vrai défi : aménager son emploi du temps, ses patients, jongler avec le calendrier de course et l’effectif de l’équipe sur telle ou telle course, les déplacements, les aléas de transport, les retards, la fatigue….

Depuis janvier, j’ai mis entre parenthèse ma carrière de kinésithérapeute pour me consacrer au vélo car c’était juste impossible mentalement de tout gérer avec le passage chez les professionnelles. 
Cela m’a facilité la vie car je peux me déplacer sur des stages ou des compétitions sans avoir à trop m’organiser à l’avance. J’ai plus de temps pour moi pour m’entrainer, récupérer, me reposer…

Mais c’est un sacrifice au niveau du salaire, car à ce jour, mon équipe évolue en deuxième division (UCI Continentale), et il n’y a pas de minimum salarial obligatoire imposé par la fédération internationale. Tandis que pour la première division (UCI World Tour), il y a un salaire minimum, échelonné et ré-évalué progressivement. 

Cette évolution prend son cours avec le développement du sport féminin, cela se structure petit à petit. Mais à ce jour, il serait plus juste de dire que nous, cycliste de deuxième divison (UCI Continentale) nous sommes « semi-professionnelles ».

Ma reconversion ne me fait absolument pas peur étant donné que je suis diplômée. Je me remettrai quelques semaines dans le bain, referai quelques formations, et je serai lancée. Et qui plus est, avec l’expérience et les contacts que je vais acquérir au long de mon passage dans le monde cycliste pro ! 

Vous avez participé à l’organisation du Grand Prix du Chardonnay, en quoi cela fait sens pour vous ?

Quelle a été votre contribution ? Est-ce important qu’une femme participe également à l’organisation d’une course féminine ? Pourquoi ?

Organiser une épreuve cycliste féminine de gallon national, en Bourgogne, en Saône et Loire et en terre Tournusienne prend tout son sens quand on connait les ambitions du club à développer le cyclisme féminin dans la région. Cela a permis, je pense, de faire découvrir le haut niveau à certaines féminines du coin, à certains spectateurs également. Mais aussi de faire découvrir notre magnifique région à des cyclistes de la France entière.

Etant cycliste professionnelle avant tout, je n’ai pas pu m’engager à 200% dans l’organisation, j’ai surtout supervisé et épaulé Sebastien Barbey. J’ai apporté mon expérience en tant que cycliste femme, afin de trouver une date, et adapter certains points qui me paraissent essentiels à faire évoluer dans le cyclisme féminin. 

Je pense que le fait d’être une femme et qui plus est avec un peu d’expérience dans le milieu est assez intéressant dans le sens où c’est avant tout un sport masculin, avec des mœurs masculines assez rétrogrades. Ce n’est pas le tout de vouloir faire un « copier-coller » pour créer une course féminine. 

Les femmes ont leurs spécificités, et il y a certaines subtilités à ne pas négliger :  liées à la quantité de filles au départ, l’hétérogénéité, le calendrier de course, les questions d’intimité sur les parkings, la problématique des toilettes… Toutes ces choses auxquelles un homme ne pense pas forcement au premier abord…